Nous avons le vent dans les voiles : La rétrospective 2024 du WWF-Canada
L’année tire à sa fin et nous avons eu chaud, car 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude de tous les temps, battant de peu le record de l’année dernière et confirmant que la décennie écoulée est la plus chaude à ce jour. Les conséquences se font sentir partout : au Canada, 5,3 millions d’hectares ont été détruits par des incendies de forêt cette année, des précipitations records se sont abattues sur Toronto et Vancouver, des vagues de chaleur meurtrières ont pesé sur Montréal, des tempêtes de grêle estivales ont surpris Calgary, des températures maximales de 30 degrés ont été enregistrées au Nunavut, et des ondes de tempête et des inondations se sont produites dans les provinces atlantiques.
Malgré cette toile de fond préoccupante, la communauté mondiale n’a pas réussi à faire des progrès significatifs sur le financement de l’action climatique lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques COP29 qui s’est tenue le mois dernier. Le sommet de l’ONU sur la biodiversité COP16 a obtenu des résultats légèrement meilleurs, avec une avancée importante pour les droits des Autochtones, mais une inaction similaire en matière de financement. Ces résultats ont été obtenus dans le sillage du Rapport Planète vivante du WWF, qui a révélé un déclin « catastrophique » de 73 % de la taille moyenne des populations d’espèces suivies au cours des 50 dernières années.
Tels sont les défis, et ils sont de plus en plus nombreux, mais nos progrès le sont tout autant. Cette année a vu la réconciliation faire progresser la protection, la restauration récupérer des habitats, la mobilisation influencer la politique, la recherche étayer la règlementation, le savoir traditionnel développer la science et les communautés échanger des connaissances. Et nous désirons vous présenter comment votre soutien nous a permis d’aider les espèces et les humains.
Merci mille fois. Nous sommes impatient.e.s de continuer à agir pour la nature ensemble en 2025.
Vous avez élevé la voix pour des océans moins bruyants – et le gouvernement vous a écouté.e.s!
Nous avons commencé l’année 2024 en tirant la sonnette d’alarme sur les retards dangereux de la stratégie canadienne sur le bruit dans les océans, promise depuis longtemps. En réponse, plus de 11 000 d’entre vous ont envoyé des courriels demandant au gouvernement fédéral de ne pas laisser passer une autre année sans agir pour protéger les baleines et d’autres espèces marines de la pollution par le bruit sous-marin.
Lorsque l’ébauche de stratégie a finalement été publiée cet été, vous avez à nouveau élevé la voix au nom des espèces pendant la période de consultation publique. Ensemble, nous maintiendrons la pression jusqu’à ce que nous disposions d’un plan solide pour réduire le volume sonore dans les océans.
Tout l’Arctique, partout, tout à la fois
Notre équipe de conservation de l’Arctique a soutenu cette année des initiatives communautaires dans tout le Nunavut, en finançant des recherches cruciales, en amplifiant les voix locales et en défendant leurs intérêts aux niveaux national et international.
En plus de soutenir les efforts continus de l’association Taloyoak Umarulirigut (TUA) pour créer l’aire protégée et de conservation inuite d’Aqviqtuuq, d’une superficie de près de 90 000 kilomètres carrés, nous avons facilité les échanges de connaissances en personne avec les communautés kitikmeotes voisines de Gjoa Haven et de Kugaaruk.
Nous avons également tenu une réunion à Iqaluit avec des représentant.e.s des organisations de chasseur.se.s et de trappeur.se.s de Sanirajak, Igloolik et Naujaat. Le projet de la société minière Baffinland de construire le premier chemin de fer au Nunavut et un port en eau profonde à Steensby Inlet figurait en tête de l’ordre du jour. Si ce projet se concrétise, la société expédiera jusqu’à 22 millions de tonnes de minerai de fer, menaçant les caribous, les morses, les baleines nordiques et les ours polaires.
Notre Fonds pour la conservation des espèces de l’Arctique a soutenu la recherche et les efforts d’intendance concernant les morses et les baleines boréales dans le couloir de navigation du bassin Foxe, ainsi que des projets concernant les caribous et les ours polaires sur des thèmes allant de la surveillance à la réduction des conflits, en passant par la planification de l’utilisation des terres et l’éducation adaptée à la culture.
Notre équipe spécialisée en navigation s’est efforcée de réduire le bruit sous-marin dans les trois océans. Elle a également convaincu l’Organisation maritime internationale d’approuver une zone de contrôle des émissions dans les eaux arctiques canadiennes dans le but de réduire l’acidification des océans et le carbone noir, une particule semblable à de la suie qui nuit à la santé humaine et accélère la disparition de la banquise.
La plus grande Ascension pour la nature de notre histoire!
La célèbre Ascension pour la nature du WWF, qui a fait ses premiers pas en 1991 à la Tour CN à Toronto, a atteint un niveau encore plus élevé cette année avec un évènement au stade BC Place de Vancouver et une Ascension autonome partout au pays.
Au total, près de 6000 personnes ont fait 11 407 479 pas et ont collecté plus de 1,5 million de dollars pour la conservation des espèces.
Vous voulez vous engager pour la nature au cours de la nouvelle année? Les inscriptions sont désormais ouvertes pour 2025. Cliquez ici pour en savoir plus (en anglais seulement).
re:cultiver continue de pousser
Les habitats des espèces ont continué à s’enraciner dans les communautés à travers le Canada dans le cadre de notre programme re:cultiver. Lancé l’année dernière, re:cultiver a poursuivi sa croissance avec 1241 participant.e.s qui ont mis en terre 25 938 plantes et arbres en 2024.
Pour créer un engouement autour des plantes indigènes, nous les avons rendues accessibles dans 133 centres de jardinage Loblaws en Ontario et au Québec, dont certains ont accueilli une installation artistique accrocheuse qui a suscité des achats et des inscriptions partout où elle apparaissait.
Un travail à la hauteur
Qu’il s’agisse d’utiliser des drones pour cartographier les forêts et calculer la biomasse des arbres, ou de prélever des échantillons de sol et de tourbe à l’aide de carottiers, notre programme national de formation à la mesure du carbone a pris son envol et a creusé le sol au cours de cette saison de terrain.
Nous avons voyagé à travers le pays pour former les membres des communautés et avons lancé une bibliothèque en ligne gratuite afin que les communautés puissent mesurer le carbone dans les forêts, la végétation et les sols de leurs terres et territoires pour les aider à prendre des décisions éclairées en matière d’utilisation des terres.
Des recherches révélatrices sur la vitesse des navires et leurs rejets
La zone marine du Grand Ours, une zone de 100 000 kilomètres carrés située au large des côtes nord et centrale de la Colombie-Britannique, abrite des espèces à risque comme le rorqual commun et l’orque, ainsi qu’un trafic maritime en augmentation rapide pour desservir un terminal de gaz naturel liquéfié presque achevé à Kitimat.
Nous avons donc publié une étude cartographiant la vitesse et la pollution des navires – et appelant à des eaux plus calmes – pour montrer précisément où les mammifères marins sont les plus vulnérables aux polluants nocifs et aux collisions souvent fatales avec les navires.
Parallèlement à notre travail de plaidoyer, cette recherche contribuera à informer et à soutenir les efforts de protection, dont un réseau d’aires marines protégées couvrant 30 000 kilomètres carrés dans cette région, qui sera cogouverné par les Premières Nations côtières et les gouvernements fédéral et provincial.
Nation restauration
Cette année, nos efforts de restauration se sont déployés d’un océan à l’autre. Au Nouveau-Brunswick, nos partenaires ont restructuré un canal érodé de 230 mètres à Edmundston, une ville sujette aux inondations, et ont planté plus de 17 000 arbres dans le bassin versant du fleuve Wolastoq (Saint-Jean) afin d’atténuer les risques et les conséquences des inondations, de réduire l’érosion et de fournir des habitats essentiels.
Au Québec, nous nous sommes efforcé.e.s de rétablir la biodiversité dans des érablières et les emprises de transport électrique, tandis qu’en Ontario, nous avons mobilisé des jeunes, des agriculteur.rice.s et des bénévoles pour planter une grande variété de plantes indigènes afin de revitaliser des zones humides, des terres agricoles, des forêts et des prairies de fleurs des champs.
En Colombie-Britannique, la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society a planté la quantité impressionnante de 500 000 arbres, restaurant 250 hectares de territoire Secwépemc incendié dans le centre intérieur de la province. Pendant ce temps, dans le bassin versant du cours inférieur du fleuve Fraser, la Première Nation Katzie a augmenté le débit d’eau douce dans le canal Boise, permettant ainsi au saumon rouge d’achever son cycle de frai et de rétablir sa population.
Aider les entreprises à se joindre à la lutte contre la perte de biodiversité
Nous avons lancé notre Plan d’action pour les entreprises et la biodiversité, un outil gratuit développé conjointement avec Aviva Canada qui offre une marche à suivre sur la façon dont les entreprises peuvent contribuer à une économie plus durable.
Qu’il s’agisse de compléter le Filtre de risques pour la biodiversité du WWF, d’adhérer au Programme d’engagement corporatif du Science-Based Targets Network, d’apprendre à s’engager de manière respectueuse avec les communautés autochtones ou de créer des mesures de responsabilisation des entreprises, ce guide pratique étape par étape peut aider les entreprises à évaluer, minimiser et transformer leurs répercussions sur la nature – aujourd’hui et à l’avenir.
La clôture sensorielle
Nous avons soutenu des solutions locales – littéralement cultivées localement dans certains cas – aux conflits entre les humains et les espèces dans la région de l’Arc du Teraï au Népal. Rinjan Shrestha, notre expert en espèces asiatiques, a travaillé avec des partenaires et des membres de la communauté sur des programmes qui aident les populations de tigres, de rhinocéros, d’éléphants et de léopards à se rétablir tout en assurant la sécurité des humains.
L’une de ces solutions est connue sous le nom de « clôture sensorielle ». Elle consiste à planter stratégiquement des cultures – comme des citronniers, une espèce locale de menthe et du curcuma – qui émettent des odeurs qui dissuadent sécuritairement les espèces de s’aventurer trop près des établissements humains, tout en fournissant des sources de revenus additionnelles aux agriculteur.rice.s locaux.ales – une solution aromatique gagnant-gagnant.
De nouveaux fonds pour la conservation menée par les Autochtones
Après avoir soigneusement examiné plus de 35 manifestations d’intérêt – et avec les conseils d’un comité consultatif autochtone – notre Fonds de soutien aux APCA a connu sa saison inaugurale, déboursant 500 000 $ cette année pour sept initiatives d’aires protégées et de conservation autochtones à divers stades d’avancement.
Ce fonds a été créé pour soutenir les gouvernements ou les organisations des Premières Nations, des Inuit et des Métis.ses qui cherchent à savoir si des mécanismes tels que les APCA, qui sont définies et gérées par les communautés autochtones et qui sont régies par les lois et les systèmes de savoir autochtones, pourraient les aider à concrétiser leur vision de leurs terres et de leurs eaux.
La certification Campus vivant est lancée
Cet automne, nous avons célébré la toute première cohorte à obtenir notre certification Campus vivant, qui reconnait les efforts des établissements d’enseignement postsecondaire en faveur de l’intendance de l’environnement et du développement durable.
Neuf campus ont atteint les critères rigoureux de la certification en menant une série d’activités tout au long de l’année scolaire 2023-2024. Ces activités incluent la grainothèque de l’Université Brock, les zones sans tondeuse de l’Université Concordia et le retrait de roseaux communs (phragmites) envahissant un cours d’eau du campus du Collège Niagara.
En mission à la COP16
Alors que nous étions en Colombie pour la Convention des Nations unies sur la biodiversité COP16, nous avons lancé publiquement Mission restauration, une
initiative visant à aider le Canada à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés du pays d’ici 2030 – un engagement international qui a été pris lors de la COP15 à Montréal.
La restauration, qui peut aller du reboisement de régions ravagées par les incendies à la reconstitution des frayères à saumons et à la réparation des berges ravagées par les inondations, est essentielle pour renverser la perte de biodiversité et réduire les répercussions des dérèglements climatiques.
Mission restauration réunira les grands détenteur.rice.s de droits et propriétaires foncier.ère.s – communautés autochtones, organisations à but non lucratif, gouvernements et entreprises – afin de suivre leurs progrès, de partager leurs connaissances et de créer un élan pour ramener la nature dans tout le Canada.
Votre appui nous a permis de réaliser tellement de choses cette année. Mille fois merci. Vous pouvez en lire davantage sur nos actions de l’année dans le Rapport annuel 2024.