Hommage aux paysages et aux plantes indigènes de l’Ontario
Par Ellen Jakubowski et Jarmila Becka Lee
L’Ontario, c’est « Notre place », comme le chantait Paul Demers. Et ce n’est pas anodin si le beau drapeau franco-ontarien, tel que décrit par Brian St-Pierre, porte la fleur de trille blanc, emblème floral de la province. Celle-ci abrite toutefois plus d’espèces que le seul trille blanc et ses divers paysages méritent tous une chanson.
La plus nordique des trois écozones de la province s’appelle les Plaines hudsoniennes, aussi connues comme les basses terres de la baie d’Hudson et de la baie James. Les vastes tourbières de la région emmagasinent des quantités significatives de carbone, fournissent une « halte routière » pour des millions d’oiseaux migrateurs et possèdent une valeur culturelle pour les Premières Nations qui y vivent.
Le Bouclier boréal, au milieu, s’étend sur plus de la moitié de la province, la couvrant de forêts de conifères, et de feuillus qui offrent un habitat aux espèces emblématiques comme l’orignal et le castor.
Plus au sud, l’écozone de la Plaine à forêt mixte abrite 92 % de la population humaine de la province (et 35 % de celle du Canada). La plupart de ses paysages ont été transformés depuis l’installation des Européen.ne.s. Toutefois, il reste des refuges pour la biodiversité, dont la région des lacs Kawartha, célébrée en chanson par Neil Young et les Tragically Hip, et la zone carolinienne, où vivent le plus de plantes et d’animaux rares que partout ailleurs au pays.
Les merveilles naturelles de l’Ontario couvrent une grande étendue, mais des efforts pour les restaurer peuvent se faire à petite échelle, dans nos parcs, nos cours et nos jardinières de balcons. Découvrez ci-dessous quelques plantes et arbres indigènes de l’Ontario et les espèces qu’ils aident.
(Pour en savoir plus sur les plantes indigènes dans certaines autres provinces, lisez nos publications sur la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, le Québec et le Nouveau-Brunswick.)
Le trille blanc – Un symbole de l’Ontario
Cette espèce élégante est la fleur officielle de l’Ontario depuis 1937. La particule « tri » de trille se réfère à ses trois pétales distinctifs, ses trois sépales (les parties vertes extérieures de la fleur) et les trois larges feuilles près du sommet de la tige.
Recherchez le trille blanc (Trillium grandiflorum) qui recouvre le sol dans les zones forestières humides en avril, mai et juin. Avec une grande répartition à travers l’est du Canada et des États-Unis, en Ontario cette espèce s’observe dans les écozones des Plaines à forêt mixte et du Bouclier boréal.
Astuces de culture
Si vous avez de ces trilles dans votre cour, comptez-vous chanceux.se! Quand on les cultive à partir de graines, cela peut leur prendre jusqu’à dix ans pour fleurir. Les plantes matures ne sont pas en vente partout, mais il est possible d’en trouver dans des pépinières spécialisées. Pour que vos plantes existantes poussent bien, offrez-leur au minimum une ombre partielle et une litière de feuilles au printemps et à l’automne.
Pour ce qui est des trilles blancs dans leur habitat naturel, vous pouvez aider à préserver ces plantes fragiles en restant sur les sentiers pour les admirer, lors de vos randonnées printanières.
Avantages pour les espèces
Les semences de trille se dotent d’une structure huileuse appelée élaïosome qui attire les fourmis. Celles-ci emportent les semences dans leur nid pour nourrir leurs nymphes avec le nutritif élaïosome, rejetant ensuite la graine, ce qui la sème efficacement. Ainsi, en utilisant cette source de nourriture, les fourmis aident la plante à répartir ses semences.
Certains coléoptères, mouches, abeilles et autres insectes absorbent le pollen et le nectar des trilles blancs, ce qui pollinise la plante au passage – une autre relation gagnant-gagnant.
Les cerfs de Virginie et les chenilles de certaines espèces de papillons de nuit mangent aussi cette plante.
Ancolie du Canada – Une favorite facile à cultiver
Puisque le trille blanc peut s’avérer délicat à cultiver à la maison, voici une autre fleur indigène de l’Ontario qui est aussi belle, mais plus facile à intégrer à votre jardin. L’ancolie du Canada (Aquilegia canadensis) a des fleurs suspendues rouges et jaunes sur des tiges élancées depuis de jolies feuilles lobées. Elle fleurit durant deux à quatre semaines à partir de mai et on peut la trouver dans les écozones des Plaines à forêts mixtes et du Bouclier boréal.
Astuces de culture
L’ancolie du Canada peut se trouver en pépinière ou être cultivée facilement à partir de graines semées en automne ou au début du printemps. Plusieurs cultivars (des variétés qui ont été croisées sélectivement afin de rehausser certaines caractéristiques) sont aussi très répandus sur le marché, donc magasinez là où les plantes indigènes sont offertes pour vous assurer de vous procurer l’ancolie du Canada qui maximisera les bienfaits apportés aux espèces. Les ancolies se ressèment et il est probable que vous en trouviez des nouvelles qui poussent spontanément près de vos plantes matures. Vous pourrez transplanter ces petites nouvelles à des endroits plus appropriés ou les offrir à des proches.
Cette fleur adaptative peut tolérer des conditions variables d’humidité, incluant la sècheresse, et elle s’épanouit dans plusieurs types de sol, dont les sols sableux, pourvu que le sol soit bien drainé et qu’il ne soit pas trop riche. Évitez le plein soleil et le surarrosage.
Avantages pour les espèces
Les colibris à gorge rubis, les papillons argynnes, sphinx et noctuidés, et les halictes boivent tous le nectar des fleurs de l’ancolie du Canada, alors que les roselins en mangent les semences.
Pin blanc – L’arbre officiel de l’Ontario
Le pin blanc (Pinus strobus) — l’arbre emblème de l’Ontario – est facilement reconnaissable avec sa silhouette d’une hauteur remarquable et ses branches ébouriffées, et son essence a été magnifiquement fixée par l’art du Groupe des Sept.
On retrouve ces arbres dans les écozones des Plaines à forêts mixtes et du Bouclier boréal en Ontario, ainsi qu’au Manitoba, au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Ils poussent rapidement et vivent plusieurs centaines d’années. Une étude réalisée dans le parc Algonquin a constaté que des pins blancs y vivaient depuis plus de 500 ans!
Astuces de culture
Ces arbres s’adaptent facilement et peuvent bien pousser dans une variété de taux d’humidité et de types de sol. Ils s’épanouissent en plein soleil, mais tolèrent un peu d’ombre. Les pins blancs poussent rapidement et peuvent atteindre 40 mètres de haut, ce qui en fait un excellent choix pour ajouter intimité ou ombre à votre propriété. Vous trouverez facilement de jeunes arbres dans les pépinières.
Avantages pour les espèces
Les pins offrent de la nourriture à plusieurs insectes, incluant certaines chenilles de papillons et larves de symphytes, des longicornes, le grillon des pins et plusieurs charançons. Les semences de pins ont la faveur des roselins et des sittelles à poitrine rousse, ainsi que des écureuils et des souris. Les cerfs de Virginie et les lapins à queue blanche quant à eux broutent les branches et les épines.
Le couvert dense du pin blanc représente aussi un refuge pour plusieurs oiseaux.
Aidez à restaurer la flore indigène de l’Ontario et du Canada
En cultivant des plantes indigènes dans votre cour, votre jardin en contenants ou votre espace communautaire, vous pouvez aider à restaurer des habitats pour les espèces – que vous viviez en Ontario ou ailleurs au pays. Pour en savoir plus et suivre votre effet positif sur la nature, participez à re:cultiver.