Qu’est-ce que le Cadre mondial pour la biodiversité de la COP15 impliquera pour le Canada

Au paroxysme de l’intensité du sommet de la COP15 des Nations unies sur la biodiversité, près de 200 pays ont adopté le Cadre mondial Kunming-Montréal sur la biodiversité qui contient quatre grands objectifs et 23 cibles spécifiques.

Mais l’atteinte d’un accord n’est que la première étape d’un casse-tête extrêmement compliqué.

A woman and a man at a press conference table in front of flags from Canada, China and the United Nation
Stephanie Thorassie de l’Alliance du bassin versant de la rivière Seal et James Snider du WWF-Canada lors d’une conférence de presse à la COP15 à Montréal © Joshua Ostroff / WWF-Canada

La dernière fois que les dirigeant.e.s du monde se sont mis.es d’accord sur un plan mondial pour la biodiversité – en 2010, quand la COP10 au Japon a produit les objectifs d’Aichi – aucune des cibles n’a été complètement atteinte avant la fin de la décennie. Donc, comment nous assurer d’atteindre les cibles décrites dans le cadre mondial pour la biodiversité, cette fois?

Le problème (et la possibilité) de la mise en œuvre

Le gouvernement du Canada doit maintenant développer une nouvelle stratégie et un plan d’action national pour la biodiversité (SPANB), ce qui est une façon de rendre des comptes à la communauté internationale. C’est le moment de revoir les politiques reliées à la biodiversité qui sont déjà en vigueur afin d’en identifier les lacunes et de pouvoir y remédier; le Canada, par exemple, n’a protégé qu’un peu plus de 13 % de ses terres et de ses eaux jusqu’à maintenant – et d’adopter une loi sur la responsabilité afin de légiférer la reddition de compte.

Large pod of Beluga / White Whale near headland. Canadian Arctic, summer.
Un groupe de bélugas dans l’Arctique canadien. © naturepl.com / Doc White / WWF

Avec aussi peu que sept ans d’ici la fin du délai, il est essentiel d’ouvrir la voie à la protection de 30 % avant 2030, et de s’assurer que 30 % des écosystèmes dégradés font l’objet d’une restauration efficace (aucun de ces points ne fait encore l’objet d’une cible inscrite dans une politique domestique officielle).

Au Canada, nous avons déjà entendu plusieurs engagements de la part du gouvernement fédéral sur la façon dont il est prévu de réaliser au pays cet accord multilatéral. Mais nous devons aussi reconnaitre le rôle joué par les provinces et les territoires, puisqu’ils devront mettre sur pied leurs propres programmes et politiques pour la biodiversité, ainsi que les nations autochtones qui ont exprimé des engagements envers la conservation de leurs propres juridictions.

La conservation menée par les Autochtones est cruciale

À la COP15, on a vu un crescendo en terme d’attention donnée à la conservation menée par les Autochtones pour atteindre ces ambitions, y compris les annonces canadiennes de financement des programmes de gardien.ne.s et des aires protégées et de conservation autochtone, comme celles du bassin versant de la rivière Seal et celle de Mushkegowuk.

Bassin versant de la rivière Seal © Jordan Melograna

Le texte de l’accord en lui-même inclut que les actions prises pour la biodiversité doivent respecter les droits et les titres autochtones. En reconnaissant et en appuyant le savoir, les perspectives, les cultures et les rôles des Autochtones, nous pouvons améliorer notre relation avec la nature.

Plusieurs éléments du cadre mondial vont de pair avec ce qui se trouve déjà dans le plan stratégique Régénérer le Canada du WWF-Canada; nous avons donc l’occasion de faire progresser l’impact de notre travail durant la décennie à venir. On y lit l’engagement envers la protection et la restauration, ainsi que le soutien à l’intendance par les communautés autochtones et locales.

Nous avons aussi le plaisir de voir que les solutions basées sur la nature sont explicitement mentionnées dans le texte du cadre mondial. Cela signifie que la communauté internationale a reconnu le lien entre la biodiversité et les dérèglements climatiques – ce qui est particulièrement important chez nous, où 327 milliards de tonnes de carbone des écosystèmes sont actuellement emmagasinées dans la nature.

Enfin, nous devrons voir une loi sur la responsabilité de la part du gouvernement, qui introduira une législation formelle pour rendre compte des progrès réalisés par rapport à nos engagements internationaux convenus en lien avec le Cadre mondial pour la biodiversité.

Peu importe la voie que nous empruntons pour avancer, la clé est d’utiliser l’élan donné par l’accord signé à Montréal pour nous assurer que la mise en œuvre débute maintenant.