Les communautés nordiques prennent position

Cette semaine, une autre communauté du nord de la Colombie-Britannique – le conseil municipal de Prince Rupert – a décidé d’exprimer son opposition au projet d’oléoduc Northern Gateway. Il n’est pas étonnant que les communautés locales de Prince Rupert, Terrace et Smithers soient opposées au projet. De fait, nous entendons les communautés exprimer leur opposition dans le cadre des audiences publiques tout au long du trajet prévu de l’oléoduc et des pétroliers, dans le nord-ouest de la province. Ce qui est nouveau, c’est que les chefs de ces communautés, élus démocratiquement, décident de s’opposer au projet. Ces leaders joignent leur voix et celle de leurs communautés à celles du Premier ministre, des membres de l’Assemblée législative et des Premières Nations pour dire que le projet d’oléoduc « est mauvais pour la côte, mauvais pour nos emplois, et mauvais pour notre économie ». Des leaders de tous les paliers de notre système démocratique, des gens qui doivent rendre des comptes aux habitants de la région, disent non au projet. Cet élan d’affirmation soulève la question suivante : un projet devrait-il être autorisé à aller de l’avant en dépit de l’opposition exprimée clairement et démocratiquement par les habitants de la région qui sont les plus susceptibles d’en subir les contrecoups?

(C) Rama
On ne peut pas écarter du revers de la main ce mouvement d’opposition en prétendant qu’il s’agit de groupes de pression animés par des considérations douteuses. Les gens qui s’expriment aujourd’hui sont des leaders élus, qui défendent les intérêts et les valeurs des communautés dont ils sont les représentants.  La reconnaissance de la légitimité de ces positions est indispensable au fonctionnement d’un régime démocratique.  C’est sur ces bases mêmes que nous clamons notre souveraineté comme nation. Et il semble bien qu’aujourd’hui, le projet d’oléoduc Northern Gateway ait déclenché un processus de réflexion et de discussion bien plus profond, qui touche au respect que nous devons à l’égard du processus démocratique.
Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de l’environnement, ni seulement de l’économie, mais bien des droits et des aspirations des communautés. Le respect de ces droits et aspirations doit-il faire partie de l’intérêt public national?
Il appartient à chacun d’entre nous de répondre à cette question. Pour nous-mêmes. Le Fonds mondial pour la nature vous invite à réfléchir à cette question et à mettre vos réflexions sur papier, sous forme de mémoire à l’intention de la Commission d’examen conjoint. La Commission acceptera les mémoires déposés jusqu’au 31 août, et demande précisément à la population d’exprimer « son point de vue quant à l’intérêt public que représente le projet ».
Cette région est l’un des trésors écologiques de la planète, cousine de l’Amazonie et de la Grande barrière de corail. Cette région est importante pour le bien-être de la planète, et il nous appartient à nous, qui en sommes les dépositaires, d’en préserver la valeur. L’enjeu est crucial. S’il-vous-plaît, prenez le temps de réfléchir à la question et d’exprimer votre point de vue. L’intégrité de nos côtes et de notre démocratie est entre nos mains.