RPVC 2025 : « Nous avons besoin que le monde soit plus sérieux à propos de l’avenir » Annie Buckle, Gwich’in Tribal Council
Notre Rapport Planète vivante Canada 2025 (RPVC) 2025 a utilisé 5 099 inventaires de populations pour 910 espèces afin de faire le suivi de la perte d’espèces au fil du temps. Mais l’état de santé des écosystèmes ne peut être pleinement capté par un seul système de savoir. Le RPVC 2025 inclut donc des perspectives autochtones de tout le pays.

Annie Buckle, membre du Gwich’in Tribal Council, a passé la plus grande partie de sa vie à considérer comme sa maison ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom des Territoires du Nord-Ouest. Cette A gwich’in a grandi selon la culture et les traditions – le territoire coule dans ses veines. Après avoir passé son enfance aux cabines de différent.e.s membres de sa famille, elle vit maintenant dans la sienne, aux portes d’Aklavik.
En tant qu’Ainée gwich’in, Annie possède une vaste connaissance du territoire et des espèces qui l’habitent. Elle a passé sa vie à accumuler des connaissances et à renforcer ses convictions sur les relations entre les espèces de sa région et sur la façon de coexister harmonieusement. Le savoir dont elle a hérité s’est construit par le contact direct de milliers de personnes avec la nature et est transmis de génération en génération.
Voici ce que nous a confié Annie à propos des changements qu’elle remarque sur le territoire des Gwich’in, de l’impact des changements climatiques et de l’importance de passer du temps à sa cabine :
J’ai grandi selon la culture et les traditions de mon territoire et j’ai toujours eu ce besoin viscéral d’y passer du temps. Au fil des années, j’ai remarqué beaucoup de changements, mais ce qui me frappe le plus aujourd’hui, c’est le comportement de l’omble. À une époque, on le voyait à un moment précis, mais aujourd’hui, nous ne savons plus quand il va arriver, alors les gens placent leurs filets, mais n’obtiennent que quelques prises.
J’ai aussi remarqué qu’il y avait plus de castors; ils font des barrages partout et cela affecte les niveaux d’eau. On voit aussi de plus en plus de meutes de loups et d’animaux s’approcher du village. Il y a deux ou trois ans, onze ours ont été aperçus au dépotoir, alors qu’on n’en a compté que deux cette année. Donc, quelque chose se passe.
Les feux et le climat transforment notre mode de vie
Les changements climatiques ont une incidence sur les récoltes saisonnières ici, car ils perturbent les animaux. Ceux-ci s’approchent davantage du village et se déplacent plus au nord.
Je remarque aussi l’impact grandissant des feux de forêt au sud; la fumée vient jusqu’à nous et la chaleur est difficile à supporter. Ce qu’on doit faire pour rétablir la santé des gens et de la planète, c’est protéger, protester, puis recommencer à cultiver nos propres légumes, à pêcher et à chasser. Je pense que le territoire est la clé pour vivre une longue et belle vie.

Le territoire suffit à tous nos besoins
Pour les gens du Nord comme nous, il est très important de passer du temps sur le territoire, à la cabine. Mon camp de pêche a été donné à mes parents par un.e ami.e, et, comme il.elle.s vieillissaient et ne venaient presque plus, il.elle.s nous ont dit : « Ne laissez jamais ce camp à l’abandon. »
Donc, mon neveu a hérité d’une cabine et moi, j’ai la mienne, et nous avons tout fait nous‑mêmes. Aujourd’hui, ma famille vient me visiter quand c’est possible, et nous profitons de ce temps ensemble – nous pouvons y être une dizaine.
Nous avons tout ce qu’il faut ici : du poisson, des baies – les canneberges poussent directement dans ma cour. Je suis le genre de personne qui aime inventer toutes sortes de délicieuses à base de canneberges. Je prépare des bagatelles avec des sauces pour le dessert, j’essaie différentes épices et différents fruits, et un peu de tout… Mes neveux et nièces adorent ma cuisine!
Une surveillance qui conserve la tradition orale
Dans le passé, les dirigeant.e.s embauchaient des personnes pour observer ce qui se passait sur le territoire. Mais cette direction et le reste changent, et aujourd’hui, plus personne ne fait ce travail. Donc, les gens de la communauté se parlent et nous partageons l’information sur Facebook.
J’ai un neveu vraiment génial, Dwayne, qui s’est rendu à Aklavik récemment. Il m’a raconté avoir vu le long de la rivière une substance orange qui semblait provenir des ruisseaux et ressemblait à de la rouille ou à du fer. Par la suite, des jeunes qui avaient entendu parler de la découverte de Dwayne, ont roulé en voiture dans les environs pour tenter de comprendre ce qui se passait. Donc, il n’y a pas eu d’enquête officielle, mais des gens montrent un intérêt et se penchent sur le problème.
Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’unité. Les gens doivent s’engager dans la protection de l’environnement, et il faut créer des occasions pour les y encourager. Nous avons besoin que plus de gens s’impliquent, qu’il.elle.s prennent les choses à cœur, et que le monde soit plus sérieux à propos de l’avenir.
Notre Rapport Planète vivante Canada 2025 révèle le déclin moyen le plus sévère des populations d’espèces à ce jour. Découvrez ce qui se passe dans les habitats à travers le pays et de la façon dont nous pouvons freiner et renverser la perte d’espèces avant qu’il ne soit trop tard.