Un abri accueillant pour chauves-souris (x50)

« Lorsque j’étais petite, les chauves-souris étaient partout! Quand on jouait dehors, elles volaient autour de nous. Maintenant, c’est très rare de les apercevoir », se souvient Stefanie Recollet, résidente de la Première Nation de Wahnapitae à Capreol, près de Sudbury en Ontario.
Lorsque sa communauté a été contactée par le Service canadien de la faune à propos des espèces à risque vivant à proximité de la réserve, elle a ainsi pu faire le lien entre ce qui se passait sur le terrain et le dramatique déclin des populations de chauves-souris partout au pays. « Nous voulions passer à l’action »  explique-t-elle. Ils ont appliqué et reçu une subvention communautaire Libérez votre nature et rassemblé la communauté autour d’un projet de construction d’abris pour chauves-souris afin de participer à l’amélioration de la situation pour cette espèce à risque, avec Stefanie Recollet comme leader.

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Petite chauve-souris brune. © Wikimedia Commons

À travers le pays, les populations de chauves-souris en déclin inquiètent. Sept des dix-huit espèces de chauves-souris au Canada se retrouvent sur la liste des espèces en péril, selon la Loi sur les espèces en péril du gouvernement du Canada (LEP). Les principales menaces auxquelles sont confrontées les chauves-souris sont :

  • Les pesticides et les changements de leur habitat qui réduisent les populations de leurs proies (insectes);
  • La perte d’habitat causée par la déforestation;
  • La perte d’habitat causée par la destruction des cavités de reproduction et caves d’hivernage (les cavités souterraines telles que les grottes et les puits de mine où les chauves-souris hibernent);
  • Les perturbations causées par l’humain, telles que l’augmentation de la spéléologie;
  • et l’introduction du syndrome du museau blanc

Le syndrome du museau blanc a été particulièrement dévastateur, se propageant rapidement à travers les populations d’au moins trois espèces de chauves-souris, certaines ayant chuté de 90 %. La petite chauve-souris brune, la chauve-souris nordique et la pipistrelle de l’Est, dont les aires s’étendent jusqu’à la Première Nation de Wahnapitae, ont été les trois populations les plus durement touchées par la maladie et sont considérées comme espèces menacées.
Avec le soutien de la subvention communautaire Libérez votre nature, la Première Nation de Wahnapitae a organisé une « Journée de construction d’abris pour chauves-souris ». Enfants, parents et grands-parents ont pu en apprendre davantage sur la localisation des chauves-souris et comment les aider, grâce au biologiste et expert des chauves-souris Franco Mariotti, qui a rendu visite à la communauté. À la fin de la journée, 50 nouveaux abris à chauves-souris étaient construits.

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© Stefanie Recollet

« Notre but était de sensibiliser la population sur le déclin des chauves-souris et d’aider à démystifier certains préjugés sur cette espèce. Nous voulions démontrer à quel point les chauves-souris sont fascinantes, utiles et fondamentales pour nos écosystèmes. Nous voulions aussi remédier à la perte d’habitat en construisant des abris d’été lorsqu’elles sortiront de leur hibernation », explique Stefanie Recollet.
Avec les nouveaux abris en place, la Première Nation de Wahnapitae participe maintenant à une étude régionale en compagnie d’autres communautés autochtones qui ont elles aussi constaté un déclin des populations de chauves-souris. Durant l’automne, elles feront le suivi des abris pour noter les occupations et recueillir les renseignements qui aideront à tracer les tendances pour enfin trouver des solutions pour le rétablissement des chauves-souris.
L’objectif principal de la Journée de construction d’abris pour chauves-souris est de créer un milieu sécuritaire et propre pour les chauves-souris, mais Stefanie Recollet croit que des activités comme celles-ci nous rappellent la responsabilité que nous avons tous envers la nature.
« C’est dans nos traditions d’être des gardiens de la Terre. Et s’ils en ont la chance, les enfants prennent ce rôle vraiment au sérieux : ils comprennent leurs responsabilités », affirme-t-elle. À travers le programme de superhéros de la communauté, les enfants reçoivent des capes et choisissent un superpouvoir qui symbolise leur responsabilité personnelle envers la nature. Que ce soit l’eau, la terre, les arbres, les chauves-souris ou autre, ils continueront de participer aux projets pour la protection ou la conservation du monde naturel.
Pourquoi les citoyens devraient-ils libérer leur nature? Selon Stefanie Recollet, il faut libérer notre nature afin de s’assurer qu’une nature existe pour nos enfants : « La nature fait partie intégrante de qui nous sommes. Nous sommes faites pour vivre en harmonie avec notre environnement. »
Comment aider les chauves-souris
Même si les chauves-souris nécessitent une intervention en conservation à grande échelle qui réduit les pesticides et protège leur habitat, il existe quelques petites actions utiles accessibles à tous, comme la fabrication d’abris pour les chauves-souris.
Pour aller plus loin, vous pouvez appliquer pour une subvention communautaire Libérez votre nature, présentée par TELUS. L’appel à projets pour l’édition Hiver 2016-2017 est ouvert jusqu’au 23 septembre 2016.