Les plantes indigènes du Yukon en soutien aux populations et aux écosystèmes du territoire

Carte des cinq écozones terrestres du Yukon : Bas-Arctique, Taïga des Plaines, Taïga de la Cordillère, Cordillère boréale, Maritime du Pacifique.
Écozones terrestres du Yukon © WWF-Canada

Une partie de ce que nous appelons aujourd’hui le Yukon appartenait autrefois à la Béringie, une région qui, contrairement au reste du Canada, n’était pas recouverte de glaciers durant la période glaciaire qui s’est terminée il y a environ 11 000 ans. Reliant l’Amérique du Nord à la Sibérie, la Béringie permettait aux espèces, dont les humains, de voyager entre les deux continents. C’est pourquoi le Yukon abrite une biodiversité pouvant être surprenante, y compris plus de 1250 espèces de plantes florales, dont certaines, comme le sténote de MacLean (Nestotus macleanii), ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde.

Le Yukon actuel s’étend sur cinq écozones terrestres. La plus grande portion de son territoire se trouve dans la Cordillère boréale et la Taïga de la Cordillère, des régions montagneuses relativement sèches, puisque les plus hautes montagnes au sud-ouest bloquent le mouvement de l’air humide du Pacifique vers l’intérieur des terres. L’écozone maritime du Pacifique s’étend légèrement dans la partie sud-ouest du Yukon et abrite le plus haut sommet du Canada, le mont Logan.

Dans ces écozones, la forêt boréale prédomine sous la limite des arbres, avec de petites plantes, comme les fleurs et la mousse que l’on trouve également dans les montagnes et les plateaux. Cette flore contribue à la survie d’espèces, comme le spermophile arctique, la marmotte des , le Pika d’Amérique, le tétras du Canada, le lagopède des saules, le mouflon de Dall, le bison d’Amérique, l’orignal, l’ours noir et le grizzli. La majeure partie de la population humaine du territoire se trouve également à cet endroit, dont plus des deux tiers vivant à Whitehorse, dans la Cordillère boréale.

Les écozones de la Taïga des Plaines et du Bas-Arctique, qui chevauchent les limites nord et nord-est du Yukon, se trouvent à une altitude inférieure à celle du reste du territoire et abritent des espèces arctiques de fleurs, de saules, d’herbes, de lichens et d’arbustes à petits fruits. Ces plantes aident à soutenir des espèces comme le caribou, le bœuf musqué, l’oie rieuse, le grizzli, le bruant des neiges et le bruant lapon.

Small, short-eared mammal perching upright on its hind legs on top of a rock.
Un spermophile arctique (Spermophilus parryii) dans le parc national Ivvavik, au Yukon, Canada © Ken Madsen / WWF-Canada

Lisez la suite pour découvrir trois des espèces de plantes indigènes robustes qui favorisent la vie au Yukon, et ne manquez pas de lire nos autres blogues sur les plantes indigènes du Nunavut, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.

Épilobe à feuilles étroites (Chamaenerion angustifolium)

L’épilobe à feuilles étroites a été élu fleur emblématique du Yukon en 1957, remplaçant la pulsatille multifide (Pulsatilla nuttalliana), qui avait déjà été choisie par le Manitoba. L’une des premières plantes à repousser après un feu de forêt, l’épilobe se répand pour créer de vastes prairies d’un rose violet jusqu’à l’automne, lorsque ses feuilles prennent une teinte rouge et orange éclatant d’où son nom en anglais, fireweed.

L’élégante hampe florale de l’épilobe peut supporter au moins 50 fleurs individuelles pendant les mois d’été et atteindre plus de 2 mètres de hauteur. Chaque fleur comporte quatre pétales en alternance avec de fins sépales (parties extérieures de la fleur) qui entourent un stigmate blanc divisé en quatre extrémités recourbées. Après la floraison et la pollinisation, les graines sont emportées par le vent au moyen de longues aigrettes soyeuses.

Toutes les parties de l’épilobe sont comestibles, ce qui en fait une source d’aliments traditionnels populaire, aujourd’hui utilisée dans des produits comme le miel, le thé et les produits de soins de la peau. Les Gwich’in et les Inuvialuit utilisent aussi l’épilobe à des fins médicinales pour traiter les éruptions cutanées, les brulures, les piqures et l’arthrite.

Lush patch of purple flowers growing in front of foothills, mountains and a cloudy sky.
Épilobe à feuilles étroites, Yukon. Source : Ellyne Geurts / inaturalist.org

Astuces de culture

Cette fleur sauvage pousse facilement le long des routes, dans les prés, dans les zones rocheuses et le long des cours d’eau, s’adaptant à une diversité d’habitats et d’altitudes.

Vous n’avez pas besoin de vivre au Yukon pour l’ajouter à votre jardin de plantes indigènes. L’épilobe est indigène de tous les territoires et de toutes les provinces, à l’exception du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard.

L’épilobe à feuilles étroites peut être cultivé à partir de rhizomes ou de graines. Notez qu’il peut se propager rapidement, surtout dans les zones humides. Donc, si vous voulez le limiter à un seul endroit, pensez à le planter dans un contenant.

Bienfaits pour les espèces

L’épilobe à feuilles étroites est une source précieuse de nectar et est pollinisé par les abeilles, les papillons et les papillons de nuit. Dans le sud-ouest du Yukon, les colibris d’Anna et les colibris roux butinent également cette plante.

Sapin subalpin (Abies lasiocarpa)

Ce conifère rustique est l’arbre emblématique du Yukon depuis 2001. Il peut atteindre 30 mètres de haut, mais sa taille et sa forme dépendent de l’endroit où il se trouve. Dans les endroits abrités, il pousse haut et droit, avec un sommet en pointe et de courtes branches inclinées vers le sol qui laissent glisser la neige. Mais à la limite forestière où il est exposé au vent, il peut être rabougri et tordu.

Pointed crown of an evergreen tree bearing a dozen grey-brown seed cones in front of a rocky hillside and blue sky.
Sapin subalpin, Yukon. Source : Allan Harris / inaturalist.org

Comme tous les sapins, le sapin subalpin comporte des cônes dressés, tels des oiseaux perchés dans un arbre, qui de la cire. Pour identifier cette espèce, observez les aiguilles, qui sont plates et courbées avec une pointe arrondie ou échancrée, de couleur gris-vert ou bleu-vert avec des bandes de points blancs. L’écorce est grise ou brune, et les jeunes arbres semblent bosselés en raison des « cloques » de résine.

Le sapin subalpin est utilisé pour la pâte à papier, le bois d’œuvre et comme arbre de Noël. Traditionnellement, on utilise ses aiguilles pour préparer un thé riche en vitamine C, son bois pour fabriquer des paniers et des bardeaux de toiture, et la sève, à des fins médicinales.

Astuces de culture

Dans la nature, le sapin subalpin pousse principalement à des altitudes relativement élevées (600-2 000 mètres), et préfère les étés frais et les hivers froids et enneigés. Au Canada, il est indigène de la Colombie-Britannique, de l’ouest de l’Alberta et d’une petite partie des Territoires du Nord-Ouest en plus du Yukon. Il pousse lentement et s’adapte à différents types de sols, y compris les sols rocheux pauvres en nutriments, et tolère bien l’ombre. Plantez cet arbre au printemps pour obtenir de meilleurs résultats.

Bienfaits pour les espèces

Les écureuils roux et les oiseaux chanteurs mangent les graines des cônes de sapin subalpin, tandis que les tétras préfèrent les aiguilles et les bourgeons, et que les cerfs, les wapitis, les mouflons d’Amérique et les orignaux se nourrissent de l’écorce. Les caribous se nourrissent des lichens qui poussent sur l’arbre. En outre, les sapins subalpins servent également d’abri aux oiseaux et aux mammifères.

Shépherdie du Canada (Shepherdia canadensis)

Cet arbuste à feuilles caduques est surtout connu pour ses baies d’un rouge vif qui ressemblent véritablement à des bulles de savon, comme l’indique son nom anglais, soapberry.

La shépherdie du Canada mesure environ trois mètres de haut et possède des feuilles vertes et coriaces de forme ovale. Ses petites fleurs jaunes s’ouvrent au printemps avant que les baies ne se forment.

Les Gwich’in utilisent cet arbuste de diverses façons, notamment en mangeant ses baies cuites, en préparant du thé à partir des baies pour soigner le rhume, en faisant bouillir les tiges et les racines pour traiter les problèmes gastro-intestinaux et en préparant du thé à partir de branches pour traiter la douleur, les morsures et les infections. Les gens du Yukon aiment aussi ajouter de l’édulcorant à la mousse faite à partir de baies pour créer une sorte de crème glacée.

Branches bearing green, oval-shaped leaves and red berries growing over a log lying on the ground.
Shépherdie du Canada, Yukon © Stella Fish / Source : inaturalist.org

Astuces de culture

Cet arbuste répandu est indigène dans chaque province et territoire, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard. Il pousse dans différents sols et dans une variété de conditions d’humidité, à l’ombre complète ou partielle. La shépherdie du Canada tolère des sols alcalins, en plus de résister au froid et à la sècheresse.

Dans la nature, la shépherdie du Canada fait partie des arbustes communs de sous-bois de la forêt boréale, préférant les zones humides et les terrains en pente. Fait unique pour un arbuste, la shépherdie – comme les pois et les haricots – abrite dans ses racines des bactéries qui convertissent l’azote de l’air en une forme assimilable par les autres plantes. Ce processus, qui rend la plante riche en protéines, lui permet de prospérer dans des sols pauvres en nutriments, en plus de fertiliser les plantes qui poussent à ses côtés.

Vous pouvez cultiver la shépherdie du Canada à partir de boutures ou de graines. À noter que des plantes mâles et femelles sont nécessaires pour produire des fruits et que ces derniers sont susceptibles d’attirer les animaux sauvages, y compris les ours.

Bienfaits pour les espèces

Comme mentionné ci-dessus, les ours, tout comme les tétras, mangent les baies de cette plante, tandis que les cerfs en mangent les feuilles. Au printemps, les fleurs de la shépherdie sont une source de nourriture précoce pour les pollinisateurs, comme les syrphes, les abeilles et les fourmis.

 

 

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