Voici la zone marine du Grand Ours, les « Galapagos du Nord »

Il existe un endroit sur la côte Nord-Ouest qui ne ressemble à aucun autre au pays – ou au monde, en fait. C’est un lieu où les replis de la forêt pluviale rencontrent l’océan, et qui s’étend du bout de l’ile de Vancouver jusqu’à la frontière de l’Alaska.

C’est la zone marine du Grand Ours, les eaux tempérées parmi les plus productives sur Terre. Depuis des millénaires, cette époustouflante région riche en biodiversité a été gérée et soutenue par les communautés des Premières Nations, mais elle est aujourd’hui menacée.

Avec les protections adéquates, la diversité écologique peut durer, mais nous devons agir rapidement. Pour en savoir plus sur la zone marine du Grand Ours et le travail qui y est accompli, nous avons parlé à Hussein Alidina, notre spécialiste principal en conservation marine basé en Colombie-Britannique. 

La queue d’une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) dans le soleil couchant au sud-ouest de l’ile Gil dans la zone marine du Grand Ours, en Colombie-Britannique
La queue d’une baleine à bosse (Megaptera novaeangliae) dans le soleil couchant au sud-ouest de l’ile Gil dans la zone marine du Grand Ours, en Colombie-Britannique © Andrew S. Wright  / WWF-Canada

Quelles sont les espèces marines que l’on retrouve dans la zone marine du Grand Ours? 

Cette zone marine, aussi appelée la biorégion du plateau Nord, fournit un habitat à une immense variété d’espèces marines. Pensez à un équivalent des iles Galapagos, mais au nord. 

En visitant la région, vous pourriez voir des rorquals communs, des baleines à bosse, des épaulards résidents, des épaulards de Biggs, et même un récif d’éponges siliceuses datant de 9000 ans. Les loutres de mer, les otaries de Steller, de Californie et à fourrure du Nord, les éléphants de mer du Nord, les phoques communs et les tortues luths abondent également.

Hussein Alidina
Hussein Alidina, Spécialiste principal, Conservation marine

Le saumon y retourne aussi année après année, nourrissant les loups et les pâles ours esprits qui vivent dans la forêt pluviale du Grand Ours adjacente.  

Qui demande sa protection? 

Les terres autour de la zone marine du Grand Ours soutiennent 32 communautés des Premières Nations. Les écoservices offerts par cette région soutiennent les communautés et l’économie côtières à travers des activités comme la pêche, le tourisme, l’aquaculture, la foresterie, le transport maritime et autres. Les Premières Nations y vivent depuis des millénaires, inextricablement connectées au territoire qu’elles ont géré et qui les soutient. Aujourd’hui, elles demandent sa protection. 

D’où viennent les problèmes de la zone marine du Grand Ours? 

L’utilisation humaine des récentes années – liée à la pêche, à l’augmentation de la navigation et au développement industriel – a mené au déclin et au risque de disparition d’innombrables espèces dans la région – dont plus de 30 sont identifiées « en péril » par le COSEPAC, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Nous voyons des stocks réduits de poissons et des pêches en déclin, comme celles du hareng et du saumon. 

La crise climatique fait que les évènements météorologiques extrêmes comme les inondations et les vagues de chaleur deviennent de plus en plus communs et affectent la biodiversité marine. On estime que le dôme de chaleur ayant ravagé la Colombie-Britannique en 2021 a tué un milliard d’organismes marins intertidaux.

Queue de rorqual à bosse visible au-dessus de l'eau
Queue de baleine, aperçue dans la zone marine du Grand Ours © North Coast Cetacean Society (NCCS) / projet SWAG

Que doit-on faire pour protéger la région? 

Pour protéger la riche biodiversité de la zone marine du Grand Ours, nous devons passer à une approche intégrée de la gestion des activités humaines fondée sur les écosystèmes. Cela inclut la création d’aires marines protégées (AMP) qui comprennent des habitats d’importance vitale pour de multiples espèces et qui soient représentatives de toute la gamme des espèces marines que l’on trouve dans la région. 

Les AMP sont un outil incontournable, mais il est entendu que les espèces marines se déplacent; il est donc aussi important de créer un réseau d’aires protégées. Le processus de création d’un réseau est en cours depuis plus d’une décennie sous la direction du gouvernement fédéral, des Premières Nations côtières et du gouvernement provincial. Concevoir un réseau d’AMP dans la zone marine du Grand Ours est une étape cruciale pour faire progresser à la fois la conservation marine et la réconciliation avec les Autochtones.