Au-delà des cibles : Pleins feux sur le bassin versant de la rivière Seal

Le rapport Au-delà des cibles du WWF-Canada propose un nouveau modèle pour l’établissement d’aires protégées et de conservation (APCA) au pays – un modèle qui priorise l’avancement des aires protégées et de conservation autochtones et les droits et titres autochtones, ainsi que les régions qui soutiennent des solutions basées sur la nature pour la biodiversité et le climat.

On y donne en exemple quatre APCA, dont le bassin versant de la rivière Seal, un des derniers espaces intacts au monde.

Bassin versant de la rivière Seal © Jordan Melograna

Situé à l’ouest de Churchill, aux confins nord du Manitoba, le bassin versant de la rivière Seal s’étend sur 50 000 km2 et est une région dépourvue de routes, de développement ou de mines, où les espèces peuvent se déplacer librement sur un vaste territoire.

La Première Nation dénée Sayisi, seule communauté de la région, a élu domicile dans le bassin versant de la rivière Seal. Son objectif est d’en assurer la protection afin qu’il puisse continuer de fournir d’abondantes ressources écologiques et culturelles pour les prochaines générations. Bien que dirigée par la Première Nation dénée Sayisi, l’initiative est soutenue par des partenariats avec les nations voisines cries et dénées.

Le bassin versant de la rivière Seal renferme plus de 2070 mégatonnes de carbone dans la biomasse végétale et les sols jusqu’à un mètre de profond, lui conférant une grande importance en matière de résilience climatique et de connectivité écologique à l’échelle nationale.

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Ci-dessous, Stephanie Thorassie, directrice générale de l’Alliance du bassin versant de la rivière Seal et membre de la Première Nation dénée Sayisi, nous fait part de sa perspective sur cette importante région. Tel que communiqué à Tina Knezevic.

« Le bassin versant de la rivière Seal, c’est chez moi. C’est un endroit incroyable si vous y avez accès. C’est isolé, mais c’est en partie ce qui fait sa beauté. La rivière Seal est la dernière rivière intacte du Manitoba à n’avoir aucun barrage à ce jour.

Cette région que nous voulons protéger sous la forme d’une aire protégée et de conservation autochtone est très vaste – la même taille que la Nouvelle-Écosse. C’est un territoire traditionnel partagé entre quatre communautés, dont nos voisin.e.s à l’ouest, au sud, et même un peu au nord de chez nous.

Stephanie Thorassie © Jordan Melograna

Il mesure 50 000 km2, dont 99,97 % de terres vierges. Chaque aspect de ce bassin versant, dont les eskers, les lacs, les arbres, l’eau, les caribous – le peuple déné est le peuple du caribou – est essentiellement le même que quand mes arrières-arrières-arrières-arrières-grands-parents y vivaient.

C’est la région que nous cherchons à protéger pour nos arrières-petits-enfants. Nous voulons nous assurer que nous gardons une connexion avec la terre et notre territoire traditionnel et que nous donnons aux prochaines générations un lieu stable où elles pourront être autonomes.

Il y a aussi deux milliards de tonnes de carbone dans le bassin versant en ce moment et s’il était relâché dans l’atmosphère, cela couterait des milliards de dollars en dommages à réparer. Le bassin versant de la rivière Seal rend un écoservice à notre Terre Mère – c’est une paire de poumons dont nous avons tou.te.s besoin pour respirer.

Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles cette région est si importante. Sa protection a vraiment été une sorte de projet mené par la communauté. Nous essayons d’élever et de porter les voix des membres et des ainé.e.s de notre communauté tout en utilisant nos propres lois autochtones pour protéger le territoire et être de bon.ne.s intendant.e.s. Nous avons invité l’industrie et les gouvernements provincial et fédéral à s’assoir à notre table pour parler de ce que cela pourrait vouloir dire pour nous tou.te.s dans l’avenir.

La Première Nation dénée Sayisi ne travaille pas seule. Nous travaillons avec quatre chef.fe.s différent.e.s, quatre groupes d’ainé.e.s, quatre ensembles de membres de la communauté et d’employé.e.s. Nous reconnaissons que l’utilisation traditionnelle de la région est la même pour les quatre communautés et nous essayons vraiment d’honorer cela et d’amener toutes ces voix à la table pour nous assurer que tou.te.s peuvent donner leur avis.

Une énergie incroyable vient de cette connexion au territoire, ainsi qu’aux membres de la communauté du bassin versant de la rivière Seal. Quand nous continuons d’encourager ces connexions, des choses merveilleuses peuvent se produire. Il n’y a pas de mot pour décrire à quel point c’est fantastique de faire partie de tout cela. »