Une visite porteuse d’espoir
Pour les amoureux des baleines, dont je suis, la semaine a été porteuse d’une nouvelle très excitante : on a vu une baleine noire du Pacifique Nord dans les eaux de la Colombie-Britannique! La dernière observation avérée d’un individu de cette espèce remonte à 1951, il y a 62 ans!
Ce sont des chercheurs de Pêches et Océans Canada, qui menaient des recherches au large de l’île Langara dans le Nord de la Colombie-Britannique, qui ont eu la chance d’apercevoir la baleine. Ils ont même réussi à l’approcher et à immortaliser le moment sur vidéo et à faire des photos. Cliquez ici voir une vidéo.
Quelle expérience extraordinaire! Je ne l’ai pas vue moi-même, cette baleine, mais je suis toute remuée! Je donnerais gros pour avoir la chance de voir une baleine noire d’aussi près!
Crédit photo : https://www.noaa.gov/
À l’instar de sa cousine, la baleine noire de l’Atlantique Nord – qu’on appelle aussi baleine franche – la baleine noire du Pacifique Nord a fait l’objet d’une chasse intensive qui a mené l’espèce au bord du gouffre de la disparition. L’espèce est protégée depuis 1931 et la chasse commerciale en est donc interdite, mais le rétablissement de la population a vraisemblablement souffert de la chasse illégale qu’ont menée les baleiniers soviétiques entre 1961 et 1979.
Les scientifiques estiment que la population des baleines noires dans le Pacifique Nord a déjà oscillé entre 11 000 et 37 000 individus, mais il ne resterait plus aujourd’hui que quelques centaines d’entre elles à sillonner les mers. On n’en voit plus que dans le Pacifique Nord et l’on estime à pas plus de 38 à 50 individus la population fréquentant les eaux au large de la côte ouest du Canada, des États-Unis et, peut-être, du nord du Mexique. Cela en fait le grand cétacé le plus en péril de notre planète!
La baleine noire du Pacifique Nord est protégée en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) et figure sur la liste des espèces en voie de disparition. Un plan d’action a été élaboré en vue de sa protection, dont la première étape consiste à confirmer sa présence en eaux canadiennes – ce qui est triste en soi quand on sait que l’espèce a déjà été très nombreuse à fréquenter les eaux de la Colombie-Britannique. Mais aujourd’hui, comme il ne reste pas plus de 50 individus, et malgré sa taille – la baleine noire peut atteindre 17 mètres de longueur – chercher une baleine noire en mer cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin! Mais la visite-surprise de cette semaine est encourageante, car elle signale que l’espèce est toujours vivante!
En dépit de leur situation pour le moins alarmante, les baleines sont toujours là et continuent de lutter pour leur survie. Mais malheureusement pour les populations de baleine noire de l’hémisphère nord, la bataille est loin d’être gagnée. Outre des populations réduites à leur plus simple expression, ces grands cétacés font face à une multitude de menaces – collisions avec des bateaux, empêtrement dans des engins de pêche, pollution chimique et sonore, entre autres. Et avec tout cela, ce sera de plus en plus difficile de trouver des compagnons et de se reproduire. Voilà pourquoi le travail que mène le WWF-Canada pour protéger les baleines en péril dans les trois océans du Canada est si important, vital en fait.
On ne sait pas encore si la baleine noire du Pacifique Nord emportera la bataille et survivra. Pour ma part, le simple fait de savoir qu’il en reste au moins quelques-unes m’encourage, mais j’espère que nous ne devrons pas attendre encore 62 ans avant d’en voir une autre! En tout cas, ça me donne envie de travailler encore plus fort à protéger ces derniers géants des mers.