Rorqual bleu plongeant avec un porte-conteneur en arrière-plan. © iStock Rorqual bleu plongeant avec un porte-conteneur en arrière-plan.

Atténuer les répercussions industrielles

Le plan Régénérer le Canada du WWF atténue les conséquences des activités industrielles sur les espèces et leurs habitats en travaillant avec les différentes industries pour mieux gérer le transport maritime, l’exploitation minière et la foresterie.

Les activités industrielles sont essentielles au bon fonctionnement de la société. Elles garnissent nos assiettes, fabriquent nos produits essentiels et acheminent personnes et marchandises dans le monde entier. Cependant, sans contrôles, ces activités menacent les espèces et les humains, y compris leurs habitats et leurs modes de vie.

Les répercussions des activités industrielles se font sentir dans l’environnement à tous les niveaux — terre, air et eau — et prennent diverses formes. Sur terre, les habitats des espèces sont dégradés par les activités associées à la foresterie et à l’exploitation minière; c’est le cas quand on construit des routes et des sentiers, ou quand on abat des arbres. Les cours d’eau sont affectés par la sédimentation causée par les routes et par les eaux de ruissèlement industrielles des installations de traitement (par exemple, usines de pâte et de papier, usines de traitement de minerai). Les navires sont source de pollution, qu’il s’agisse des rejets accidentels ou issus des activités de routine, ou encore du bruit sous-marin qui entrave la communication des mammifères marins. Ces facteurs de stress intensifient la double crise de la biodiversité et du climat, aggravant la menace qui pèse sur la planète.

Pour gérer ces effets nocifs, nous devons travailler ensemble. L’ambitieux plan sur 10 ans du WWF-Canada pour Régénérer le Canada vise à collaborer avec l’industrie, les gouvernements, les communautés autochtones et la société civile pour atténuer les effets sur les espèces et les habitats.

Continuez à lire pour en savoir plus sur les menaces industrielles, ou découvrez tout de suite ce que fait le WWF-Canada pour les gérer.

Comment l’industrie affecte-t-elle les espèces et les humains?

En 2020, le rapport Planète vivante Canada du WWF-Canada a constaté qu’en moyenne, cinq menaces pèsent sur les espèces classées en péril par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). La situation est encore pire pour certains groupes, comme les amphibiens et les reptiles, qui sont exposés en moyenne à sept menaces. Beaucoup de ces menaces sont de nature anthropique – c’est-à-dire, causées par des activités humaines qui entrainent la destruction ou la dégradation de la biodiversité. Citons le transport (par exemple, le transport maritime des marchandises), le tourisme (par exemple, les croisières, l’un des principaux facteurs de stress industriel dans les océans), l’exploitation minière et la surexploitation (par exemple, le déboisement et ses activités connexes telles que les routes, les lignes de transmission, les effluents industriels, la pollution et le dragage).

Les menaces et leurs effets sont rarement isolés. Ils sont souvent cumulatifs et en cascade. Une espèce qui risque de perdre son habitat à cause du déboisement peut également être confrontée aux perturbations et au bruit causés par la construction d’une ligne de transmission. De nombreuses espèces sont exposées à des facteurs de stress croissants, qu’ils soient naturels ou anthropiques. Il est donc impératif que les industries comprennent mieux leurs répercussions sur les espèces et les humains et prennent des mesures pour les atténuer et les gérer. Il nous faudra agir collectivement pour créer un monde où la nature et les humains vivent en harmonie. Continuez à lire pour en savoir plus sur le travail que fait le WWF-Canada pour aider à atténuer les répercussions industrielles.

© Shutterstock Shipping

Le transport maritime des marchandises

En matière de consommation de carburant et d’espace de chargement, le transport maritime est plus efficace que le transport aérien ou terrestre. Cependant, ce secteur reste une source importante de gaz à effet de serre (GES) et d’autres émissions qui nuisent au climat. En fait, si l’on compare les émissions du transport maritime mondial à celles de pays individuels, ce secteur serait le sixième des plus grands pollueurs. À l’échelle mondiale, le transport maritime produit près de 3 % des émissions totales de GES. En 2019, l’industrie maritime canadienne a ajouté 8 millions de tonnes de dioxyde de carbone à l’atmosphère. Déjà vaste, ce secteur devrait encore se développer, car la demande mondiale augmente. À moins que des contrôles ne soient mis en place, les répercussions du transport maritime pourraient causer de graves dommages écologiques.

Outre les émissions, les itinéraires des navires sont préoccupants, car ils chevauchent souvent des habitats marins essentiels. Cela augmente les risques de collisions avec les navires qui blessent ou même tuent des animaux. Le vrombissement des navires qui passent contribue à la pollution sonore sous-marine; en conséquence, il devient plus difficile pour les espèces de trouver de la nourriture, de s’accoupler, de communiquer et d’éviter les prédateurs. Les déversements accidentels et les rejets issus des activités de routine des navires ont des répercussions durables sur le milieu marin, aggravant la perte et la dégradation des habitats. En 2022, l’Évaluation nationale sur les rejets issus des navires du WWF-Canada a constaté que les navires génèrent annuellement 147 milliards de litres de rejets nocifs pendant qu’ils sont en eaux canadiennes — assez pour remplir 59 000 piscines olympiques tous les ans.

Ces facteurs de stress affectent également les importants écosystèmes côtiers, comme les herbiers marins et les marais salés, qu’on appelle le « carbone bleu » , qui jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat en absorbant et stockant le carbone. Les répercussions du transport maritime ne s’arrêtent pas au littoral. Les navires au port ou à proximité du littoral polluent l’air par leurs émissions de gaz d’échappement, nuisant à la santé et au bienêtre des collectivités et des espèces côtières.

© The Cosmonaut, CC BY-SA 2.5 CA, via Wikimedia Commons Mining qupmenty

L’exploitation minière

Souvent, l’exploitation minière a lieu sur des terres dont les peuples autochtones sont les gardiens, les détenteurs de droits et parfois les détenteurs de titres. C’est pourquoi il est impératif que ces peuples soient consultés et qu’ils aient un droit de refus pour tout projet de développement. Il s’agit du concept de consentement libre, préalable et éclairé (CLPE). Malheureusement, ce protocole n’a pas toujours été respecté. Pour une véritable réconciliation, les communautés autochtones doivent avoir leur mot à dire dans le processus décisionnel et recevoir leur juste part des bénéfices découlant des projets de développement qu’elles autorisent sur leurs territoires.

Le cycle de vie de l’exploitation minière comprend une série d’étapes : jalonnement des claims, exploration préliminaire, développement de la mine, exploitation, fermeture et réhabilitation. Toutes ces étapes impliquent des activités susceptibles de nuire à l’environnement, comme la création de pistes et de routes, le défrichement, le forage d’échantillons, la construction d’infrastructures, l’élimination des déchets, etc.

Actuellement, le Canada cherche à identifier et à extraire des minéraux nécessaires à une économie à faible émission de carbone. Le résultat : une augmentation de la prospection minière et la perspective de la construction de nouvelles mines, d’installations de traitement et de l’infrastructure nécessaire à leur fonctionnement (routes, lignes de transmission, électricité, et ainsi de suite).

Une fois les minéraux extraits de la roche, les résidus doivent être gérés et surveillés, car ils contiennent souvent des substances dangereuses. Les systèmes de stockage peuvent fuir ou tomber en panne, avec d’importantes conséquences environnementales pour l’eau, les espèces et les humains.

© shaunl / iStock an aerial view of a forest meeting a clearcut

La foresterie

Si la foresterie est l’une des principales industries du Canada, elle est également l’une des plus complexes de en matière d’effets négatifs potentiels. Au Canada, la majorité de la foresterie industrielle a lieu sur les territoires traditionnels des peuples autochtones. C’est pourquoi les activités forestières ne devraient jamais être menées sans leur consentement libre, préalable et éclairé.

Les décisions relatives à la gestion forestière sont prises dans le cadre d’un processus de planification complexe qui implique de nombreux.ses intervenant.e.s, dont les valeurs sont parfois contradictoires. Ces décisions ont des répercussions sur l’écosystème forestier, y compris ses espèces, sa biodiversité, sa résilience et sa capacité à fournir biens et services à la société. Par exemple, l’exploitation de forêts anciennes de conifères empiète sur l’habitat des espèces qui dépendent de ce type de forêts pour se nourrir et s’abriter. Les décisions relatives à la régénération des forêts peuvent également avoir une incidence sur leur capacité future à résister aux incendies, à piéger le carbone et à soutenir les espèces.

Les écosystèmes forestiers sont complexes et ont une longue durée de vie. En général, les conséquences des décisions ne se manifestent pas tout de suite; il faut souvent plus d’une vie humaine pour les observer. Dans un contexte d’incertitudes multiples, la prise de décision devient d’autant plus difficile.

Comment le WWF-Canada atténue-t-il les répercussions industrielles?

Le WWF-Canada promeut des engagements ambitieux, fondés sur la science et mesurables pour réduire les répercussions industrielles en collaborant avec l’industrie, les gouvernements, les communautés autochtones et la société civile. Nous plaidons en faveur d’une modification des politiques et des règlementations gouvernementales, et nous encourageons les leaders de l’industrie à adopter des pratiques qui réduiront les pressions sur les espèces et les habitats. Nous nous efforçons d’enrichir le débat sur les répercussions industrielles, qu’il s’agisse de dialogues,  conférences ou autres : nous mettons en avant de nouvelles données et connaissances pour que les décisions touchant la terre et la mer prennent en compte les valeurs écologiques et culturelles.

Voici quelques exemples de notre travail :

© Dick Martin / Unsplash Épaulards au large de la côte de la Colombie-Britannique avec un navire en arrière-plan.

Pour des océans plus silencieux et plus propres

Le WWF-Canada fait pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il prenne des mesures en faveur d’océans plus sains. Depuis près de 10 ans, nous collaborons avec l’industrie du transport maritime dans le cadre du programme ECHO (Enhancing Cetacean Habitat Observation) du port de Vancouver. Nous promouvons des mesures pour réduire le bruit et les perturbations qu’inflige le transport maritime à l’épaulard résident du Sud, espèce gravement menacée, et à son habitat essentiel dans la mer des Salish. Par le biais d’une campagne pour « baisser le volume du bruit sous-marin », le WWF-Canada plaide en faveur d’une stratégie fédérale contenant des mesures fortes pour réduire et gérer la pollution sonore sous-marine et ses répercussions sur les espèces marines. Le WWF-Canada exhorte également le gouvernement fédéral à mettre en œuvre son engagement à réduire les rejets nocifs issus des navires dans les aires marines protégées du Canada et à restreindre les rejets des systèmes de nettoyage des gaz d’échappement (appelés épurateurs) dans les eaux canadiennes. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Pond Inlet, Nunavut, Canada (part of the Last Ice Area).

Pour des décisions plus éclairées relatives à l’exploitation minière

Le WWF-Canada plaide en faveur d’une réduction des répercussions de l’exploration minière au Canada. Grâce à la recherche et à l’analyse, nous étudions les processus liés aux claims, les répercussions de l’exploration minière et les intérêts des communautés autochtones. Ce travail vise à soutenir les priorités des collectivités autochtones en ce qui concerne les mines proposées et actives, y compris la réduction des effets sur la qualité de l’eau et les espèces. En outre, nous fournissons des données et plaidons en faveur de décisions éclairées relatives au développement dans les zones protégées — c’est-à-dire, des décisions qui maximisent les avantages pour les espèces sans aggraver les effets des dérèglements climatiques.

© Andrew S. Wright / WWF-Canada Looking up into the canopy of ancient trees of the original temperate forest on Lyell Island, Gwaii Haanas, Haida Gwaii, British Columbia, Canada

Pour une gestion améliorée des forêts

Le WWF-Canada développe de nouveaux outils pour améliorer la durabilité de la chaine d’approvisionnement des entreprises qui utilisent de la fibre forestière provenant du Canada. Nous collaborons également avec des organisations autochtones, des chercheur.se.s, des sociétés partenaires, des agences gouvernementales et d’autres ONG environnementales afin de mieux comprendre et gérer les forêts au Canada.