Observation des ours polaires : l’outil du WWF informe les chercheur.euse.s (et nourrit votre curiosité)
Les ours polaires font face à des défis sans précédent alors que la crise climatique transforme leur territoire arctique. Comme la glace de mer fond plus tôt dans l’année et se forme plus tard dans la saison, la surveillance des ours polaires peut aider les chercheur.euse.s à comprendre comment ces animaux réagissent aux changements.

Et c’est là que le dispositif de localisation des espèces du WWF (Wildlife Tracker) entre en jeu.
Le dispositif de localisation, un outil fort utile qui montre les déplacements des ours polaires depuis plus de 10 ans, a subi une modernisation. La nouvelle version, plus facile à utiliser, visuellement attrayante et compatible avec les appareils mobiles, permet aux utilisateur.rice.s d’observer les déplacements individuels des ours polaires alors qu’ils tentent de s’adapter à leur habitat en mutation.
En plus de montrer les habitudes de déplacement, le dispositif permet aux scientifiques de recueillir les données sous-jacentes pour des analyses approfondies. Grâce à ces données, les scientifiques peuvent étudier les tendances à long terme et évaluer de quelles façons les dérèglements climatiques affectent les comportements et les habitats des ours polaires.
Comment fonctionne le dispositif de localisation?
Le dispositif de localisation des espèces du WFF (en anglais seulement) montre l’emplacement des ours polaires qui ont été équipés d’un récepteur GPS, fixé à un collier, par des chercheur.euse.s. Tant que le récepteur GPS reste sur l’ours polaire, ses coordonnées géographiques sont recueillies régulièrement par satellite. Ces données permettent ensuite aux chercheur.euse.s de cartographier les déplacements des ours polaires, d’identifier les principales aires de mise bas et de surveiller leur comportement face aux changements environnementaux.
Le dispositif de localisation fournit actuellement des données provenant de deux régions clés de l’Arctique :
- L’ouest de la baie d’Hudson, où des chercheurs de l’université de l’Alberta et d’Environnement et Changement climatique Canada étudient les ours polaires depuis plusieurs décennies.
- Le Svalbard et la mer de Barents, surveillés par l’Institut polaire norvégien.

En observant le mode de vie des ours dans différentes régions, les chercheur.se.s arrivent à mieux comprendre l’impact des dérèglements climatiques dans l’Arctique. Les observations peuvent ensuite servir à identifier les zones où des efforts de conservation sont les plus nécessaires.
Depuis que le WWF a lancé son dispositif de localisation des espèces en 2013, on a pu recueillir les données de 68 ours. En tout temps, le dispositif suit environ 10 ours – cinq dans l’ouest de la baie d’Hudson et cinq au Svalbard – selon la disponibilité des données.
La nouvelle version apporte des améliorations qui vont au-delà de la conception et de la facilité d’utilisation. En plus de suivre les déplacements des ours polaires, le dispositif recueille maintenant des données sur la glace de mer, fournissant un contexte précieux pour comprendre l’évolution de leur principal habitat dans l’ensemble de l’Arctique. Les données sur la glace de mer sont mises à jour chaque mois, tandis que l’emplacement des ours polaires est actualisé deux fois par mois.
En quoi le suivi des ours polaires est important pour la conservation
Le suivi des ours polaires ne se limite pas à cartographier leurs déplacements. Il s’agit de comprendre comment les dérèglements climatiques menacent leur survie. En analysant les données de suivi, les scientifiques peuvent voir comment les ours polaires s’adaptent – ou luttent – dans un Arctique qui se réchauffe près de quatre fois plus vite que le reste de la planète. Les données obtenues aident à répondre à des questions essentielles, comme : les ours polaires parcourent-ils de plus longues distances pour trouver de la nourriture? Passent-ils plus de temps sur la terre ferme en raison du recul des glaces? Est-ce que des sous-populations sont davantage en péril que d’autres?
Les réponses à ces questions orientent les efforts déployés par le WWF pour inciter les gouvernements à prendre des mesures concrètes. La santé des populations d’ours polaires dépend directement de la protection de leur habitat – et les données de suivi aident à déterminer les zones prioritaires à conserver.

La crise climatique : la plus grande menace pour les ours polaires
Il ne fait aucun doute que les dérèglements climatiques constituent la plus grande menace pour la survie à long terme des ours polaires, car l’Arctique se réchauffe à un rythme alarmant. Le recul de la glace de mer réduit la capacité des ours à chasser, à se reproduire et à survivre.
Dans certaines régions, les effets du réchauffement sont déjà dévastateurs. Dans l’ouest de la baie d’Hudson, au nord-est du Manitoba, au Canada, les ours polaires dépendent de la glace de mer pour chasser le phoque. Or, comme la glace fond plus tôt et se forme plus tard chaque année, ils passent plus de temps sur la terre ferme et jeunent pendant de longues périodes. Par conséquent, puisqu’ils ont moins de temps pour constituer des réserves de graisse, leur état de santé général se dégrade, le taux de survie des oursons diminue et la population décroit.
Entretemps, au Svalbard – un archipel arctique norvégien situé dans la mer de Barents, au nord de la Norvège continentale – les ours polaires nagent sur de plus longues distances qu’auparavant et ont été observés en train de chasser le renne et de se nourrir davantage d’œufs d’oiseaux de mer. Bien qu’ils arrivent à s’en tirer pour le moment, leur survie à long terme dépend de l’accès saisonnier aux glaces de mer pour la chasse au phoque.

Si la tendance actuelle au réchauffement se poursuit, les scientifiques prédisent que nous pourrions perdre un tiers des ours polaires de la planète d’ici 2050, dont des extinctions dans certaines parties de l’Arctique avant la fin du siècle.
Que faut-il faire pour protéger les ours polaires?
Même si les technologies de suivi fournissent des données précieuses, une action climatique immédiate et à grande échelle est nécessaire pour assurer l’avenir des ours polaires. La plus grande menace à leur survie provient des dérèglements climatiques, qui entrainent le réchauffement de l’Arctique et la fonte des glaces de mer.
Le WWF appelle les gouvernements de l’Arctique à changer drastiquement de cap et à revoir leurs politiques climatiques afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Nous devons abandonner rapidement et complètement la production et la consommation de combustibles fossiles et passer à une énergie entièrement renouvelable. Sans ce changement, les ours polaires – et tout l’écosystème arctique – continueront de décliner à un rythme alarmant.
Cela implique aussi de renforcer la coopération internationale afin d’assurer la protection des habitats des ours polaires par les pays de l’Arctique. Ces habitats comprennent ceux qu’utilisent actuellement les ours polaires, ainsi que ceux identifiés comme de futurs refuges climatiques, dont le Dernier refuge de glace, pour les ours polaires et d’autres espèces dépendantes de la glace de mer.
Le leadership et les connaissances autochtones sont également indispensables, car les communautés autochtones de l’Arctique possèdent une expertise et une compréhension des ours polaires comme partie intégrante des écosystèmes marins, de la gestion des récoltes, de la coexistence avec ces mammifères et de la surveillance de l’habitat, qui sont inestimables pour l’élaboration de saines pratiques de gestion.
Un autre défi majeur est celui des conflits entre les humains et les espèces (en anglais seulement), car de plus en plus d’ours polaires se rapprochent des communautés arctiques en raison de la fonte des glaces. Les stratégies de gestion doivent protéger à la fois les ours polaires et les populations qui partagent leur environnement en s’attaquant aux principaux enjeux, notamment en renforçant les connaissances sur la gestion des substances attractives en Arctique, comme les sites d’enfouissement ouverts et les déchets organiques.
Le temps presse. Les gouvernements doivent aussi s’engager à protéger la biodiversité de l’Arctique, en reconnaissant que les efforts pour lutter contre les dérèglements climatiques et freiner la perte de biodiversité doivent aller de pair. Pour gagner cette lutte, il faut adopter une approche holistique qui préserve les écosystèmes essentiels, renforce les efforts d’adaptation et favorise la résilience de la nature et des populations.
