© Jordan Lee Landscape of mountain and forest

Restauration dans le cours inférieur du Fraser

Une approche par bassin versant pour la restauration d’habitats, menée par des Autochtones

Les Katzies à propos des saumons : « ils sont précieux pour nous ».

La Première Nation Katzie entretient depuis toujours un lien profond avec les saumons qui remontent le bassin versant de la rivière Upper Pitt, sur le territoire non cédé de Pitt Meadows et Maple Ridge en Colombie-Britannique.

« Chaque année, lorsqu’un premier saumon est pêché, certaines nations dans la vallée organisent une grande cérémonie réunissant des centaines de personnes, raconte Rick Bailey, membre élu du conseil de la Première Nation Katzie. Il s’agit d’un rite sacré pour nous assurer que la famille du saumon revienne. Ces poissons sont précieux pour nous. »

Le nombre de saumons dans la région a décliné dramatiquement depuis quelques années. En 2019, un glissement de terrain a entraîné l’accumulation de débris dans le ruisseau Blue, un affluent de la rivière Upper Pitt, ajoutant une pression supplémentaire sur la population de saumons quinnats déjà menacée. La Première Nation Katzie a mené un projet de restauration avec des partenaires, dont le WWF-Canada, pour restaurer et créer des aires de frai et de croissance adéquates, retirer les barrières dans les cours d’eau et aider à reconnecter les voies de migration des saumons. En l’espace de quelques semaines, le saumon est revenu.

Ce succès a donné lieu à un partenariat à long terme et à l’engagement d’étendre nos activités de restauration à des écosystèmes de la région.

© Eden Toth Boots in the mud

Notre approche

Les efforts de restauration à des sites spécifiques sont priorisés par la Première Nation Katzie et l’équipe, en utilisant une approche englobant le bassin versant. Parallèlement, nous effectuons des évaluations environnementales et un suivi pour comprendre comment les efforts de restauration profitent à l’ensemble du bassin versant afin d’orienter nos projets ultérieurs. Cette initiative de restauration pluriannuelle est l’une des plus importantes du genre menée en Colombie-Britannique. Elle favorise l’augmentation de la séquestration du carbone dans le bassin versant en plus d’être bénéfique pour les saumons, mais aussi pour les oiseaux, les amphibiens, les castors et les wapitis.

Bien que ce travail présente d’énormes avantages pour la nature, le climat et les communautés, il est guidé par un objectif principal : aider les saumons à s’épanouir. « Chaque petite créature compte, explique Rick Bailey. Mais pour nous, dans cette région, le saumon a une importance particulière ». En plus de sa signification culturelle pour la communauté Katzie, le saumon joue un rôle essentiel dans la chaine alimentaire du bassin versant du cours inférieur du Fraser, car il s’agit d’une source de nourriture majeure pour les épaulards résidents du Sud gravement menacés de disparition, la population ne comptant plus que 73 individus.

Comme il s’agit d’un projet mené par la Première Nation Katzie, le WWF-Canada travaille avec ses membres pour cibler et appuyer les besoins et les possibilités de formation au sein de leur communauté. Le renforcement des capacités de la communauté comprend des formations sur la restauration d’habitats et sur la mesure du carbone dans le sol, ainsi que la participation à des activités de restauration comme la plantation pour végétaliser les berges.

« Un des moments forts de ma vie »

Kerrie Charnley, professeure adjointe d’enseignement au campus de l’Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique et membre de la Première Nation Katzie, était ravie d’apprendre qu’il était possible de restaurer la rivière Upper Pitt, territoire de ses ancêtres.

« C’était l’un des moments forts de ma vie », lance-t-elle, à propos de son expérience de restauration et de plantation de quatre jours à l’automne 2021. Comme tou.te.s les membres de la communauté Katzie, je me sens interpellée par la relation de réciprocité avec la nature. Prendre soin de la vie qui prend soin de nous. »

Elle raconte avoir entendu des histoires de sa grand-mère et des ainé.e.s de sa famille au sujet de cette zone sacrée – et du rôle matriarcal qu’incarne le saumon rouge au sein de sa famille.

La première fois qu’elle a vu les scintillements de bébés saumons dans des flaques d’eau, elle a instantanément ressenti un lien spirituel avec les saumons – un lien qui l’habite encore. « Le fait qu’ils soient là, dans ces flaques d’eau… Ils représentent la résilience et la force, tout comme le peuple Katzie ».

Les enjeux

Bien que les saumons soient revenus dans la région, les problèmes qui ont causé leur déclin sont toujours présents. Les routes construites pour l’exploitation forestière ont détourné des cours d’eau historiques, empêchant les saumons d’atteindre les aires de frai et de croissance et perturbant le débit – un facteur clé de la santé de l’écosystème. De plus, les coupes à blanc dans le bassin versant augmentent le risque de glissements de terrain (comme celui de 2019). Les saumons du Pacifique sont confrontés à plusieurs menaces supplémentaires qui contribuent au déclin des populations, dont la surpêche, la pollution et la crise climatique. Le réchauffement de l’eau de l’océan et des cours d’eau menace la survie des saumons et les dérèglements du climat provoquent des phénomènes météorologiques extrêmes qui affectent grandement les écosystèmes déjà fragiles.

© Jordan Lee Landscape of mountain and water

Prochaines étapes

Ensemble, le WWF-Canada et la Première Nation Katzie continueront à reconstruire et à régénérer des écosystèmes sains qui abritent les populations de saumons pour augmenter la biodiversité et le stockage de carbone.

Ces efforts s’inscrivent dans le cadre du plan audacieux sur dix ans du WWF-Canada visant à restaurer des habitats locaux pour soutenir les espèces et empêcher la libération du carbone des écosystèmes, en plus de faire progresser les droits des groupes autochtones qui assurent l’intendance des terres depuis des millénaires.

« C’est lorsque nous travaillons avec des partenaires sur le terrain en combinant la science et les savoirs autochtones que la magie opère », a déclaré Heather Crochetiere, spécialiste séniore au WWF-Canada.