Les plantes indigènes des Territoires du Nord-Ouest : utiles, résilientes et uniques

Carte démontrant l'emplacement des sept écozones des Territoires du Nord-Ouest : Haut-Arctique, Bas-Arctique, Taïga des Plaines, Taïga du Bouclier, Plaines boréales, Taïga de la Cordillère, Cordillère boréale.
Écozones terrestres des Territoires du Nord-Ouest © WWF-Canada

Le nom « Territoires du Nord-Ouest » témoigne très certainement d’un manque d’imagination de la part des cartographes coloniaux, en particulier quand on sait que l’endroit portait déjà le nom inuktitut de Nunatsiaq. Caractérisé par ses paysages grandioses, ce territoire de 1,35 million de kilomètres carrés que les Inuit surnomment « terre magnifique » est tout sauf ennuyeux.

Ces terres qui traversent sept écozones terrestres sont couvertes de lichens, de superbes fleurs alpines, d’épinettes rabougries le long de la limite des arbres, de plantes des marais émergeant des sols acides, d’une abondante forêt boréale et d’une multitude d’arbustes à petits fruits.

La vaste écorégion de la Taïga des Plaines est traversée en son centre par l’impétueux fleuve Mackenzie (Dehcho en langue déné zhatıé et Kuukpak en inuvialuktun), et bordée à l’est par deux lacs gigantesques : le Grand lac de l’Ours est le troisième plus grand lac du Canada, et le Grand lac des Esclaves est le plus profond, descendant encore plus bas que la hauteur de la Tour CN!

Les nombreux habitats des Territoires du Nord-Ouest abritent le caribou toundrique, le bœuf musqué, la sauvagine migratrice, l’orignal, le castor, le bison des bois, le mésangeai du Canada, le grand corbeau, le grizzli, le pica à collier, la chèvre de montagne et de nombreuses autres espèces emblématiques, qui dépendent toutes d’une façon ou d’une autre des plantes et arbres indigènes qui constituent la base des écosystèmes du territoire.

Les quelque 45 000 habitant.e.s issu.e.s des 33 collectivités des Territoires du Nord-Ouest sont également tributaires des plantes et autres ressources naturelles de la région.

Vue aérienne du fleuve Mackenzie entouré de forêts et milieux humides.
Fleuve Mackenzie © Tessa MacIntosh / WWF-Canada

Poursuivez votre lecture pour découvrir trois espèces végétales robustes et utiles (dont certaines sont adorables) qui contribuent à façonner les écosystèmes et la culture des Territoires du Nord-Ouest.

Vous voulez savoir ce qui pousse dans d’autres provinces ou territoires du Canada? Consultez nos articles de blogue sur les plantes indigènes du Yukon, du Nunavut, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l’Ile-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.

 

La dryade

L’emblème floral des Territoires du Nord-Ouest est la superbe dryade ornée de fleurs blanches. Elle fait partie d’un énigmatique groupe de plantes qui défie jusqu’à présent toute classification simple par les botanistes, car les espèces s’hybrident (mélangent leurs gènes) entre elles. Il est donc difficile de déterminer au sein du groupe des Dryas quelle espèce exactement représente le territoire. Parmi les noms scientifiques actuellement utilisés pour décrire les plantes de ce groupe observées dans les Territoires du Nord-Ouest, on trouve Dryas integrifolia, D. ajanensis, D. incisa, D. hookeriana et D. alaskensis (et, pour ajouter à la confusion, bon nombre de ces espèces ont également été nommées Dryas octopetala à un moment donné).

Membres de la famille des roses, ces plantes produisent en été des fleurs dotées de huit à dix pétales qui suivent la trajectoire du soleil dans le ciel (ce qu’on appelle l’héliotropisme) pour capter la lumière et la chaleur dans un environnement froid. Après leur floraison, elles produisent des graines dotées d’attaches duveteuses qui sont transportées par le vent. Ces plantes poussent en touffes ou s’étendent pour former un tapis au sol qui atteint généralement une hauteur de 20 centimètres. De plus, comme les haricots, elles s’allient aux bactéries pour transférer l’azote présent dans l’air vers le sol, ce qui favorise l’enrichissement de ce dernier et la croissance d’autres plantes.

Fleurs blanches à huit pétales qui tapissent le sol.
Dryade d’Alaska (Dryas alaskensis) © Emily / inaturalist.org

Astuces de culture

La dryade n’est pas commercialisée à grande échelle; il est donc plus facile de l’admirer en nature. Dans les Territoires du Nord-Ouest, les plantes de ce groupe comptent parmi les espèces les plus abondantes des écorégions de la Taïga de la Cordillère et de la Taïga des Plaines où elles poussent en haute altitude dans des endroits rocheux, bien drainés et ensoleillés. Au Canada, certaines des espèces de ce groupe sont également indigènes au Yukon et en Colombie-Britannique.

Bénéfices pour les espèces

Les fleurs des dryades sont pollinisées par les mouches.

Le mélèze laricin

Le mélèze laricin, Larix laricina, est devenu l’emblème arboricole du territoire en 1999. Contrairement aux autres conifères généralement dotés de feuilles persistantes, le mélèze laricin possède des aiguilles caduques, c’est-à-dire qui jaunissent et tombent à l’automne, comme les feuilles de l’érable, du chêne et d’autres essences d’arbres latifoliés. Les grappes de ces aiguilles douces donnent aux branches une apparence duveteuse. Le mélèze laricin possède une écorce écailleuse grise ou brune et produit des cônes brun pâle d’un à deux centimètres de longueur. Il peut atteindre une hauteur de 25 mètres et vivre 150 ans.

Le bois du mélèze laricin est dur, souple et durable, et entre dans la fabrication de nombreux articles : poteaux, piquets de clôture, traverses de chemin de fer, pagaies de canot, raquettes, traineaux, tambours, bateaux, canardières et plus. Il est également utilisé pour tanner les peaux et fumer le poisson. Les racines servent à la fabrication de produits d’artisanat comme des paniers.

L’écorce et les aiguilles de cet arbre sont depuis longtemps utilisées pour traiter toutes sortes d’affections, notamment les coupures, les engelures et les maux de ventre.

Un regroupement de mélèzes laricins avec des aiguilles jaunes sous un ciel bleu.
Mélèze laricin à l’automne © Philippe Héna

Astuces de culture

Le mélèze laricin pousse mieux dans les endroits frais et humides comme les marécages, de préférence très ensoleillés. Un arrosage abondant aidera un nouvel arbre à prendre racine. Cette espèce tolère le froid, et ses racines stabilisent le sol humide, ce qui contribue à freiner l’érosion.

Au Canada, le mélèze laricin est indigène dans toutes les provinces et territoires. Dans les Territoires du Nord-Ouest, il pousse en groupes dans des zones boisées.

Bénéfices pour les espèces

Les petits mammifères comme la souris et l’écureuil roux, et les oiseaux comme le bec-croisé des sapins se nourrissent des semences du mélèze laricin. Le porc-épic d’Amérique mange l’écorce interne, ce qui peut entrainer la mort de l’arbre. Le mélèze laricin fournit un habitat à la chouette lapone de même qu’à des insectes comme la tordeuse du mélèze, la féralie joyeuse et le dendroctone du mélèze.

La busserole

La busserole est aussi connue sous le nom d’Arctostaphylos uva-ursi ou de « raisin d’ours ». Cet arbuste ligneux forme un tapis grimpant pouvant atteindre une hauteur de 30 centimètres. Ses feuilles à la surface supérieure lustrée sont coriaces, petites et ovales, et leur couleur passe du vert au violet-rouge à l’automne, décorant ainsi le paysage.

Au printemps, de petites fleurs roses et blanches apparaissent. Leur base translucide et leur forme semblable à celle d’un récipient leur donnent l’apparence de bouteilles de lait miniatures inversées.

Après la floraison, la busserole produit des baies d’un rouge éclatant, qui restent sur la plante durant tout l’hiver. Contrairement aux bleuets et aux baies d’amélanchiers, elles sont coriaces et insipides, et ne sont ni sucrées ni juteuses. Elles sont toutefois comestibles et, traditionnellement, on les mélangeait à d’autres ingrédients comme de la graisse animale pour en améliorer le gout.

A mat of red oval-shaped leaves carpeting the ground.
Bearberry (red leaves) in fall © Tessa MacIntosh / WWF-Canada

Astuces de culture

La busserole constitue un couvre-sol attrayant dans les substrats rocheux ou sablonneux. Elle se cultive à partir de boutures ou de graines plantées à l’extérieur à l’automne, qui germent au cours de la deuxième année suivant leur ensemencement. Cet arbuste, qui préfère les lieux ouverts et les sols sablonneux et acides bien drainés, tolère la sècheresse. N’utilisez pas d’engrais.

La busserole pousse dans les sept écozones des Territoires du Nord-Ouest, parmi les rochers, le long des berges et dans les plaines sablonneuses. Cette espèce boréale très répandue est indigène dans certaines parties de l’ensemble des provinces et territoires du Canada.

Usage pour les espèces

Si on appelle parfois la busserole « raisin d’ours », c’est qu’elle fait partie de l’alimentation de cet animal. Les oiseaux et les petits mammifères s’en régalent aussi. Les feuilles de busserole sont une source de nourriture essentielle pour certains papillons encore chenilles, notamment le lutin grisâtre, le lutin brun et le boloria de Freya. Son nectar attire les papillons adultes et les abeilles.

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