Voici comment les vergers de semences peuvent répondre à un besoin croissant de plantes indigènes

La restauration de vastes zones dégradées et fragmentées en habitats sains pour les humains et les espèces est un des objectifs ambitieux de notre plan sur 10 ans. Restaurer des centaines de milliers de kilomètres carrés de cette façon implique la plantation de millions et même de milliards de plantes indigènes.

Et ce ne sont pas n’importe quelles sortes de plantes qui feront l’affaire! Nous avons besoin de plantes indigènes de sources traçables locales aux sites de restauration. Mais il y a problème… ces plantes ne sont pas encore disponibles dans les quantités et la diversité dont nous avons besoin.

Pale purple coneflower seeds
Graines d’échinacée pâle cueillies à la main d’un verger de semences de démonstration à l’automne 2021 © Jesse Wyatt, avec l’autorisation de SpruceLab Inc.

En effet, il n’y a pas de magasin magique de plantes indigènes où vous pouvez simplement acheter 10 000 plants de zizia doré venant du comté de Chatham-Kent pour un projet de restauration que vous voulez commencer cette année. La demande pour les plantes indigènes est forte et croissante (ce qui est une excellente nouvelle!), mais l’offre ne fournit pas à la demande.

Heureusement, les plantes sont d’efficaces reproductrices.

En un an, une seule plante peut facilement produire 100 graines, qui peuvent produire 100 plantes additionnelles qui feront elles-mêmes 10 000 graines de plus, etc. En écologie, cette croissance exponentielle est appelée « fécondité » et nous pouvons utiliser cette puissance pour produire les plantes dont nous avons besoin pour atteindre nos cibles de restauration.

Accomplir cette tâche de la bonne façon demande beaucoup de coordination, de normalisation et de suivi de plusieurs pièces en mouvement y compris d’un maillon très intéressant dont vous n’avez probablement jamais entendu parler : les vergers de semences.

Un verger de semences est un site où des plantes d’origine connue sont cultivées dans le but d’en récolter et d’en distribuer les graines. Ces jardins de moyenne ou grande échelle sont une sorte de banques vivantes de semences avec différentes espèces de plantes rassemblées et étiquetées pour une récole efficace de leurs graines. Pensez à un potager densément planté ou un champ de ferme, mais rempli de sections de plantes indigènes.

Un seul verger de semences ne va pas résoudre le problème, mais plusieurs vergers réunis peuvent former un réseau régional qui desservirait plusieurs projets de restauration dans une écorégion ou un bassin versant donnés.

 

Seed orchard
À l’été 2021, ce verger de semences s’était bien développé. © Cat Sobotta, avec l’autorisation de SpruceLab Inc.

Voyons voir pourquoi tout cela est nécessaire en explorant quelques scénarios. Imaginez que vous avez un site à restaurer à Shawinigan, au Québec, et que vous avez besoin de 10 000 plants de verveine hastée pour votre projet. Ilpeut être très difficile de trouver plusieurs espèces indigènes en vente où que ce soit, et si vous en trouvez, elles seront souvent en faible quantité (de quelques douzaines à quelques centaines).

Plusieurs producteur.rice.s demandent un avis de trois ans ou plus (!) pour produire les plantes en de telles quantités. Nous ne pouvons clairement réussir avec ces délais et en fonctionnant au cas par cas.

Imaginez maintenant qu’au lieu de vous rendre directement à la pépinière, vous vous adressez aux autorités et demandez un permis de récolte de semences sauvages de verveine hastée. On vous accorde le permis, vous sortez et récoltez vos graines, puis les envoyez à une pépinière en demandant qu’on fasse pousser les 10 000 plantes que vous achèterez ensuite. 

Mais il y a un problème majeur : récolter des semences sauvages perturbe grandement les populations sauvages et les habitats. Si elle est faite sans précaution, toute cette récolte peut endommager l’écosystème. Retirer autant de graines de la nature affectera certainement les plantes qui ont besoin de ces semences pour se perpétuer, ainsi que les oiseaux, les mammifères et les insectes à qui elles servent de nourriture. Nous devrions vraiment viser à minimiser la quantité de récoltes sauvages que nous faisons, ce qui peut être atteint avec un verger de semences.

Dans le meilleur des scénarios, vous commenceriez par les mêmes étapes que précédemment, soit  par l’obtention d’un permis et la récolte de semences sauvages, mais vous les utiliseriez pour établir un verger de verveine hastée qui produira des graines en abondance année après année pour la récolte et la distribution sans affecter les populations sauvages. 

Les semences produites en verger iront ensuite à la pépinière pour être cultivées et produire vos 10 000 plants de verveine hastée que vous pourrez enfin planter pour commencer à restaurer votre site. Et maintenant que le verger est établi, les graines peuvent être utilisées pour plein d’autres sites de restauration!

Et quel est le rôle du WWF-Canada dans tout cela? Nous avons aidé les meilleur.e.s cultivateur.rice.s de plantes indigènes à unir leurs forces et à s’incorporer pour devenir l’Ontario Native Plant Growers Association (soit l’Association des cultivateur.rice.s de plantes indigènes de l’Ontario) et nous avons financé 10 vergers de démonstration en 2021 pour aider à démarrer le mouvement. Nous nous associons aussi à des producteur.rice.s commerciaux.ales pour déployer des vergers de semences en Ontario et au Québec.

Et ce n’est que le début. Ça demandera beaucoup d’effort, mais nous sommes déterminé.e.s à faire pousser ces vergers, partant d’une toute petite semence et jusqu’à ce dont nous avons besoin pour Régénérer le Canada.

Le programme de vergers de semences du WWF-Canada est soutenu par Air Wick.

Vous pouvez contribuer à la restauration des habitats en cultivant votre propre verger de semences, ou une version réduite : un jardin de semences! Visitez re:cultiver pour en apprendre plus.

Le logo recultiver au-dessus du message "Aidez à enraciner le changement et à restaurer la végétation indigène du Canada." et un bouton disant "s'inscrire". À coté du texte, une main levée tient un cellulaire.