Comment débuter un jardin de semences (et pourquoi vous devriez vous lancer!)

Un jardin de semences est simplement un groupe de plantes indigènes cultivées dans le but d’en récolter les semences, comme on cultive des légumes dans le but de récolter des aliments.  Mais pourquoi voudriez-vous produire des semences, pour commencer?

Une bonne raison, c’est qu’en augmentant l’apport de semences de plantes indigènes, vous posez un geste important vers la restauration d’habitat pour les oiseaux, les abeilles et d’autres espèces. Le WWF-Canada s’est donné pour but de Régénérer le Canada par la restauration d’au moins un million d’hectares d’habitat pour les espèces d’ici 2030 – et vous pouvez aider!

A group of five people harvesting seeds from plants in a seed garden with a field and trees in the background.
La récolte de semences des plantes indigènes © Ben Watt-Meyer

Notre nouvelle plateforme participative pour les plantes indigènes, re:cultiver, est conçue pour soutenir les personnes qui veulent contribuer à cet effort ambitieux. Cultiver un jardin de semences est une action de conservation cruciale qui aide à accroitre la disponibilité de plantes indigènes dans votre communauté, car les espèces locales ne sont pas nécessairement disponibles facilement dans les pépinières ou les centres de jardinage. Vous pouvez ensuite partager les résultats avec votre famille, vos ami.e.s et voisin.e.s qui désirent aussi faire pousser des plantes indigènes.

Bien entendu, le processus de culture de semences pour aider à accroitre les populations de plantes indigènes produit aussi de magnifiques jardins qui fleurissent et donnent des fruits durant toutes les saisons, fournissant de ce fait nourriture et abri pour les espèces.

(Il existe aussi une culture qui s’appelle un « verger de semences » qui est simplement un jardin de semences à plus grande échelle, comme une culture intensive – soit un projet que vous pourriez entamer si vous avez une terre assez grande à travailler.)

Vous pouvez débuter votre jardin de semences en suivant les étapes ci-dessous :

A flourishing seed garden with flowers as well as seeds emerging from a pod and wildlife visitors including a squirrel, butterflies and bees.
Un jardin de semences florrisant. Illustré par Jillian Thalman.

 

 

Étape 1 : Planifiez votre jardin

Exemple d'un plan d'ensoleillement
Exemple d’un plan d’ensoleillement. Illustré par Jillian Thalman.

Lorsque vient le temps de choisir un emplacement pour aménager votre jardin de semences, vous devez tenir compte de cinq éléments principaux :

La superficie – Un grand jardin offre une variété de choix et facilite la diversité génétique, mais nécessite plus de préparation et d’entretien.

Le soleil – Cartographiez votre jardin de semences par zone en indiquant pour chacune si elle se trouve à l’ombre, à la mi-ombre (3 à 6 h d’ensoleillement par jour) ou en plein soleil.

Le sol – Déterminez la texture du sol en effectuant le test tactile ou le test du bocal. Il est important de savoir quelles proportions de sable, de limon et de particules d’argile composent votre sol; certaines plantes s’épanouissent dans un sol sablonneux, tandis que d’autres poussent mieux dans un sol mixte.

L’eau – Même si les plantes indigènes sont adaptées aux cycles de pluie de votre région, il faudra un certain temps pour que leur système racinaire se développe. Donc, assurez-vous d’avoir accès à une source d’eau à proximité de votre site.

Le vent – Idéalement, votre jardin devrait être à l’abri du vent, soit dans une vallée ou entouré d’arbres, pour empêcher que des semences ne soient disséminées.

 

Voici quelques éléments à garder en tête lorsque vient le temps de choisir vos plantes :

Vérifiez auprès de votre municipalité s’il existe une stratégie relative aux semences ou une liste d’espèces végétales importantes.

Communiquez avec des spécialistes de la pollinisation, des jardiniers.ère.s et d’autres personnes qui utilisent les semences indigènes pour savoir quelles sont les espèces les plus populaires.

Rappelez-vous que la densité idéale est de quatre plantes par mètre carré.

Veillez à vous procurer des espèces indigènes pures; vous pouvez trouver de nombreux cultivars dans les centres de jardins.

Achetez des plantes auprès de plusieurs fournisseurs pour assurer la diversité, et si possibles, des fournisseurs de la région pour que les plantes soient adaptées aux conditions locales.

Si vous faites pousser vos plantes à partir de semences, assurez-vous qu’elles proviennent de plusieurs plantes.

 

Étape 2 : Préparez et plantez votre jardin

Si votre plan est suffisamment détaillé, la plantation devrait se résumer à la mise en terre de jeunes plants.

Le meilleur moment pour la mise en terre est le printemps ou le début de l’automne, lorsqu’il ne fait pas trop chaud et qu’il pleut souvent.

 

Étape 3 : Soyez aux petits soins

Au printemps, vous pouvez entreprendre un certain nombre de tâches pour améliorer votre jardin de semences et assurer une récolte abondante :

Arracher les mauvaises herbes. De nombreuses espèces envahissantes communes, comme l’alliaire officinale, l’égopode podagraire et le nerprun, sont plus faciles à retirer au printemps, lorsqu’elles sont de jeunes pousses.

Ajouter de nouvelles plantes pour remplacer celles qui sont mortes.

Noter le moment où vos plantes fleurissent. Il s’agit d’une information précieuse qui vous aidera à prévoir quand les semences seront prêtes.

Ajouter du paillis autour des plantes ou dans les allées entre les rangs.

Épandre une petite quantité de compost sur le jardin de semences pour y ajouter des nutriments.

Les étapes de planter une plante, dont : mesurer et creuser un trou, placer la plante et remplir le trou, presser et arroser le sol.
Comment planter une plante. Illustré par Jillian Thalman.

 

Étape 4 : Récoltez vos semences

Les graines sont mûres lorsqu’elles commencent à se détacher de la plante par elles-mêmes. Les signes exacts de maturité varient d’une espèce à l’autre, mais en règle générale, les graines brunissent, sèchent et se détachent facilement lorsqu’elles sont mûres. Les graines ou les gousses qui sont vertes ne sont généralement pas prêtes.

Pour bien entreposer les semences, vous devez les nettoyer en les séparant de l’élément végétal (paillettes). Il existe quatre types de semence :

Aigrettes / semences à poils – Exemple : asclépiade, verge d’or, aster

Séparez les graines de l’enveloppe duveteuse en utilisant des gants et en les frottant les unes contre les autres au-dessus d’un contenant. Un tamis suffisamment grand pour laisser passer les graines peut être utile.

Tubes / semences en capsule – Exemple : monarde fistuleuse, verveine bleue, rudbeckie tardive

Chaque graine se trouve dans un tube appelé « calice ». La meilleure façon de recueillir et de nettoyer ce genre de semences est de couper entièrement les têtes de semis, de les mettre dans un sac et de les secouer vigoureusement. Les graines sortiront des tubes et se retrouveront au fond du sac.

Semences en gousse – Exemple : desmodie du Canada

Ces gousses sont délicates. Quand on a affaire à de petites quantités, il est possible de faire sortir les graines une à une. Dans le cas de grandes quantités, on peut utiliser un moulin à café (une ou deux impulsions) pour briser la gousse.

Baies / semences à chair – Exemple : petit prêcheur, vigne vierge commune

En général, les graines doivent être séparées du fruit charnu, et un mélangeur que vous adaptez peut s’avérer très pratique pour cela. D’abord, recouvrez les lames du mélangeur de plusieurs couches de ruban adhésif pour protéger les graines des arêtes tranchantes. Les lames broieront les baies sans briser les graines. Ensuite, lavez les graines pour retirer la pulpe et, à l’aide d’une passoire, choisissez les graines dures.

Les quatre types de semences : les aigrettes ou semences à poils, les baies ou semences à chair, les semences en gousse et les tubes ou semences en capsule.
Les quatre types de semences. Illustré par Jillian Thalman.

 

Étape 5 : Entreposez et partagez vos semences

Pensez à ce dont une graine a besoin pour pousser : la lumière, la chaleur et l’eau. Pour l’entreposage, c’est l’inverse : il faut de l’obscurité, de la fraîcheur et un environnement sec. Faites sécher complètement vos semences en les laissant à l’air libre pendant quelques semaines.

Les mois de novembre et décembre sont des mois idéaux pour partager vos semences. Pensez à offrir vos semences à une bibliothèque de semences. Certaines villes disposent de bibliothèques de semences spécialisées dans les semences indigènes, tandis que d’autres acceptent certaines semences indigènes. Notez les groupes à qui vous donnez des semences et faites un suivi pour savoir si elles germent bien.

 

Étape 6 : Cultivez de nouvelles plantes à partir des graines

Vous pouvez utiliser les semences d’un jardin de semences pour cultiver des plantes que vous offrirez au printemps ou pour améliorer les plantations de vos propres jardins de semences. C’est le moment de commencer la stratification par le froid et l’humidité, soit dans le réfrigérateur pour simuler les conditions hivernales extérieures, soit en semant les graines dans des pots dehors.

 

Apprenez-en plus sur les jardins de semences

Pour en savoir plus sur l’aménagement d’un jardin de semences et pour contribuer aux efforts collectifs pour régénérer le Canada, rejoignez-nous sur re:cultiver.

 

Le logo recultiver au-dessus du message "Aidez à enraciner le changement et à restaurer la végétation indigène du Canada." et un bouton disant "s'inscrire". À coté du texte, une main levée tient un cellulaire.