© Shutterstock birds on a rock

Le Rapport Planète vivante Canada 2020

Le rapport phare du WWF-Canada offre un aperçu de l’état de santé de la nature au pays et propose des solutions pour protéger et conserver les espèces.

Renverser la perte de biodiversité au Canada

Le Canada est reconnu aux quatre coins du monde pour ses écosystèmes riches et abondants. Les forêts, les toundras, la banquise, les bassins versants, les prairies et les zones marines et côtières du pays fournissent un habitat à quelque 1800 espèces indigènes de vertébrés. Le Canada a été identifié récemment comme deuxième pays au monde, derrière la Russie, en matière d’espaces naturels terrestres (particulièrement de la forêt boréale et de la toundra) et marins toujours intacts. Le Canada a donc une occasion et une responsabilité disproportionnées de protéger ces espaces terrestres et marins en fournissant un habitat important aux espèces sauvages, notamment à des espèces endémiques, indigènes et migratrices.

Malgré cela, le Canada compte maintenant des centaines d’espèces sauvages en péril. À défaut de prendre des mesures de conservation majeures, leur déclin risque de se poursuivre.

owls
© Shutterstock
« Il faut impérativement aborder la conservation avec une nouvelle approche, qui nous permet de répondre plus efficacement aux multiples menaces qui pèsent sur la biodiversité et les écosystèmes du canada, dont l’accélération de la crise climatique. »

 

 

État de la faune

Les populations d’espèces canadiennes évaluées comme étant en péril au pays par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) ont connu un déclin de 59 %, en moyenne, de 1970 à 2016.

Les espèces dont la conservation suscite des préoccupations à l’échelle mondiale, qui sont menacées de disparition selon la Liste rouge de l‘UICN, ont connu quant à elles un déclin de 42 %, en moyenne au Canada, de 1970 à 2016.

Les espèces en péril au Canada sont confrontées à cinq menaces en moyenne, dont la menace grandissante du dérèglement climatique.

Le Rapport Planète vivante Canada 2020 du WWF-Canada (RPVC) a analysé les tendances de populations d’espèces sauvages et révèle que les efforts de protection et de rétablissement des espèces vulnérables à l’échelle locale, provinciale et nationale ne suffisent pas.

Le Canada n’abrite pas seulement des espèces dont la conservation suscite des préoccupations à l’échelle nationale, mais également des espèces dont la conservation est importante à l’échelle mondiale. Ce déclin, chez nous, d’espèces dont la conservation est préoccupante à l’échelle mondiale amplifie notre responsabilité en vue de leur rétablissement.

 

Adopter différents systèmes de savoirs

L’adoption de mesures de conservation menées par des Autochtones est essentielle pour favoriser la réconciliation et renouveler nos relations avec les peuples des Premières Nations, Métis et Inuits qui protègent ces terres et ces eaux depuis des millénaires. Le soutien des savoirs, de la gouvernance, de la souveraineté et du leadership autochtones est crucial pour favoriser la réconciliation et la conservation à l’échelle du pays.

Afin de prendre en considération d’autres systèmes de savoirs importants dans l’élaboration du RPVC 2020, nous avons inclus des textes sur la situation d’espèces afin d’examiner plus en profondeur les tendances relatives aux espèces sauvages au Canada, dans la perspective de systèmes de savoirs autochtones et non autochtones. Il s’agit d’un pas de plus dans le cheminement du WWF-Canada vers un système appelé « voir avec deux yeux », qui consiste à voir d’un œil les points forts des savoirs autochtones et de l’autre, ceux des savoirs scientifiques.

© Andrew DuBois Western Tiger Salamander

Qu’est-ce que le Rapport Planète vivante?

Le Rapport Planète vivante est une publication phare du Fonds mondial pour la nature (WWF) qui paraît tous les deux ans et propose une étude exhaustive des tendances en matière de biodiversité mondiale et de la santé de la planète.

Le Rapport Planète vivante du Canada est la publication complémentaire du WWF-Canada. Publié pour la première fois en 2007, avec des éditions en 2017 et 2020, ce rapport donne un aperçu de l’état de santé de la nature au pays.

Espèces en péril au Canada

© Shutterstock Wood turtle

Tortue des bois

Statut selon le COSEPAC : Menacée
Liste rouge de l’UICN : En danger

La tortue des bois est une tortue d’eau douce semi-aquatique qui fréquente des habitats riverains (sur les berges des rivières) et des habitats terrestres. Puisqu’il s’agit d’une espèce longévive qui atteint tardivement sa maturité sexuelle, elle est vulnérable aux variations de populations. En conséquence, un taux de mortalité supérieur au taux naturel chez les adultes peut causer un déclin considérable des populations.

© Jürgen Freund / WWF Leatherback turtle (Dermochelys coriacea) underwater, Indonesia

Tortue luth

(Dermochelys coriacea)
Statut selon le COSEPAC : En voie de disparition
Liste rouge de l’UICN : Vulnérable

La principale menace pour la tortue luth, dans les eaux canadiennes, est la pêche accidentelle (prises accessoires). Cela signifie qu’elles sont accidentellement capturées ou empêtrées dans divers types d’engins de pêche. Le taux de mortalité de la tortue luth dans l’Atlantique canadien est estimé à plus de 20 %. Contrairement aux autres espèces de tortues, la tortue luth ne peut rétracter ni sa tête ni ses nageoires à l’intérieur de sa carapace, et elle n’est pas capable de nager à reculons. Elle ne peut donc pas se dégager par elle-même lorsqu’elle est empêtrée dans des engins de pêche.

© Shutterstock Collared Pika

Pica à collier

Statut selon le COSEPAC : Préoccupante
Liste rouge de l’UICN : Préoccupation mineure

Le pica à collier est un petit mammifère qui vit dans des zones alpines réparties de façon inégale au-dessus de la limite forestière. On trouve au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique plus de la moitié de la répartition mondiale de cette espèce (le reste se trouve en Alaska). Le pica à collier passe l’été à ramasser des plantes qu’il dispose en tas dans des cavités rocheuses pour son alimentation durant les mois d’hiver. Ainsi, le pica n’hiberne pas et il se tient au chaud durant l’hiver en mangeant les provisions de nourriture qu’il a accumulées.

© Fritz Pölking / WWF Walrus (Odobenus rosmarus)

Morse de l’Atlantique

Statut selon le COSEPAC : Préoccupante
Liste rouge de l’UICN : Quasi menacée

Le morse de l’Atlantique est un mammifère marin énorme, dont le poids est comparable à celui d’une minifourgonnette. Il joue un rôle majeur dans le réseau alimentaire, puisqu’il se nourrit de mollusques et d’autres animaux du fond de l’océan et que l’ours polaire se nourrit de sa carcasse. Plusieurs communautés autochtones dépendent en grande partie du morse comme source de nourriture. On s’attend à ce que le dérèglement climatique ait un effet négatif sur les populations.

© Shutterstock Burrowing Owl

Chevêche des terriers

Statut selon le COSEPAC : En voie de disparition
Liste rouge de l’UICN : Préoccupation mineure

La chevêche des terriers, qui niche dans des terriers abandonnés de petits mammifères comme des chiens de prairie, des spermophiles et des blaireaux, a été confrontée à la perte d’habitat et à la dégradation de ses prairies indigènes, des facteurs qui ont été accompagnés par un déclin des populations de petits mammifères et une baisse du nombre de terriers convenables. En plus de la perte d’habitats, des menaces nouvelles et émergentes accentuent le déclin des populations.

© BarrettMacKay / WWF-Canada North Atlantic right whale (Eubalaena glacialis) off Grand Manan Island, Bay of Fundy, New Brunswick, Canada.

Baleine noire de l’Atlantique Nord

Statut selon le COSEPAC : En voie de disparition
Liste rouge de l’UICN : En danger

La baleine noire de l’Atlantique Nord est un exemple de la façon dont des menaces en interaction, comme les effets indirects du dérèglement climatique, peuvent avoir une incidence négative sur l’abondance des populations d’une espèce. La baleine noire dépend fortement des copépodes (de minuscules crustacés) pour son alimentation, et elle les suit partout où ils sont en grande concentration. Dans ce cas-ci, de la baie de Fundy jusqu’au golfe du Saint-Laurent. Le problème est que les variations océanographiques causées par le dérèglement climatique ont entraîné le déplacement de baleines en péril dans une zone où, avant 2017, il n’y avait pas de mesures en place pour réduire les menaces comme les collisions avec les navires et l’empêtrement dans les engins de pêche.

Ce qui menace les espèces au Canada

« Les activités anthropiques ont considérablement modifié l’équilibre naturel des écosystèmes. »

Le succès du rétablissement des espèces en péril dépend de l’efficacité de l’atténuation des menaces, soit les facteurs responsables du déclin des populations.

Les espèces évaluées en péril par le COSEPAC subissent une multitude de pressions cumulatives. Ces espèces sont confrontées à cinq menaces en moyenne. En général, les amphibiens et les reptiles forment le groupe taxonomique confronté au plus grand nombre de menaces – sept en moyenne. Et 87 % des espèces étaient confrontées à plus d’une menace.

Types de menaces auxquelles sont confrontées les espèces au Canada et ailleurs dans le monde :

Surexploitation

Production d’énergie

Pollution

Dérèglement climatique

Espèces envahissantes et maladies

Perturbations humaines

Développement urbain

Transport

Événements géologiques

Activité agricole

Modification de systèmes

Il est peu probable que les mesures de conservation qui ne ciblent qu’une seule menace puissent freiner et renverser les déclins d’espèces, puisque les menaces sont souvent cumulatives ou synergiques et peuvent avoir des effets en cascade.

La marmotte de l’île de Vancouver est un spermophile que l’on trouve uniquement sur l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Il s’agit d’une espèce endémique, ce qui signifie qu’on ne la retrouve nulle part ailleurs dans le monde. Le Canada a ainsi l’entière responsabilité d’assurer sa survie. Sans efforts de conservation ciblés, l’espèce risque de disparaître, non seulement du Canada, mais du monde entier.
Tandis que la population mondiale de macareux moine (appelé également « perroquet de mer » en raison de son plumage noir et blanc et de son bec coloré) connaît un déclin général, la population canadienne a quant à elle augmenté depuis 1970. Ainsi, le Canada joue un rôle important pour assurer la persistance de la population mondiale.
Grâce à ses grands bois aplatis distinctifs, le caribou est l’une des espèces canadiennes les plus facilement reconnaissables, habitant dans les régions arctiques, boréales et montagneuses. Le caribou de la toundra est aussi le plus grand migrateur terrestre du monde entier, puisqu’il migre sur une plus grande distance que le gnou ou l’antilope du Serengeti. Malheureusement, leur population diminue de façon draconienne : jusqu’à plus de 90 % pour certaines hardes.
La seule population naturelle viable de grue blanche se reproduit aujourd’hui dans le parc national Wood Buffalo (PNWB), au Canada, et passe l’hiver dans la région du refuge faunique d’Aransas (Aransas National Wildlife Refuge – ANWR), au Texas. Au début du 20e siècle, la population avait chuté à 14 individus à peine, principalement en raison de la perte d’habitats. Sa situation démontre les avantages des aires protégées pour les populations d’espèces sauvages.
© Shutterstock Vancouver Island Marmot
© Shutterstock Atlantic Puffin
© Jeremy Harrison / WWF-Canada Caribou, Territoires du Nord-Ouest, Canada
© Shutterstock Whooping Crane
La marmotte de l’île de Vancouver est un spermophile que l’on trouve uniquement sur l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Il s’agit d’une espèce endémique, ce qui signifie qu’on ne la retrouve nulle part ailleurs dans le monde. Le Canada a ainsi l’entière responsabilité d’assurer sa survie. Sans efforts de conservation ciblés, l’espèce risque de disparaître, non seulement du Canada, mais du monde entier.
Tandis que la population mondiale de macareux moine (appelé également « perroquet de mer » en raison de son plumage noir et blanc et de son bec coloré) connaît un déclin général, la population canadienne a quant à elle augmenté depuis 1970. Ainsi, le Canada joue un rôle important pour assurer la persistance de la population mondiale.
Grâce à ses grands bois aplatis distinctifs, le caribou est l’une des espèces canadiennes les plus facilement reconnaissables, habitant dans les régions arctiques, boréales et montagneuses. Le caribou de la toundra est aussi le plus grand migrateur terrestre du monde entier, puisqu’il migre sur une plus grande distance que le gnou ou l’antilope du Serengeti. Malheureusement, leur population diminue de façon draconienne : jusqu’à plus de 90 % pour certaines hardes.
La seule population naturelle viable de grue blanche se reproduit aujourd’hui dans le parc national Wood Buffalo (PNWB), au Canada, et passe l’hiver dans la région du refuge faunique d’Aransas (Aransas National Wildlife Refuge – ANWR), au Texas. Au début du 20e siècle, la population avait chuté à 14 individus à peine, principalement en raison de la perte d’habitats. Sa situation démontre les avantages des aires protégées pour les populations d’espèces sauvages.

Solutions pour remédier à des menaces multiples

Les stratégies de conservation doivent regrouper des approches systématiques et à volets multiples qui s’attaquent à la fois à la perte de biodiversité et aux effets du dérèglement climatique. Une façon de procéder passe par des solutions climatiques basées sur la nature, comme la création d’aires protégées et la restauration d’écosystèmes, qui contribuent à freiner la disparition d’espèces en remédiant à plusieurs menaces à la biodiversité, tout en atténuant les effets du dérèglement climatique grâce à la séquestration de carbone dans les écosystèmes naturels.

Les conclusions du Rapport Planète vivante Canada 2020 du WWF-Canada démontrent la nécessité de prendre immédiatement des mesures ambitieuses. La prochaine décennie sera cruciale pour renverser la tendance catastrophique de la disparition de la biodiversité et des effets négatifs du dérèglement climatique. Le Canada peut, et doit, assumer le rôle de leader mondial en raffermissant ses objectifs et ses engagements au pays, et en montrant au monde entier la voie à suivre pour le bien-être de la nature et de l’humain.

Aidez-nous à freiner la disparition des espèces

Le rapport Planète vivante Canada a été rendu possible grâce au soutien de