Les populations d’ours polaires sont stables, mais la perte de banquise se fait sentir

IQALUIT — À première vue, les résultats dévoilés récemment concernant les sous-populations d’ours polaires semblent représenter de bonnes nouvelles. Deux des 13 sous-populations d’ours polaires du pays, auparavant en déclin, sont vraisemblablement stables. L’une d’elles pourrait même être en augmentation. Mais cette encourageante nouvelle cache pourtant d’inquiétants constats. Les scientifiques ont constaté que les ours avaient aminci, qu’ils donnaient naissance moins souvent et que les femelles étaient contraintes de nager sur de plus longues distances pour trouver de la nourriture. Les données indiquent également que le déclin de la banquise arctique constitue une menace majeure pour leur survie à long terme.

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Carte de l’aire de répartition des sous-populations d’ours polaire au Canada. © WWF-Canada

Ce que révèle le rapport :

  • Les sous-populations de l’île de Baffin et du bassin Kane sont maintenant estimées à 2 826 et 356 ours, respectivement. Ces chiffres sont en hausse depuis la dernière étude datant des années 1990.
  • La sous-population de l’île de Baffin a connu une importante perte de son habitat, la banquise. Pour les ours polaires de l’île de Baffin, cela signifie qu’ils doivent aller toujours plus loin vers le nord chaque saison. Ils doivent également passer de 20 à 30 jours de plus sur la terre ferme que dans les années 1990.
  • Bien que les sous-populations soient présentement stables, le rapport souligne que la perte de banquise conduit à des ours moins gras et à moins de petits qui naissent chaque année au sein de la sous-population de l’île de Baffin.
  • La sous-population du bassin Kane connait un gain temporaire alors que les changements climatiques transforment son habitat en une zone de banquise plus saisonnière. Plus de petits naissent et les ours ont un plus grand accès à la nourriture. Ce gain risque cependant d’être temporaire si la perte de banquise persiste.

La banquise constitue un habitat essentiel pour les ours polaires. C’est là qu’ils s’alimentent et donnent naissance, et c’est la plateforme qu’ils utilisent pour se déplacer à travers leur aire de distribution. La banquise est un élément indispensable pour toute la chaîne alimentaire marine de l’Arctique.

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Ours polaires (Ursus maritimus) sur la banquise, île de Baffin, Nunavut, Canada, Arctique. © Staffan Widstrand / WWF

Pourquoi ces conclusions sont importantes
Cette étude, financée en partie par le WWF-Canada, aide à la création d’une base de référence permettant d’évaluer l’état de santé des ours polaires dans l’avenir, explique le spécialiste des espèces arctiques du WWF-Canada Brandon Laforest. « La baisse de la reproduction et des conditions physiques des ours polaires de l’île de Baffin est particulièrement préoccupante », affirme Brandon Laforest. « Le déclin du taux de reproduction et de la condition physique des ours polaires de la baie de Baffin est très préoccupant. Alors que la banquise continue de fondre, de fréquents et opportuns contrôles des populations d’ours polaires seront nécessaires à travers le pays. »
Ce qui peut être fait
Afin de préserver efficacement la santé à long terme des ours polaires au Canada, nous devons :

  • Agir rapidement pour protéger les habitats essentiels tels que le Dernier refuge de glace, là où la banquise d’été devrait durer le plus longtemps.
  • Plus important encore, nous devons minimiser les effets négatifs des changements climatiques en prenant des mesures significatives pour effectuer la transition vers les énergies renouvelables à 100 %. C’est seulement à ce moment que notre futur, et celui des espèces qui dépendent de la banquise, sera assuré.