Travailler avec une communauté insulaire due Nunavut pour construire une « économie bleue » durable

Une communauté inuite d’un archipel isolé du sud-est de la baie d’Hudson regarde une fois de plus vers la mer pour nourrir sa population, comme elle le fait depuis des siècles.

Nichée au cœur des plis de roche sédimentaire, de basalte et de fer vieux de plus de deux milliards d’années qu’on appelle les iles Belcher, la municipalité de Sanikiluaq est partenaire du programme de pêches communautaires du WWF-Canada. Nous travaillons avec les communautés nunavoises afin de construire une économie bleue durable – une économie basée sur la mer qui incorpore non seulement la prospérité financière, mais aussi des impacts positifs pour les communautés et les écosystèmes – à travers le développement de pêches commerciales à petite échelle.

Sala Iqaluq et Sali Paau Kuki, résidents de Sanikiluaq, prélèvent des échantillons près des iles Belcher, au Nunavut, le 16 octobre 2021 © Doug Chiasson

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme dans plusieurs communautés inuites, les résident.e.s de Sanikiluaq tirent une grande partie de leur alimentation de la mer, d’où il.elle.s récoltent du phoque, du morse, du béluga et de l’omble chevalier. Les Sanikiluarmiut.e.s vont aussi chercher en eaux plus profondes quand il s’agit de fruits de mer, et il n’est pas rare de voir des moules, des pétoncles, des étoiles de mer, des oursins ou des concombres de mer à table ou sur le feu.

Travailler avec des communautés comme Sanikiluaq pour développer des activités économiques durables comme la pêche à petite échelle est particulièrement important parce qu’il y a peu d’autres options économiques. Certaines personnes vivent de la sculpture, du tissage et de la fabrication de vêtements d’hiver doublés de duvet de canard. Il y a aussi des baux miniers en vigueur sur les iles, mais la communauté est fortement opposée au développement d’une mine.

Ainsi, une pêche commerciale à petite échelle permettra aux pêcheur.se.s des iles de renforcer la sécurité alimentaire de leur communauté, non seulement par la récolte, mais en fournissant des revenus qui peuvent servir aux dépenses associées à la récolte d’autre nourriture traditionnelle, notamment pour le carburant, les munitions, les bateaux et les tout-terrains.

Depuis 2019, le WWF-Canada et nos partenaires de recherche de l’Université du Québec à Rimouski et de l’Université Memorial de Terre-Neuve travaillent ensemble à mieux comprendre les populations de pétoncles, d’oursins et de concombres de mer autour des iles Belcher.

Échantillon de récolte autour des iles Belcher, Nunavut © Doug Chiasson
Échantillon de récolte autour des iles Belcher, Nunavut © Doug Chiasson

 

Cela implique de réaliser un échantillonnage biologique et des vidéos sous-marines des zones d’abondance potentielle de ces espèces. Nous avons aussi échantillonné des moules, des concombres de mer et des oursins des zones qui sont importantes pour la récolte de subsistance de la communauté afin de contribuer à leur compréhension de ces zones.

Après nos premiers relevés de récolte en 2019, nous avons commencé la planification pour la saison des eaux libres 2020. Mais comme toutes les autres facettes de nos vies, l’étude a été perturbée par la pandémie. Cela s’est révélé encore plus vrai pour Sanikiluaq, où a été enregistré le premier cas de COVID-19 au Nunavut. Heureusement, grâce à la coordination avec des partenaires et l’Association de chasse et trappe locale, des échantillons ont tout de même pu être récoltés en 2020.

Faisons un saut dans le temps jusqu’en 2021, lorsque les restrictions de déplacement se sont allégées, permettant à notre personnel et à nos partenaires du sud du Canada de se rendre à Sanikiluaq. Ce voyage a donné l’occasion de rencontrer nos partenaires du conseil de l’Association de chasse et trappe et d’organiser une réunion ouverte à tou.te.s les membres de la communauté, et de réaliser d’autres échantillonnages.

Écouter les membres de la communautés, les ainé.e.s et les chasseur.se.s parler des endroits où se trouvent les espèces ciblées est essentiel à notre recherche. En aidant nos chercheur.se.s à comprendre les courants, les flux et la façon dont la glace se forme à certains endroits précis, ces personnes nous aident à comprendre les lieux dont les conditions sont optimales pour un habitat de mollusques et crustacés.

Établir à Sanikiluaq une pêche durable à petite échelle basée sur l’expertise en recherche sur les pêches des partenaires universitaires et le savoir collectif des chasseur.se.s et pêcheur.se.s locaux.ales est une démonstration essentielle du potentiel de l’économie bleue au Nunavut.

En travaillant ensemble, cette recherche peut étayer des décennies d’activité économique durable à Sanikiluaq en renforçant la récolte de subsistance traditionnelle.