© Gordon Pusnik / Shutterstock Vue aérienne d'une rivière sinueuse et d'arbres, dans le Nord-Ouest de l'Ontario

Restaurer les habitats

Découvrez comment le plan Régénérer le Canada du WWF renouvèlera et restaurera les habitats qui abritent des espèces menacées de disparition, tout en maintenant le carbone emmagasiné dans la nature.

Certaines populations d’espèces au Canada sont en déclin depuis des décennies. En 2020, le Rapport Planète vivante Canada du WWF-Canada a révélé des déclins spectaculaires dans les populations surveillées d’espèces en péril à travers le pays. Ces espèces sont aussi confrontées en moyenne à cinq menaces distinctes — de la pollution aux dérèglements climatiques en passant par le développement industriel.

Régénérer le Canada du WWF-Canada est un plan sur 10 ans qui vise à inverser la destruction des habitats en restaurant au moins un million d’hectares d’écosystèmes perdus ou dégradés d’ici 2030.

Nous concentrons nos efforts sur des zones prioritaires identifiées comme ayant le plus grand besoin — et le plus grand bénéfice potentiel — dans les domaines du rétablissement de la biodiversité et de la séquestration du carbone dans le sol et la végétation.

Continuez à lire pour en savoir plus sur la perte d’habitat et ses solutions. Ou encore, découvrez tout de suite comment le WWF-Canada travaille déjà à l’atteinte de nos objectifs ambitieux.

Qu’arrive-t-il quand l’habitat disparait?

Les habitats sont les milieux où les espèces vivent, trouvent leur nourriture et élèvent leurs petits. Mais chaque fois qu’un milieux humide est asséché, qu’une ville s’étend sur la campagne ou qu’un projet industriel pénètre dans une zone naturelle, ces habitats sont menacés. Les dérèglements climatiques peuvent exacerber et accélérer ces pertes.

Prenez le cas du monarque, ce papillon bienaimé est en voie de disparition. Chaque automne, les monarques entament un incroyable périple de 4000 à 5000 km, du sud du Canada jusqu’à leurs sites d’hivernage dans les forêts montagneuses du Mexique. Au fil des ans, les populations des monarques ont diminué en raison de la déforestation, des dérèglements climatiques qui perturbent leur migration et de la disparition des plantes indigènes qui leur servent de nourriture le long de leur parcours migratoire.

Ou considérez le saumon atlantique, également classifié comme en voie de disparition par la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Après des années de perturbations de son habitat, dues en partie à la construction de moulins et de barrages qui ont bloqué l’accès aux frayères, cette espèce a vu ses effectifs chuter à des niveaux historiquement bas.

Ces effets néfastes des activités humaines ne peuvent pas être entièrement éliminés. Mais il est possible de les atténuer, de les minimiser et même de les inverser. C’est là que la restauration entre en jeu.

Saumon rouge frayant dans le ruisseau Corbold, un affluent de la rivière Upper Pitt, dans le centre sud de la Colombie-Britannique © Joshua Ostroff / WWF-Canada Des saumons rouges nageant dans un ruisseau d’eau claire durant leur frai de la fin de l’été en Colombie-Britannique.

À quoi ressemble la restauration?

Il n’existe pas d’approche standard pour la restauration des habitats. Chaque cas nécessite des recherches approfondies et une évaluation minutieuse des menaces. Il faut reconnaitre la valeur des solutions traditionnelles et innovantes. Et il faut travailler sur des projets à grande et à petite échelle, depuis nos plus grandes villes jusqu’aux régions les plus reculées du Canada.

Il faut également travailler avec des partenaires de toutes sortes : les collectivités locales et autochtones, l’industrie et le gouvernement. Qu’il s’agisse de planter des arbres, de protéger des rivages ou de rétablir des voies de migration, la restauration est l’une des tâches les plus difficiles et les plus importantes que nous ayons à accomplir.

Comment le WWF-Canada restaure-t-il des habitats?

D’ici à 2030, le WWF-Canada restaurera au moins un million d’hectares d’habitats naturels.

Voici comment :

Bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick © Jessica Currie/WWF-Canada

Identifier les plus grandes menaces et les régions prioritaires

Face à la multiplication des menaces pesant sur les espèces, il devient de plus en plus difficile de décider comment répartir les efforts de conservation. C’est là qu’entre en jeu la Gestion des menaces prioritaires (GMP).

Outil de conservation novateur, la GMP réunit des expert.e.s locaux.ales et des collectivités. Ces intervenant.e.s collaborent pour identifier les menaces et les stratégies de conservation, y compris la restauration. La GMP permet de focaliser sur les efforts les plus rentables qui profiteront au plus grand nombre d’espèces; ainsi on tire le meilleur parti des fonds limités alloués à la conservation.

En 2019, le WWF-Canada s’est associé à des scientifiques de l’Université de la Colombie-Britannique pour lancer notre première évaluation GMP, dans le bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. La région abrite près de 50 espèces menacées d’extinction. Parmi ces espèces : l’anguille d’Amérique, le saumon atlantique et la cicindèle des galets, une espèce que l’on ne trouve que dans cette région.

L’évaluation a trouvé que la plupart de ces espèces disparaitront si nous ne prenons pas des mesures urgentes. Elle a également identifié les mesures qui protègeraient le plus grand nombre d’espèces dans le cadre d’un budget donné.

En savoir plus sur la GMP.

En 2022, les chercheur.se.s du WWF-Canada ont posé la question suivante : Quelles sont les zones converties du Canada qui, une fois ramenées à leur état naturel, seraient le plus susceptibles de bénéficier à la fois aux espèces et au climat? L’analyse qui s’en est suivie a permis d’identifier, à l’échelle nationale, des régions prioritaires pour la restauration totalisant jusqu’à 3,9 millions d’hectares.

En savoir plus sur l’analyse de la restauration.

DFO engineer Jonathan Bulcock showing Katzie councillor Rick Bailey the intake valve from Boise Creek to the newly dug Boise Channel for spawning sockeye © Joshua Ostroff Two men in a forest looking at an intake valve beside a creek

Collaborer avec des communautés autochtones

Des études montrent que les terres gérées par les Autochtones présentent des niveaux de biodiversité parmi les plus élevés au Canada. Cela témoigne de l’extraordinaire gestion par les peuples autochtones. Il s’ensuit que nous devons soutenir leurs initiatives de conservation et en tirer des leçons.

Prenons l’exemple de la Première Nation Katzie en Colombie-Britannique, qui s’efforce de préserver les saumons de la rivière Upper Pitt. Pour le peuple Katzie, ces poissons sont bien plus que de la nourriture. « C’est quelque chose de sacré, déclare Rick Bailey, conseiller de Katzie. Ces poissons sont précieux pour nous. »

Le saumon est également une espèce essentielle dans le bassin versant du cours inférieur du fleuve Fraser, mais ses effectifs sont en forte baisse. Un glissement de terrain a obstrué le fleuve en 2019, ajoutant une pression supplémentaire sur une population déjà menacée.

C’est pourquoi le WWF-Canada et la Première Nation Katzie ont collaboré à un plan urgent — mené par la Première Nation — pour restaurer l’habitat de frai, éliminer les obstacles dans la rivière et rétablir les voies de migration naturelles du saumon.

Le succès de ce projet a donné lieu à un partenariat à long terme entre la Première Nation Katzie et le WWF-Canada. Ce partenariat s’occupe désormais des menaces à long terme qui pèsent sur le saumon : les coupes à blanc qui augmentent le risque d’éboulements futurs, les chemins forestiers qui perturbent les voies de frai historiques et les effets omniprésents des dérèglements climatiques, notamment le réchauffement des océans et les conditions météorologiques extrêmes.

En savoir plus sur la conservation menée par les Autochtones, ou explorer davantage la restauration de la rivière Pitt.

© Parallel Studios / WWF-Canada

Soutenir la restauration des forêts menée par les Autochtones

En Colombie-Britannique, à la suite de la saison d’incendies de forêt dévastatrice de 2017, la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS) a été fondée pour rétablir un écosystème plus équilibré pour les humains et les espèces grâce à la restauration forestière menée par les Autochtones. Depuis 2020, la SRSS a planté plus de 1,1 million d’arbres avec le soutien financier du WWF-Canada et de nos partenaires financiers, restaurant plus de 677 hectares d’écosystèmes forestiers touchés par les incendies de forêt.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA Shettleworth rooftop garden-Annex

Restaurer nos propres cours

Parfois la restauration des habitats commence chez soi — littéralement.

Le programme re:cultiver du WWF-Canada est votre guide étape par étape sur la culture des plantes indigènes afin de créer, restaurer et gérer des habitats pour les espèces tout en retirant du carbone de l’atmosphère.

Peu importe si vous avez un balcon d’appartement, une cour de banlieue ou une vaste propriété rurale :  le programme re:cultiver peut transformer n’importe quel espace extérieur en un habitat favorable aux espèces végétales et animales locales.

En savoir plus sur re:cultiver.

© Jesse Wyatt, compliments of SpruceLab Inc. seed orchard

Donner une longueur d’avance aux écosystèmes de demain

Tous les travaux de restauration d’écosystèmes complexes effectués par le WWF-Canada et nos partenaires dépendent d’un approvisionnement suffisant en plantes indigènes. C’est pour cela que nous soutenons la création de vergers de semences, où l’on cultive des semences indigènes destinées à la restauration dans tout le pays.

À ce jour, le WWF-Canada a soutenu 10 vergers de démonstration et 10 vergers de production à grande échelle, tous situés dans le sud de l’Ontario. Un seul de ces vergers peut produire jusqu’à 10 kg de semences par an (un kilogramme correspond à environ un million de semences).

Et si nous voulons atteindre notre objectif de restaurer un million d’hectares à l’échelle nationale d’ici à 2030, nous aurons besoin de toutes les semences possibles.

En savoir plus sur les vergers de semences.

© Kennebecasis Watershed Restoration Committee Native shrubs on the restored banks of a stream near Sussex, N.B.

Restaurer les écosystèmes

Les solutions climatiques basées sur la nature utilisent les forces propres à la nature pour capter et emmagasiner le carbone, ce qui aide à sauvegarder les espèces et à rendre les collectivités plus résilientes face à la crise climatique. Le Programme de subvention nature et climat du WWF-Canada, présenté en partenariat avec Aviva Canada, aide les groupes locaux et les communautés autochtones à restaurer des terres et des rivages dégradés.

En savoir plus sur ce programme.

Le « carbone bleu » fait référence aux écosystèmes aquatiques, des marais salés aux prairies marines. En plus de servir d’habitat aux espèces, ces écosystèmes piègent et séquestrent les gaz à effet de serre qui réchauffent la planète. Mais cette capacité à refroidir la planète – tout comme celle des écosystèmes terrestres – est menacée par la pollution, le développement côtier et les espèces envahissantes ou introduites.

Le WWF-Canada réunit des détenteur.rice.s de savoirs autochtones, des groupes communautaires, des scientifiques et d’autres intervenant.e.s afin d’améliorer notre compréhension de ces écosystèmes et d’élaborer et de tester de nouvelles mesures pour les restaurer et les protéger.

En savoir plus sur le carbone bleu et nos efforts pour le restaurer.