RPVC 2025 : « Nous ne devrions jamais séparer qui nous sommes de nos terres et de nos eaux » Kianna Bear-Hetherington, membre de la Nation Wolastoqey

Notre Rapport Planète vivante Canada (RPVC) 2025 a utilisé 5 099 inventaires de populations pour 910 espèces afin de faire le suivi de la perte d’espèces au fil du temps. Mais l’état de santé des écosystèmes ne peut être pleinement capté par un seul système de savoir. Le RPVC 2025 inclut donc des perspectives autochtones de tout le pays. 

Kianna Bear-Hetherington, une gardienne des eaux, est une fière Wolastoqey de Sitansisk, qu’on connait aussi sous le nom de Première Nation Saint Mary’s à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

Kianna Bear-Hetherington, une gardienne des eaux de la Nation Wolastoqey, souriante avec la Wolastoq en arrière-plan
Kianna Bear-Hetherington, une gardienne des eaux de la Nation Wolastoqey.

Elle a grandi en nageant et en pêchant dans les lacs et les rivières de sa communauté et a toujours conservé une profonde connexion avec le territoire et ses eaux.

Écouter les Ainé.e.s et les gardien.ne.s du savoir lui a enseigné énormément sur la relation sacrée entre le territoire et l’eau, comme ne pas se séparer de la nature, un enseignement qui l’a ensuite menée à travailler dans les pêches dans sa communauté.

À travers son travail avec la Nation Wolastoqey au Nouveau-Brunswick, le conseil consultatif technique pour les six communautés Wolastoqey de la province, elle peut approfondir sa compréhension de sa propre identité.

Voici ce que Kianna nous a raconté à propos des changements qu’elle remarque sur la Wolastoq, de l’importance du savoir intergénérationnel et de la valeur des données.

L’ensemble du système fluvial et l’effet sur l’ensemble de l’écosystème sont vraiment clairs. J’ai entendu beaucoup de nos Ainé.e.s parler de la façon dont les choses étaient autrefois : comment la rivière était pleine de saumons et la terre nous donnait la nourriture et les médicaments dont nous avions besoin, et à quel point nous nous sentions connecté.e.s à tout ce qui nous entourait. Et maintenant, avec la façon dont la rivière a été modifiée, cet équilibre a été perdu. C’est une véritable lutte pour nos communautés et pour les espèces qui prospéraient ici avant. C’est vraiment triste.

J’ai une formation en gestion de l’environnement. Je sais maintenant comment ça fonctionne. Je ne peux même pas nager dans l’eau en ville. Et mes Ainé.e.s disent que l’eau était tellement claire avant. Vous pouviez voir le fond, et maintenant il est vraiment brun. Je sais qu’une grande quantité d’eaux usées se déverse également dans le cours d’eau, et c’est juste un peu plus loin sur la route de chez moi.

La détérioration des espèces est une perte de culture

L’apprentissage intergénérationnel est tellement, tellement important. Et je sens que nous avons perdu ça. Des changements comme la colonisation et le développement industriel ont eu un effet négatif immense sur nos communautés. Pendant des générations, notre peuple a vécu de la terre et de la rivière, récoltant la nourriture et les médicaments de l’eau.

Mais nous constatons aujourd’hui une perte de ces ressources, et de nombreux membres de notre communauté n’ont plus accès à du poisson frais et sain, comme le saumon. Je ne mangerais pas le poisson que je pêche, qui était autrefois un élément essentiel de notre alimentation et de notre culture. Aujourd’hui, les eaux sont polluées par des produits chimiques et il n’est plus prudent de récolter de la nourriture sur les berges des rivières comme nous le faisions autrefois.

Sur le territoire, on retrouve également des orignaux avec du glyphosate, un herbicide couramment pulvérisé dans nos forêts. Ce n’est vraiment pas sécuritaire pour alimentation. Nous n’avons pas de transparence totale sur les produits chimiques qui polluent cette région et sur la manière dont ils affectent le bienêtre de nos communautés.

Illustration par Shawna Kiesman

Le suivi aide à guider les décisions et la mobilisation

La surveillance des populations d’espèces et la collecte de données sont au cœur de tout ce que nous faisons. Plus nous disposons d’informations, mieux nous sommes équipé.e.s pour protéger le territoire et les espèces. C’est ce qui guide nos décisions et garantit que nous prenons les bonnes mesures pour protéger notre territoire.

Ces données nous permettent également de militer en faveur de protections plus fortes et de promouvoir des politiques qui correspondent à nos valeurs. Les données sont un outil que nous utilisons pour garantir que notre voix est entendue et que nos connaissances traditionnelles sont respectées, tout comme ces données scientifiques.

S’assurer que les prochaines générations s’épanouissent

Je sais que ces animaux et ces médicaments font partie de l’équilibre de notre écosystème et sont aussi profondément liés à notre mode de vie. Je m’inquiète simplement de la manière dont les dérèglements climatiques, toutes ces activités industrielles et la perturbation continue de nos terres et de nos eaux affecteront réellement leurs populations à l’avenir.

Lorsque nous travaillons à soigner les eaux, nous guérissons non seulement la terre, mais aussi nos communautés. Mon rôle est de veiller à ce que les générations futures puissent se connecter à la terre, aux eaux et aux espèces comme nous l’avons toujours fait. Ce que nous avons traversé en tant que peuple et ce pour quoi nous luttons encore, nos droits inhérents et issus de traités, sont ce qui me pousse à continuer dans le travail que je fais pour ma nation.

Le nouveau Rapport Planète vivante Canada 2025 révèle le déclin moyen le plus sévère des populations d’espèces à ce jour. Découvrez ce qui se passe dans les habitats à travers le pays et de la façon dont nous pouvons freiner et renverser la perte d’espèces avant qu’il ne soit trop tard.