Comment récolter les semences de vos plantes indigènes

Vous avez soigneusement choisi vos plantes indigènes, vous les avez plantées, puis vous vous en êtes occupé. Vous avez profité de leurs fleurs, de leur feuillage et de leur parfum tout au long de la saison de croissance et maintenant, leur gloire est chose du passé. Que faites-vous maintenant?

Le spectacle peut vous sembler terminé, mais ces plantes ont encore des cadeaux à offrir avant la fin de l’année. L’automne est le parfait moment pour récolter les semences de nombreuses espèces de plantes indigènes. Vous pouvez utiliser ces graines pour faire pousser plus de plantes et augmenter la superficie de votre jardin l’an prochain ou les offrir à votre entourage et ainsi aider les plantes indigènes à s’enraciner dans votre région.

Small piles of five different kinds of seeds ranging from large and smooth to small and fluffy.
Semences après la récolte © Michael Lee

Comment savoir lorsque les semences sont prêtes à être récoltées?

Les graines commencent à se former à la fin de la période de floraison d’une plante. Elles sont mures et prêtes à être récoltées lorsqu’elles commencent à se détacher d’elles-mêmes de la plante. Les espèces ne libèrent pas toutes leurs semences au même moment de l’année, mais la plupart des plantes indigènes le font à l’automne. Les indicateurs exacts de la maturité varient, mais la graine mure est généralement brune et sèche, et se sépare facilement de la plante. Si les graines ou gousses sont vertes ou blanches, c’est qu’elles ne sont probablement pas prêtes.

Fluffly milkweed seeds float away from three dried yellow seed pods on a milkweed plant stem as a person gently holds the stem.
Semences d’asclépiade prêtes à être récoltées / Shutterstock

Pour vous en assurer, vous pouvez procéder à un test en coupant la graine. Elle doit être suffisamment grosse pour être coupée en deux sans risque; vous ne pourrez pas couper de très petites graines. Vérifiez si l’intérieur est charnu, blanc et gluant – il s’agit d’indicateurs que la semence est mure et saine. Si elle est humide, transparente ou verte à l’intérieur, c’est qu’elle n’est pas encore mure et si elle est noire, brune ou poudreuse, alors c’est qu’elle est pourrie. Testez plusieurs graines de la plante pour vous en assurer.

Vous pouvez également noter d’année en année à quel moment les graines murissent pour savoir quand vous préparer à les récolter les années suivantes.

Ensemencement

S’il y a un endroit en particulier où vous aimeriez ajouter des plantes, semez vos graines tout de suite pour qu’elles poussent l’an prochain. Vous pouvez également nettoyer les semences et les entreposer pour les planter plus tard (voir ci-dessous).

Very small seeds stream towards the bare soil as a hand gradually releases them.
L’ensemencement © Roger Hallett

Les graines des plantes indigènes qui sont libérées à l’automne ont tendance à mieux germer lorsqu’elles sont plantées durant la même saison, puisque cela reproduit les cycles naturels qu’elles suivent depuis des milliers d’années. Toutefois, bien que la plupart des plantes indigènes au Canada puissent être ensemencées à l’automne, il existe des exceptions, notamment les plantes printanières éphémères comme les trilles, de même que les peupliers, les bouleaux et les saules, dont les graines doivent être à la surface du sol au printemps.

Certaines graines, plus particulièrement celles des baies, sont habituellement mangées et dispersées par les oiseaux ou les mammifères et peuvent avoir besoin d’être trempées dans un acide doux comme du vinaigre ou du jus de citron qui simule l’acide gastrique pour germer.

Afin de minimiser le nombre de semences qui seront mangées par des oiseaux, nous vous conseillons d’attendre la fin du pic de migration de l’automne pour les disperser. Une fois le moment venu, râtelez le sol, semez les graines à la volée (en les répandant de façon uniforme sur le sol), puis enfoncez-les légèrement en les tapotant avant de les recouvrir de feuilles. Si les graines sont grosses, vous devez les enfouir à l’aide d’une truelle à une profondeur de deux à trois fois la largeur de la graine. Ne vous reste plus qu’à attendre pour découvrir combien de plantes pousseront au printemps!

Nettoyage des semences

Pour bien entreposer les semences, vous devez les nettoyer en les séparant de l’élément végétal (paillettes). Il existe quatre types de semence :

Semences à poils 

Exemple : asclépiade, verge d’or, aster

Séparez les graines de l’enveloppe duveteuse en utilisant des gants et en les frottant les unes contre les autres au-dessus d’un contenant. Un tamis suffisamment grand pour laisser passer les graines peut être utile.

Semences en capsule

Exemple : monarde fistuleuse, verveine bleue, rudbeckie tardive

Chaque graine se trouve dans un tube appelé « calice ». La meilleure façon de recueillir et de nettoyer ce genre de semences est de couper entièrement les têtes de semis, de les mettre dans un sac et de les secouer vigoureusement. Les graines sortiront des tubes et se retrouveront au fond du sac.

Semences en gousse

Exemple : desmodie du Canada

Ces gousses sont délicates. Quand on a affaire à de petites quantités, il est possible de faire sortir les graines une à une. Dans le cas de grandes quantités, on peut utiliser un moulin à café (une ou deux impulsions) pour briser la gousse.

Semences à chair / baies

Exemple : petit prêcheur, vigne vierge commune

En général, les graines doivent être séparées du fruit charnu, et un mélangeur que vous adaptez peut s’avérer très pratique pour cela. D’abord, recouvrez les lames du mélangeur de plusieurs couches de ruban adhésif pour protéger les graines des arêtes tranchantes. Les lames broieront les baies sans briser les graines. Ensuite, lavez les graines pour retirer la pulpe et, à l’aide d’une passoire, choisissez les graines dures.

Les quatre types de semences : les aigrettes ou semences à poils, les baies ou semences à chair, les semences en gousse et les tubes ou semences en capsule.
Les quatre types de semences. Illustré par Jillian Thalman.

Entreposage des semences

Les graines récoltées doivent être laissées dans des contenants ouverts ou des sacs en papier, dans un endroit sec. Étiquetez clairement les semences pour éviter d’oublier de quel type il s’agit.

Une astuce pour garder les semences au sec consiste à réutiliser des sachets déshydratants provenant de biens de consommation (ces sachets qui portent la mention « NE PAS MANGER »). Vous pouvez les déposer dans la même boite que vos graines pour qu’ils absorbent l’humidité.

L’entreposage à long terme (plus d’un an) requiert des conditions spéciales :

  • Les semences doivent être complètement sèches.
  • La réfrigération (pas la congélation) peut prolonger la viabilité.
  • Les semences doivent être entreposées dans des contenants scellés puisque l’air du réfrigérateur est humide. Les pots Mason conviennent très bien.
  • Les bonnes pratiques d’étiquetage sont doublement importantes. Assurez-vous d’inclure la date de récolte.
A person stands beside a flourishing garden, writing on a paper bag that holds seeds.
Placez les graines dans un sac en papier ou un contenant ouvert et étiquetez-les. © Jesse Wyatt / SpruceLab Inc.

Étapes suivantes

En novembre ou décembre, vos semences devraient être suffisamment sèches pour que vous puissiez les partager avec les membres de votre famille, vos ami.e.s et votre voisinage. Autrement, vous pouvez entamer la germination pour qu’elles deviennent de nouvelles plantes le printemps prochain. Pour en apprendre davantage, visitez re:cultiver, la plateforme participative du WWF-Canada sur la culture de plantes indigènes.

Le logo recultiver au-dessus du message "Aidez à enraciner le changement et à restaurer la végétation indigène du Canada." et un bouton disant "s'inscrire". À coté du texte, une main levée tient un cellulaire.