La Grève mondiale pour le climat est de retour et nous avons toujours espoir!
Le temps n’a jamais paru aussi malléable, étrangement rythmé par le cycle des nouvelles. Vous pourriez donc être surpris.e de constater qu’il y seulement un an que nous étions six millions à marcher dans les rues des villes et villages du monde entier pour demander des actions concrètes pour le climat, dont 500 000 personnes à Montréal en compagnie de la figure emblématique du mouvement de grève pour le climat Greta Thunberg.
Le 27 septembre 2019 était un jour d’espoir et de promesse. Douze mois plus tard, le mouvement des grèves étudiantes pour le climat se dirige à nouveau dans les rues – et en ligne, covid oblige – pour une nouvelle Journée mondiale d’action pour le climat. Le thème de ce vendredi est « Pas de retour en arrière ». Les grévistes de partout dans le monde demandent des plans pour une relance verte et juste, en plus d’un effort concentré pour les communautés les plus affectées par le dérèglement climatique dans les pays du Sud.
Entre ces deux journées de manifestation espacées d’un an, tout s’est désorganisé. Mais si la pandémie monopolise toute l’attention depuis six mois, en arrière-plan, la crise climatique continue de progresser.
Ce que nous avons appris depuis la dernière Grève mondiale pour le climat, c’est que les communautés ne font pas que demander du changement, elles peuvent aussi agir et procéder à des changements devant une menace à leur existence. C’est ce que la pandémie a permis de démontrer.
Le dérèglement climatique présente lui aussi une menace à notre existence. Et nous voyons tous les jours, aux nouvelles, que ce n’est pas qu’une inquiétude abstraite devant un avenir incertain, mais bien la réalité d’aujourd’hui. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous savons quoi faire – et nous savons maintenant que nous pouvons le faire.
Nous devons nous assurer que les gouvernements et les entreprises placent la crise climatique au premier plan d’une relance verte et juste. Nous devons employer tous les outils à notre disposition, déployer les énergies renouvelables et poser plus d’actions individuelles, pour atteindre l’objectif d’un avenir carboneutre. Cela inclut également de procéder à des améliorations des milieux naturels et de la nature elle-même, notamment pour atténuer le dérèglement climatique, comme avec la conservation menée par les Autochtones par exemple, ainsi qu’avec les orientations du WWF-Canada sur la conservation et la restauration des réservoirs naturels de carbone (les forêts, les milieux humides) qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et préservent les espèces en péril.
L’année s’est déroulée de façon inquiétante avant même que la pandémie ne confine la planète. Cela a commencé avec les incendies de brousse en Australie qui ont causé la mort ou le déplacement du nombre ahurissant de trois milliards d’animaux, selon une étude commandée par nos collègues de WWF-Australie (en anglais).
Tout l’été, la forêt amazonienne a brûlé. La BBC rapporte que plus de 13 000 km2 sont partis en fumée entre janvier et juillet. Durant le mois d’août seulement, près de 30 000 foyers d’incendie ont été recensés et ont détruit à la fois un habitat unique et des communautés autochtones.
La Côte Ouest des États-Unis s’est aussi embrasée, les feux faisant des dizaines de victimes et des milliers de sans-abris, rasant plus de deux millions d’hectares (et ça continue). Nous avons tous vu ces images de ciel rouge et orange qui ont impressionné le monde entier sur les médias sociaux. La fumée de ces feux s’est propagée aussi loin que Terre-Neuve et même jusqu’en Europe.
L’Arctique aussi a brûlé cet été; des incendies ont ravagé la Sibérie, relâchant 244 mégatonnes d’émissions de carbone, dépassant le record d’émissions de l’an dernier d’un tiers. On croit que certains de ces feux « zombies » dataient de 2019 et avaient passé l’hiver à couver dans le sol, sous la neige. Et oui, ce terme définit une idée vraiment effrayante : ces feux ramollissent le pergélisol et empirent la crise climatique dans une région qui se réchauffe déjà trois fois plus vite que la moyenne mondiale.
En fait, les températures arctiques sont de six degrés Celsius au-dessus de la moyenne depuis les trois derniers hivers, un chiffre alarmant puisque la communauté mondiale a de la difficulté à garder la hausse de la température en deçà du seuil de 1,5 ° Celsius. En Sibérie, le cercle arctique a même atteint le record de 38 ° Celsius en juin!
La banquise d’été a officiellement atteint son second plus bas record cette année et les scientifiques avertissent qu’elle pourrait disparaître complètement d’ici 2035, mettant en péril les espèces qui en dépendent et les communautés de l’Arctique. Le mois dernier, au Nunavut, la barrière de Milne, vieille de 4000 ans, s’est effondrée, et l’indlandsis (couche de glace) du Groenland a déjà fondu jusqu’à atteindre un point de non-retour. L’Antarctique voit la même situation arriver et ces pertes causent la hausse du niveau de la mer et menacent d’affecter un milliard de personnes d’ici 2050.
Si les confinements dictés en réponse à la COVID ont réellement fait descendre les émissions de carbone pour la première fois depuis des années, elles sont désormais revenues à des niveaux prépandémiques et on projette qu’elles ne seront au total que de 4 à 7 % moindres que l’an dernier. Ce n’est pas un résultat obtenu volontairement à partir de changements structurels, mais cela nous montre que c’est possible.
En d’autres mots, l’année qui s’est déroulée depuis le grand mouvement de grève pour le climat a clairement prouvé que la crise climatique est commencée. Nous devons ensemble protéger notre planète, maintenant. Il n’est pas trop tard si nous agissons rapidement avec audace.