Restaurer le bassin versant du fleuve Saint-Jean

Wolastoq signifie « belle rivière abondante » en langue malécite, mais on connaît aussi ce cours d’eau sous le nom de fleuve Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Son bassin versant est un labyrinthe de 700 kilomètres de baies profondes, de tributaires, de lacs et de marais où les Wolastoqiyik (les Malécites) sont chez eux depuis plus de 10 000 ans.

Saint John River Summit 2017
© Terry Kelly Productions

Après l’arrivée des Européens au XVIIIe et au XIXe siècle, les relations entre les humains et le Wolastoq ont commencé à changer. Ils ont défriché la terre et récolté le bois intensivement et cela a affecté les espèces et l’eau, mais aussi les communautés. Au cours des 200 années qui ont suivi, nous avons vu les activités humaines et le développement dégrader de plus en plus l’état écologique du bassin versant.

Aujourd’hui, les étendues de forêts anciennes ont disparu. Des espèces marines et aquatiques sont en voie de disparition et l’impact des blessures infligées au bassin versant continue d’affecter les Wolastoqiyik. En 2019, le WWF-Canada a publié son évaluation Protection du territoire pour les espèces et le Nouveau-Brunswick, en incluant le bassin du Wolastoq, a reçu le second pire résultat parmi les provinces. En ce moment, moins de 5 % des habitats sont protégés par la province. La restauration et l’intendance des aires protégées sera cruciale pour offrir les habitats nécessaires aux espèces en péril du Wolastoq, telles que la tortue des bois et l’esturgeon à museau court.

Wood Turtle on rocks
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Le Wolastoq est important pour tou.te.s les Canadien.ne.s. Le bassin versant contient encore une quantité significative de sol et de biomasse forestière qui emmagasinent le carbone et aident à ralentir le dérèglement climatique. C’est aussi toujours une zone importante de la biodiversité au pays.
Pour restaurer et protéger le Wolastoq, nous devons trouver des façons d’incorporer le concept ‘d’approche à deux yeux’. L’aîné Mi’kmaq Albert Marshall décrit ce concept comme une manière « de regarder les choses d’un œil avec les forces du savoir autochtone et de l’autre œil avec les forces du savoir occidental, et d’utiliser ces deux yeux ensemble. » Cette double perspective peut offrir une vision plus complète du bassin versant et du chemin à parcourir. Depuis huit ans, le WWF-Canada est actif dans la région avec le leadership de Simon J. Mitchell, spécialiste principal, Eau douce. Simon a constaté un intérêt croissant de la communauté, soit des résident.e.s, des organisations locales et des municipalités dans le rétablissement des écosystèmes qui ont été dégradés ou détruits, une solution qu’on appelle la restauration écologique. C’est une solution basée sur la nature qui peut réparer les dommages infligés par les humains et rendre des services additionnels comme purifier l’eau, protéger des inondations et atténuer le dérèglement climatique.

Une carte interactive (en anglais seulement) crée par le WWF_Canada vous permet de visualiser l’évolution des initiatives de rétablissement du Wolastoq par différentes organisations entre 2010 et 2020. Elle peut être utilisée pour identifier les aires propices aux actions de conservation.

Durant la dernière décennie, des centaines d’initiatives de restauration ont été financées et réalisées par un ensemble d’organisations diverses. La carte ne montre pas seulement l’étendue de la restauration écologique du bassin du Wolastoq, mais elle rétablit aussi le sens élargit de la communauté. Nous pouvons y voir que les relations entre les humains et le bassin versant sont à nouveau en train de changer. Le WWF-Canada est privilégié de participer à cette période de transformation. Nous travaillons en proche collaboration avec divers partenaires de la région pour réaliser des actions de conservation viables qui préserverons efficacement des espèces et atténuerons le dérèglement du climat. Enfin et surtout, ces efforts de restauration et de protection offrent l’opportunité de soutenir des actions significatives sur le chemin de la réconciliation avec les Wolastoqiyik, le « peuple de la belle rivière ». Néanmoins, il y a encore beaucoup à faire.

Saint John River in the fall
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