Réflexions sur la santé des eaux canadiennes

Nous examinons actuellement l’état de santé des eaux douces au Canada et, avec 25% des études réalisées, voici où nous en sommes.
Nous savons tous que des cours d’eau en santé sont essentiels à la vie, tout particulièrement dans ce pays où nous avons le privilège de bénéficier d’une si grande abondance d’eau douce. Jusqu’en septembre dernier, toutefois, il n’existait aucune mesure scientifique cohérente pour évaluer l’état de santé des eaux canadiennes à l’échelle nationale. Voilà pourquoi nous avons entrepris les Bilans de santé des cours d’eau du Canada en septembre 2013, avec pour objectif ambitieux d’évaluer l’état de santé de tous les grands bassins hydrographiques du pays d’ici 2017, à temps pour le 150e anniversaire du Canada. Nous avons beaucoup progressé jusqu’ici et sommes maintenant au quart du chemin à parcourir.

Aerial of the Mackenzie River, Northwest Territories, Canada© Tessa MACINTOSH / WWF-Canada

Tendances actuelles
Nous avons résumé ci-dessous les scores globaux des bassins étudiés à ce jour, et deux grandes tendances sont apparues.

© Tessa MACINTOSH / WWF-Canada
© Tessa MACINTOSH / WWF-Canada

Résultats positifs :
Là où nous disposons d’assez de données pour déterminer la santé d’un bassin versant, la plupart des scores sont bons ou moyens, et ça vaut la peine de s’en féliciter. Jusqu’ici, 10 des 17 grands cours d’eau examinés à l’échelle de leur bassin versant ont obtenu des scores positifs.
Manque de données :
Malheureusement, il y a encore trop de bassins pour lesquels les données sont insuffisantes, où il ne se fait pas assez de surveillance ou de suivi des quatre mesures que nous évaluons dans l’ensemble du bassin versant, et qui ne répondent donc pas à nos critères – une tendance préoccupante. À ce jour, 7 des bassins étudiés présentaient des données insuffisantes.
Comment interpréter ces tendances? D’abord, là où l’on s’engage en faveur de l’eau, les résultats sont bons. Une des raisons pour lesquelles nous obtenons de bons résultats tient à l’appui solide des groupes de protection de l’eau dans ces régions ainsi qu’aux politiques régionales en matière d’eau. Plus précisément, là où l’on s’est engagé à surveiller la qualité des eaux et où ces données servent à éclairer les processus décisionnels, on obtient des résultats probants.
Deuxièmement, nous constatons qu’un trop grand nombre de cours d’eau ne reçoivent pas toute l’attention dont ils ont besoin et qu’ils méritent. Sans données essentielles sur le débit et la qualité de l’eau, ainsi que sur les populations de poissons et de microorganismes, il est impossible de savoir comment se portent ces cours d’eau et ce qu’il faut faire pour les aider à retrouver une meilleure santé.
À l’échelle locale
Pour mieux comprendre ce qui se passe à l’échelle locale dans ces bassins hydrographiques, nous examinons également les sous-bassins. Le portrait qui s’en dégage montre une plus grande répartition de bons à très bons scores. La carte ci-dessous illustre plus en détail la santé de nos cours d’eau. Dans certains cas, elle est plutôt bonne. Pour la rivière Skeena, par exemple, le sous-bassin versant est en très bon état, en grande partie parce que cette région regroupe quelques-uns des derniers cours d’eau dont l’écoulement est libre de toute entrave, comme en témoigne le Rapport du WWF-Canada sur les eaux vives du Grand Ours (en anglais). D’autres sous-bassins sont en piètre état, tel celui de la rivière Saskatchewan Sud, fort probablement à cause du très haut degré d’altération de son cours pour usage humain.

 
© Tessa MACINTOSH / WWF-Canada
© Tessa MACINTOSH / WWF-Canada

Ce que nous avons appris
Il semble qu’en matière de gestion et de protection de nos ressources d’eau douce, quand nous le voulons, nous pouvons être très, très bons. Alors que le gouvernement fédéral s’affaire à réduire sa capacité d’assurer la surveillance des cours d’eau et de répondre aux préoccupations des gens à ce chapitre, des organisations locales de bassin versant, des entreprises et des citoyens déploient d’immenses efforts pour combler ce vide.
Pour ma part, je crois que nous savons qu’il s’agit là d’un droit, d’un privilège et d’une responsabilité. Qu’il nous incombe de protéger nos ressources d’eau douce pour nous-mêmes, pour la planète et pour les générations futures. Restez à l’écoute tandis que nous travaillons d’arrache-pied pour atteindre notre prochain jalon en 2015, où nous visons un objectif de 50% de tous les cours d’eau du Canada évalués, sur la bonne voie pour aider à améliorer la santé des eaux douces du pays.