Les plantes indigènes du Nunavut : parmi les plus robustes

Le temps file au Nunavut, où la saison de croissance ne dure que de 50 à 60 jours. Et même pendant cette brève période, les conditions peuvent être froides, sèches ou venteuses. Manifestement, le plus grand territoire du Canada pose des défis uniques à ses plantes indigènes.

Carte montrant les cinq écozones terrestres du Nunavut
© WWF-Canada

Les cinq écozones terrestres du Nunavut s’étendent des montagnes et glaciers de la Cordillère arctique et des plaines et plateaux du nord de l’Arctique aux forêts claires, lacs et milieux humides de la Taïga du Bouclier.

Dans ces environnements, on trouve plus de 1000 espèces de plantes. Nombre d’entre elles ont un cycle de vie court adapté à la brève saison de croissance. Elles sont également vivaces, stockant de l’énergie dans leurs racines pendant l’hiver pour prendre de l’avance sur la croissance de l’année suivante.

Au plus fort de l’été, certaines régions du Nunavut atteignent des températures de 20 à 30 °C. Cependant, la moyenne maximale en été n’est que d’environ 12 °C. Pour éviter le froid, les plantes s’établissent souvent dans des microclimats plus chauds que l’air ambiant. Certaines structures — tiges et feuilles poilues, fleurs en forme de coupe — entourent la plante d’une couche d’air chaud.

Pour résister au vent, de nombreuses espèces poussent en forme de coussins épousant le sol, de sorte que les rafales passent au-dessus d’elles. Les fleurs orientées vers le bas permettent aux insectes pollinisateurs d’atteindre le pollen et le nectar sans avoir à voler plus haut, là où le vent est plus fort. Lorsque la pollinisation par les insectes n’est pas possible, les plantes peuvent se reproduire par d’autres moyens, tels que la pollinisation par le vent (le vent transporte le pollen d’une plante à l’autre) ou l’autopollinisation (les plantes se fécondent elles-mêmes, sans avoir besoin de partenaires ou de pollinisateurs).

Au Nunavut, les précipitations ont tendance à être rares, mais les zones couvertes de neige et la fonte des neiges au printemps aident les plantes à survivre dans des endroits qui sont autrement secs.

An austere landscape with mountains, a glacier, rippling waters and blueberry plants along a rocky shoreline. A lone person walks among the blueberry plants.
Qikiqtarjuak, Nunavut, dans l’écozone de la Cordillère arctique © Joshua Ostroff

Ces robustes plantes indigènes constituent une base solide pour les réseaux alimentaires terrestres du Nunavut, qui assurent la subsistance des humains et des espèces : lemmings, lagopèdes, caribous de la toundra, harfangs des neiges, renards arctiques et bien d’autres encore.

Voici quelques exemples de la formidable flore du Nunavut. (Pour en savoir plus sur les plantes indigènes dans d’autres régions du Canada, consultez nos blogues sur la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick.)

La saxifrage à feuilles opposées / aupilattunnguat

La saxifrage à feuilles opposées (Saxifraga oppositifolia) fleurit tôt et abondamment, annonçant le printemps avec des fleurs rose pourpre à cinq pétales. Bien adaptée au vent et au froid, cette espèce pousse en larges coussins de moins de cinq centimètres de haut. Les tiges sont poilues et encerclées de petites feuilles pour entourer la plante d’une couche d’air chaud.

Les utilisations traditionnelles de la saxifrage à feuilles opposées comprennent la consommation des fleurs et la préparation d’une tisane à partir des feuilles.

A small purple flower blooms on a short stem surrounded by small leaves fringed with hairs
Saxifrage à feuilles opposées Source : iNaturalist.org

Compte tenu de son apparence réjouissante, de sa rusticité et de son utilité, l’Assemblée législative du Nunavut a choisi la saxifrage à feuilles opposées comme emblème floral du territoire.

Astuces de culture

La saxifrage à feuilles opposées est indigène de certaines parties de la plupart des provinces et des territoires du Canada, à l’exception de la Saskatchewan, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard — et à d’autres pays entourant le pôle Nord. On la retrouve dans des habitats tels que la toundra arctique, les habitats alpins, les milieux humides et les littoraux. En théorie, la saxifrage à feuilles opposées peut pousser dans un jardin de rocaille, mais comme les graines ne sont pas faciles à obtenir, il est sans doute plus facile d’observer ces plantes dans la nature.

Bienfaits pour les espèces

Les caribous se nourrissent de saxifrage à feuilles opposées. Les bourdons, les papillons de nuit, les papillons et les mouches visitent ces plantes à la recherche de pollen ou de nectar, pollinisant les fleurs. Toutefois, ces insectes ne sont pas actifs lorsque les conditions sont particulièrement difficiles. Heureusement, la plante peut également s’autopolliniser.

Clusters of flowers blooming surrounded by rocky ground with short vegetation with buildings and fog in the background.
Saxifrage à feuilles opposées à Igloolik, NU © Erica Guth

Airelle des marécages / qiigutangingnaat

Mesurant moins de 15 centimètres de haut, cet arbuste (Vaccinium uliginosum) appartient au même genre que les bleuets en corymbe et les bleuets nains qui sont cultivés plus au sud du pays. Et si on aime cueillir et manger ces bleuets, il en est de même des qiigutangingnaat (nom inuktitut). Pendant la saison de la cueillette, beaucoup de Nunavummiut sont sur le terrain pour ramasser cette espèce, ainsi que d’autres espèces favorites comme le paungaaq (la camarine noire, Empetrum nigrum) et l’aqpik (la chicouté, Rubus chamaemorus).

Si les Inuit se régalent de baies fraiches, il.elle.s ont également la tradition de les conserver dans de l’huile ou de la graisse. Les Inuit et les Dénés utilisent les feuilles pour faire une tisane.

Les fleurs de cette plante ressemblent à de petites cloches roses et blanches. Les espaces entre les feuilles de forme ovale maximisent la quantité de lumière du soleil qui les atteint. En automne, les feuilles passent du bleu vert au rouge et tombent de la plante.

Two dozen or so dark blue berries sit in the palm of a hand against a background of blueberry plants.
Récolte d’airelles des marécages à Qikiqtarjuak (NU) © Joshua Ostroff

Astuces de culture

L’airelle des marécages est indigène de certaines parties de chaque province et territoire du Canada, ainsi que de l’Alaska et des parties du nord de l’Europe et de l’Asie. Les habitats comprennent la toundra, les tourbières, les cariçaies (prairies de carex), les zones forestières, les rivages et les affleurements rocheux, à différentes altitudes et dans des conditions d’humidité variables.

Si cette espèce ne pousse pas encore près de chez vous et que vous disposez d’un habitat adéquat, recherchez-la dans les pépinières ou explorez les nombreuses autres plantes à baies comestibles du genre Vaccinium pour en trouver une qui soit indigène de votre région et bien adaptée à ses conditions de culture.

Bienfaits pour les espèces

Les insectes sont attirés par les fleurs de cette plante. La pollinisation par les bourdons et les mouches aide les plantes à produire d’abondantes baies dodues. Cependant, les fleurs peuvent également s’autopolliniser si les insectes ne sont pas disponibles.

Le lagopède, le tétras du Canada, la souris, le campagnol, le lièvre d’Amérique, le caribou, l’ours noir et le grizzli mangent les feuilles et/ou les baies. Les animaux qui mangent les fruits répandent les graines lorsqu’ils défèquent.

Le saule arctique / suputiit, suputiksaliit, uqaujait

À l’encontre des saules imposants du reste du Canada, le saule arctique (Salix arctica) est un arbuste nain qui ne dépasse pas un mètre de haut. À titre de comparaison, le plus grand saule d’Amérique du Nord, le saule noir (Salix nigra), indigène de l’Ontario et du Québec, peut atteindre 12 mètres de haut.

Les saules arctiques mâles et femelles produisent des chatons, des grappes de fleurs allongées qui peuvent être poilues ou hérissées. Plus tard, des graines duveteuses émergent et sont dispersées par le vent. Les Inuit récoltent ce duvet pour fabriquer une mèche pour le qulliq, une lampe traditionnelle en pierre qui brule de l’huile de graisse de phoque ou de baleine. D’autres plantes, telles que les herbes à coton (Eriophorum spp.), sont également utilisées comme mèches pour le qulliq.

Astuces de culture

Outre le Nunavut, on trouve le saule arctique dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon, en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et dans d’autres pays nordiques du monde. Cette espèce pousse dans la toundra, sur les crêtes rocheuses, les falaises et les montagnes, ainsi que dans les tourbières, les prairies et les zones graveleuses ou sablonneuses.

Le saule arctique est difficile à trouver en magasin. Essayez de trouver l’une des dizaines d’autres espèces de saules indigènes du Canada dans les pépinières locales. Attention, les « saules arctiques nains » ou « saules arctiques bleus » proposés sont souvent des saules pourpres (Salix purpurea), une espèce introduite, et non le Salix arctica, une espèce indigène.

Tiny seeds covered in snowy white fluff emerge from short-stemmed plants growing out of rocky soil.
Saule arctique dispersant ses graines près de Tremblay Sound (NU) © Peter Ewins / WWF-Canada

Bienfaits pour les espèces

Les bœufs musqués, les lièvres arctiques et les lemmings variables se nourrissent de saules arctiques, ainsi que les chenilles du nacré nébuleux et du Gynaephora groenlandica, un papillon indigène du Haut-Arctique canadien. Les bourdons Bombus polaris, une espèce arctique de bourdon, visitent également ces saules pour leur nectar et leur pollen et pour polliniser les fleurs.

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