Nous devons intensifier notre lutte contre la double crise du climat et de la biodiversité

Le 22 avril 2020, le Jour de la Terre de l’an dernier, devait être le 50e anniversaire de cet évènement mondial. Une occasion parfaite – semblait-il alors – d’intensifier la pression politique durant ce qui avait été appelé la « Super année pour la nature » en raison des deux méga-sommets de l’ONU sur la crise environnementale attendus à l’automne.

Quand le 22 avril est arrivé, la planète était confinée et les Nations Unies avaient reporté la convention sur la diversité biologique (COP15) initialement prévue à Kumming, en Chine, qui devait permettre de ficeler le cadre de travail des cibles de protection de la nature pour la prochaine décennie, ainsi que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) prévue à Glasgow, au Royaume-Uni, où les pays devaient s’engager à accroître leurs cibles de réduction du carbone pour maintenir la hausse de la température sous les niveaux catastrophiques.

Un an plus tard, la pandémie de COVID-19 continue de chambouler presque tous les aspects de la vie. Toutefois, puisque le vaccin est de plus en plus administré, les COP sont de retour sur le calendrier et la nature a plus que jamais besoin que nous intensifions la pression politique.

L’Europe de nuit vue de l’espace avec l’illumination des villes montrant l’activité humaine en Allemagne, en France, en Espagne, en Italie et dans d’autres pays.
Représentation en 3D de la planète Terre élaborées avec des éléments de la NASA.

En plus des autres mauvaises nouvelles de 2020, la NASA a rapporté que c’était l’année la plus chaude jamais enregistrée, et notre Rapport planète vivante Canada 2020 a démontré que les populations d’espèces en péril continuent leur déclin vertigineux. Nous sommes encore à la croisée des chemins.

Les racines du Jour de la Terre

Rappelons-nous : le tout premier Jour de la Terre, en 1970, n’était pas une célébration, mais bien une manifestation. Vingt millions de manifestant.e.s ont envahi les rues des États-Unis pour exiger des changements en environnement. Si nous avançons dans le temps jusqu’en 2019, les rues sont à nouveau remplies, mais partout dans le monde cette fois-ci, car des millions d’étudiant.e.s en grève et leurs sympathisant.e.s exigeaient des actions ambitieuses pour le climat avant qu’il ne soit trop tard.

Il est vrai que 2019 semble maintenant presque aussi loin dans le passé que 1970, et que la pandémie a efficacement tué l’élan de protestation. Mais ce que les étudiant.e.s et élèves exigeaient – des politiques transformationnelles pour protéger leur avenir – compte encore plus aujourd’hui. Nous avons jusqu’à l’automne prochain pour faire savoir à nos dirigeant.e.s que ceci est toujours important pour nous.

Oui, il y a un certain progrès en cours. Peut-être est-il encore trop lent, mais ce n’est pas rien.

Le gouvernement du Canada annoncera prochainement une nouvelle et ambitieuse cible de réduction du carbone (ou Contributions déterminées au niveau national – NDC) suivant le budget 2021 dévoilé plus tôt cette semaine. Bien que celui-ci contienne du financement additionnel pour l’atténuation et l’adaptation aux dérèglements climatiques, dont une réduction de 36 % des émissions de gaz à effet de serre, le budget concentre la plupart de ses dépenses reliées à la nature sur la perte de biodiversité, avec un engagement de 4,1 millions de dollars sur cinq ans. Ceci inclut des cibles de conservation de plus d’un million de kilomètres carrés de terres et d’eaux intérieures d’ici 2025 et l’augmentation des aires marines protégées.

Deux jeunes élans émergent de la forêt et s’abreuvent dans un lac forestier, dans le parc national de Banff, en Alberta. © Shutterstock

Ces efforts font partie de l’engagement que le Canada avait préalablement annoncé à la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples de protéger 30 % des terres et des eaux canadiennes d’ici 2030 pour ralentir le déclin des espèces. Cependant, des grandes cibles spectaculaires peuvent être sans effets si ces protections ne sont pas situées aux bons endroits. Cela étant dit, les aires protégées, notamment les aires protégées et de conservation autochtones, ont le potentiel de créer des espaces pour que les espèces en péril d’ici se rétablissent, en plus de capter et d’emmagasiner le carbone atmosphérique, et de renforcer les droits des peuples autochtones à assurer l’intendance de leurs territoires.

Le premier geste politique du président des États-Unis, Joe Biden, a été de se joindre à l’Accord de Paris sur le climat et, aujourd’hui, il reçoit le Sommet des dirigeant.e.s sur le climat pour réunir 40 leaders de la planète, dont le premier ministre Justin Trudeau. Les environnementalistes et les entreprises ont pressé le président Biden d’établir de nouvelles cibles américaines de réduction des émissions d’au moins 50 % d’ici 2030, doublant l’engagement précédent de ce pays.

Ambition et accélération

Nous avançons donc dans la bonne direction, et c’est vraiment quelque chose que nous pouvons célébrer. Sauf que ce n’est pas assez rapide, et c’est ce que nous devons continuer de démontrer alors que se préparent les négociations cruciales de ces rencontres sur la biodiversité et le climat.

Appelez et écrivez aux élu.e.s de votre municipalité, province et circonscription fédérale. Publiez vos préoccupations et vos exigences sur les réseaux sociaux. Écrivez aux entreprises, signez des pétitions, lisez des rapports, envoyez des lettres aux éditeur.rice.s, réduisez votre empreinte carbone, cultivez des plantes indigènes, et parlez simplement à votre entourage de la double crise du climat et de la biodiversité et des façons de les atténuer – voire de les renverser si nous travaillons ensemble et exigeons un ambitieux changement systémique.

Ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas nous réunir dans les rues que nos voix ne peuvent être entendues. Mais agissons maintenant, avant de manquer de temps.