L’équipe du WWF-Canada accueille un spécialiste des tigres et des panthères

D’abord il y a les conflits entre les hommes et les deux prédateurs emblématiques du Népal, le tigre – notre roi de la jungle – et la panthère des neiges – la reine des montagnes.


(c) Dr. Shrestha avec une jeune panthère des neiges, Népal (c) Rinjan Shrestha/WWF
Au Népal, il ne reste qu’environ 150 tigres et 400 panthères des neiges (aussi appelées léopard des neiges) en liberté, et l’on estime que le déclin de leurs populations est essentiellement attribuable au braconnage et aux représailles. Chacun de ces grands et magnifiques félins fait face à des enjeux qui lui sont propres, et une partie de mon travail avec le Fonds mondial pour la nature au Népal consiste à trouver des solutions et à créer des moyens d’aider ces animaux à cohabiter et à s’épanouir aux côtés des humains.
Dans un monde dominé par l’homme, il est de plus en plus difficile de protéger les grands carnivores en général et, dans le cas qui nous intéresse, les panthères des neiges et les tigres, qui s’attaquent souvent au bétail, attaquent et tuent des hommes, et sont en compétition avec eux lorsqu’ils chassent des espèces que recherche également l’homme.

La panthère des neiges vit dans les coins les plus reculés des Himalaya, et elle est si discrète que depuis plus de 15 ans que je travaille dans son territoire, je n’en ai aperçu qu’à quelques trop rares reprises.

La panthère est championne pour voler du bétail en pleine nuit sans se faire remarquer. Et au grand dam des populations locales, nous avons dû nous rendre à l’évidence qu’il y a peu de chance que cela cesse. C’est que les proies naturelles de la panthère des neiges ont été chassées de leur habitat ou abattues en trop grand nombre par les chasseurs, et il est si facile – enfin, relativement facile – pour la panthère de mettre la patte sur du bétail, qu’elle en a acquis l’habitude, et le bétail compte maintenant pour près de la moitié de son régime alimentaire.
Les pertes de bétail attribuables à la panthère des neiges sont donc très lourdes, car elles représentent souvent le quart du revenu total d’une famille. Afin d’alléger le fardeau financier et la frustration des propriétaires de troupeaux, nous avons mis sur pied un régime d’assurance-bétail. En collaboration avec les villageois des environs, nous avons créé un fonds d’assurance auquel cotise chaque fermier, et le WWF cotise un montant équivalent à celui des cotisations des villageois. Ainsi lorsque disparaît un mouton ou un yack aux pattes d’une panthère des neiges, l’animal perdu est assuré, son propriétaire est remboursé, et la panthère peut survivre.


Pour ce qui est des tigres, nous avons dû trouver une solution très différente à une toute autre problématique. Le tigre vit dans les plaines et les basses terres, et il a vu son habitat naturel pratiquement réduit de moitié par les villages. Le tigre est très territorial, et ce bouleversement de son territoire a chamboulé ses habitudes de vie, de reproduction et d’alimentation. On voit donc souvent des tigres rôdant aux abords de leur habitat naturel et des villages, ce qui, vous l’imaginez bien, cause pas mal de désarroi et de crainte auprès des villageois, et cela se terminé généralement en tragédie… pour le tigre et les villageois. Il semble que le nombre de décès dus à des attaques par des tigres ait augmenté à un rythme considérable, passant de 1 par année dans les années 1980 à 7 personnes par année dans les années 2000. Nous travaillons donc à l’élaboration d’un système qui nous permettra de mettre aux tigres un collier muni d’un GPS, afin qu’on puisse suivre leurs allées et venues en permanence. On saura ainsi qu’un tigre approche un village ou un endroit où les villageois vont chercher du fourrage ou mènent paître leurs bêtes. Dès que l’on recevra le signal, nous pourrons en informer les patrouilleurs, qui suivront les tigres et les repousseront vers la forêt au besoin. Outre cette fonction utile, cette approche devrait faciliter les incessantes opérations de lutte au braconnage. En effet, la survie du tigre dans cette région du monde est très menacée par le braconnage. Comme vous pouvez le constater, le travail réalisé par le Fonds mondial pour la nature au Népal poursuit deux grands objectifs : la conservation de la faune, bien sûr, mais également la protection des moyens de subsistance des gens qui habitent près de cette faune. Ces deux objectifs sont au cœur du travail du Fonds mondial pour la nature d’un bout à l’autre de la planète. Nous cherchons à donner de la cohésion à ces objectifs apparemment contradictoires, et nous réalisons de grandes avancées en ce sens partout dans le monde. Nous croyons qu’avec l’aide des gouvernements, de la population, d’autres groupes environnementaux, et nos partenaires et nombreux supporteurs, nous arriverons à créer un monde où hommes et animaux pourront coexister pacifiquement.