© Shutterstock Arctic Fox on a Hill at Omega Park, Montebello, Quebec, Canada

Évaluation nationale

Alors que 76 % des habitats physiques du Canada sont protégés de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout, il existe de nombreuses opportunités de combler les lacunes relevées dans le réseau d’aires protégées, ce qui serait bénéfique aux espèces en plus de contribuer au ralentissement des impacts liés aux changements climatiques.

Afin d’identifier de possibles lacunes dans le réseau d’aires protégées du Canada, le WWF-Canada a évalué la représentation écologique des aires protégées à l’échelle du pays. La représentation écologique est une composante clé de la Convention sur la diversité biologique. Si tous les habitats physiques qui sont propres à un réseau d’aires protégées ne sont pas adéquatement protégés, ce réseau ne réussira pas à préserver les espèces de manière efficace. Nous avons ensuite comparé les aires qui n’étaient pas adéquatement protégées à d’autres aires qui présentaient une forte concentration d’espèces en péril, avaient une capacité de stocker une quantité importante de carbone dans leur sol ou leur biomasse forestière, ou constituaient des refuges climatiques.

La présente évaluation nous a permis d’identifier les aires d’importance nationale qui ne sont pas adéquatement protégées, ou qui ne le sont pas du tout, et qui devraient être ajoutées au réseau d’aires protégées, ou pour lesquelles il faudrait considérer des mesures de protection alternatives efficaces et ce, de manière prioritaire.

Lacunes à combler

Les habitats des espèces en péril ne sont pas protégés : 84 % des habitats physiques à fortes concentrations d’espèces en péril sont protégés de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout.

Un peu partout au Canada, nous ne réussissons pas à protéger la grande variété d’habitats physiques dont les espèces ont besoin : 76 % des habitats physiques du Canada sont protégés de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout.

Plus précisément, nos aires protégées ne permettent pas de préserver adéquatement les habitats d’espèces essentiels situés dans les plans d’eau douce tels que les lacs, les rivières et les milieux humides. 91 % des habitats physiques situés sur des rivages sont protégés de façon inadéquate.

Enfin, la grande majorité des habitats du pays riches en carbone, c’est-à-dire les forêts, les tourbières et les sols qui stockent des quantités importantes de carbone et préviennent ainsi le réchauffement associé aux changements climatiques, ne sont toujours pas protégés.

  • 77 % des habitats à forte densité de carbone dans le sol sont protégés de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout.
  • 74 % des habitats à forte densité de biomasse forestière sont protégés de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout.

Opportunités d’amélioration de la représentation écologique

L’évaluation nationale de la représentation écologique des habitats physiques du Canada démontre que nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour atteindre un niveau de protection adéquat en ce qui a trait aux habitats et aux espèces. En plus des lacunes prioritaires indiquées plus haut, l’évaluation des critères a fait ressortir des opportunités d’amélioration de la représentation écologique, lesquelles devraient être prises en compte lors de l’élaboration et de la création de toute nouvelle aire protégée, en vue de s’assurer que celle-ci soit de grande qualité, bénéfique aux espèces et capable d’aider à ralentir les changements climatiques. Les autres conclusions à prendre en considération sont que :

Rattray Marsh Conservation Area on the shores of Lake Ontario is a protected area in the large urban environs of Mississauga, Ontario, Canada. (c) Frank Parhizgar / WWF

Les aires protégées ne sont pas assez vastes pour maintenir la biodiversité. Seulement 19 % des habitats physiques du Canada respectent les exigences recommandées en fait de taille nécessaire au soutien des espèces.

© Mike Workman / Shutterstock

Nous ne protégeons pas les milieux naturels de façon à permettre aux espèces de se déplacer librement entre de vastes régions, en vue de se nourrir et de se reproduire. 79 % des habitats physiques du Canada ne sont pas connectés de façon adéquate ou ne le sont pas du tout.

© BGSmith / Shutterstock

Notre réseau actuel d’aires protégées n’assure pas la protection des écosystèmes et des espèces d’eau douce. 91 % des habitats physiques situés sur des rivages ne sont pas protégés de façon adéquate.

© Dana Price

Les aires protégées situées dans les provinces maritimes sont, en particulier, trop petites et fragmentées pour soutenir la biodiversité de manière adéquate. Le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard affichent le pire bilan au pays en matière de représentation écologique.

© Durden Images / Shutterstock

Les aires protégées du nord du Canada sont de grande qualité, mais elles sont trop peu nombreuses et trop éloignées les unes des autres. Les territoires du Nord ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador affichent le pourcentage le plus élevé d’habitats physiques ne jouissant d’aucune protection (de 62 à 77 %).

© Andrew S Wright / WWF

Considérations essentielles

Le Canada accuse actuellement un retard par rapport à la cible internationale de protéger 17 % de son territoire et de ses eaux intérieures d’ici 2020, et nous avons encore plus à faire pour atteindre la représentation écologique adéquate des habitats. Le réseau d’aires protégées du Canada présente clairement des lacunes. Mais lesquelles devraient être comblées en premier lieu?

Espèces en péril

Une protection de grande qualité des habitats essentiels aux espèces en péril constitue une mesure importante en vue du rétablissement des populations vulnérables. Malheureusement, à l’échelle du pays, les habitats physiques abritant le plus d’espèces en péril figurent parmi les moins adéquatement représentés. Un grand nombre d’espèces en péril se trouvent dans des secteurs sur lesquels l’activité humaine exerce de fortes pressions. Il s’agit notamment de la région de l’Okanagan, en Colombie-Britannique; des prairies herbeuses du sud de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba; de la zone carolinienne en Ontario; et des zones à forte activité agricole et urbaine du Québec.

Refuges climatiques

Les aires aux conditions climatiques uniques qui devraient rester relativement stables sont importantes pour la conservation. Les espèces menacées par les changements climatiques peuvent y trouver les ressources dont elles ont besoin. Même si bon nombre de ces lieux uniques au Canada subiront probablement certains changements au niveau de leurs températures et de leurs précipitations, ils devraient rester assez stables dans le futur. La plupart des refuges climatiques du Canada se trouvent en Colombie-Britannique et au Yukon, ainsi que dans la portion nord des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut.

Biomasse forestière

La biomasse forestière absorbe le carbone et l’emmagasine de façon naturelle. Au Canada, cette biomasse forestière est très élevée dans la province de la Colombie-Britannique, et présente des niveaux allant de modérée à élevée dans la forêt boréale qui s’étend jusqu’aux provinces maritimes.

Carbone dans le sol

La protection d’aires à fort potentiel de stockage du carbone dans le sol est essentielle si l’on veut prévenir leur conversion, laquelle entraînerait des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre. Même si la répartition des sols à fort potentiel de stockage du carbone ne suit pas un schéma précis à travers le Canada, ces sols existent à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec, dans le nord de l’Ontario, au Yukon ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest.

© Catherine Paquette

À moins de privilégier, lors de la planification des aires protégées, des milieux présentant un maximum d’avantages en matière de conservation, nous ne parviendrons pas à atteindre nos objectifs à long terme en termes de ralentissement du déclin des espèces et des effets des changements climatiques.

Pour en savoir plus, cliquez sur les régions et les titres de notre carte interactive (bientôt disponible en français).