Nous révolutionnons le rétablissement des espèces en péril dans le bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean

Haut lieu de la biodiversité, le bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean abrite près de 50 espèces en voie de disparition. Une nouvelle étude du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) et de l’Université de la Colombie-Britannique révèle que le rétablissement de la plupart de ces espèces est non seulement possible, mais aussi accessible financièrement.

Certaines des espèces en péril du Nouveau-Brunswick nous sont familières, comme le saumon de l’Atlantique, la tortue peinte, le papillon monarque et le pygargue à tête blanche. D’autres ont des noms plus exotiques, comme l’ophiogomphe de Howe, la listère australe et la chauve-souris nordique.

Bobolink on flowers
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La gestion des menaces prioritaires

En nous servant d’une nouvelle approche de planification de la conservation appelée la gestion des menaces prioritaires (GMP), nous publions un rapport pour aider les décideur.se.s à déterminer quelles mesures offrent les avantages les plus importants pour le plus grand nombre d’espèces, tout en tenant compte des coûts et de la faisabilité. Ce calcul est très important pour des régions comme le bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean, qui compte un grand nombre d’espèces en péril touchées par une large variété de menaces. Certaines de ces espèces se retrouvent uniquement dans ce bassin versant et nulle part ailleurs au Canada. Trois d’entre elles sont mises en vedette ci-dessous.

Espèce en vedette

  • Au Canada, la cicindèle des galets ne se retrouve qu’au Nouveau-Brunswick, dans huit petits sites au sein du bassin versant. Connu en anglais sous le nom de « cobblestone tiger beetle », ce magnifique coléoptère est un prédateur semblable à un tigre, pourchassant ses proies avec d’incroyables accélérations. En français, la cicindèle des galets tient plutôt son nom des plages de galets qu’elle fréquente. L’étude GMP a démontré que nous pouvons aider ce coléoptère menacé à se rétablir grâce à des mesures telles que l’identification et la protection d’habitats importants.

La bonne nouvelle, c’est que si nous appliquons les stratégies suggérées dans l’étude GMP, nous arriverons à sauver 40 espèces en péril dans le bassin versant du fleuve Saint-Jean. Et l’étude révèle par ailleurs que le gouvernement pourrait financer ce rétablissement avec l’équivalent annuel de 33 $ par habitant.e. du Nouveau-Brunswick.

Atlantic Sturgeon
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Espèce en vedette

  • Comme les autres esturgeons, l’esturgeon à museau court vit très longtemps et atteint une taille considérable. Le plus vieux poisson enregistré avait 67 ans, et le plus gros poisson enregistré pesait 23,6 kg! On considère que cette espèce est menacée de disparition en partie à cause d’une répartition très limitée au Canada; elle ne se trouve que dans le réseau fluvial du Wolastoq/Saint-Jean. L’étude GMP constate que l’esturgeon à museau court et les poissons migrateurs peuvent être rétablis si on applique toutes les stratégies, y compris le démantèlement des principaux barrages entravant actuellement la migration des poissons le long du fleuve.

Il y a des groupes pour lesquels nous n’avons pas encore de solutions de conservation : les chauves-souris et les arbres forestiers sont sérieusement menacés par des maladies et des parasites forestiers que nous ne savons pas encore éradiquer. Pour protéger ces groupes, nous devons investir dans la recherche et le développement afin d’essayer de nouvelles stratégies.

Espèce en vedette

  • Poussant uniquement le long de ce fleuve, la pédiculaire de Furbish n’est étroitement apparentée à aucune autre espèce dans l’est de l’Amérique du Nord — c’est pourquoi elle est considérée comme l’une des plantes les plus intéressantes du Nouveau-Brunswick. Les récents relevés ont été incapables de localiser de nouvelles populations, ce qui suggère que cette plante est en danger immédiat de disparition dans la province, et donc dans l’ensemble du pays. La pédiculaire de Furbish peut être rétablie grâce à une stratégie de gestion des terres publiques, privées et forestières qui implique des mesures telles que l’identification et la protection des habitats importants, et la collaboration avec les entreprises pour protéger les espèces en péril.

Au printemps 2020, le WWF-Canada a commencé à mettre en œuvre certaines des stratégies de conservation définies par le processus GMP. Grâce à des partenariats avec des groupes locaux du bassin versant, nous travaillons en collaborations afin d’aborder les stratégies touchant l’habitat aquatique, ce qui inclut la végétalisation et l’amélioration de l’habitat – en démantelant des barrières et en installant des passes migratoires et des échelles à poissons, par exemple. C’est la première étape nécessaire à la restauration de l’habitat aquatique des espèces en péril uniques du Nouveau-Brunswick, comme l’esturgeon à museau court.

Le processus GMP révolutionne notre manière de planifier la conservation. En moins de deux ans, nous sommes passé.e.s de la planification à l’action sur le terrain — ce qui est beaucoup plus rapide que les autres processus. Avec un programme et un budget consacrés au bassin versant du fleuve Wolastoq/Saint-Jean, nous envisageons avec optimisme l’avenir des espèces au Nouveau-Brunswick.