La COP28 comme point d’orgue de la plus chaude année jamais enregistrée

Quand la première COP, ou Conférence des parties, des Nations unies sur le climat a eu lieu à Berlin au printemps de 1995, les dérèglements climatiques semblaient appartenir à un lointain futur. En fait, la COP1 remonte à si longtemps que le premier navigateur Internet n’avait alors que quelques mois et il y avait 2,3 milliards de personnes de moins sur la planète.

Maintenant que la COP28 est en cours pour deux semaines de négociations à Dubaï (du 30 novembre au 12 décembre), cet avenir est devenu notre présent. Après des mois de précipitations, d’inondations, de vagues de chaleur et d’incendies de forêt records à travers le monde, il sera bientôt confirmé que 2023 aura été l’année la plus chaude jamais enregistrée.

A fire burning
Incendie de forêt au Yukon. © Natphotos/Getty Images

Le sentiment d’urgence qui manquait peut-être il y a près de 30 ans est on ne peut plus présent aujourd’hui, autant sur la scène internationale qu’ici chez nous. Un récent audit du commissaire à l’environnement et au développement durable a trouvé que le Canada est non seulement en voie de rater ses cibles de réduction des émissions de 2030, mais que c’est aussi « le seul pays du G7 qui n’a réalisé aucune réduction des émissions depuis 1990. »

Et c’est sans compter le pétrole et le gaz que nous exportons (dont nous sommes respectivement le quatrième et cinquième producteur mondial) ou le dioxyde de carbone relâché par les feux de forêt accentués par la crise climatique.

Toutefois – et retenez-le bien – ce n’est pas une raison pour ralentir nos efforts, car il n’est pas trop tard! Chaque fraction de degré Celsius compte pour notre avenir, et à l’heure actuelle il est encore temps de renvers la tendance. Nous devons accroitre la pression sur nos leaders afin qu’il.elle.s en fassent plus à la mesure des enjeux. Nous devons agir comme si notre avenir en dépendait, parce que c’est le cas.

La COP28 doit nous faire passer des promesses et des plans à la mise en œuvre, parce que les cibles demeurent vides de sens tant qu’on ne les a pas atteintes – et c’est ce qui est à l’ordre du jour. Ce sera le premier « bilan mondial », un mécanisme issu de l’Accord de Paris de la COP21 afin d’évaluer les progrès.

Gulls on melting summer ice with an Arctic hill in the background
Des goélands perchés sur les dernières glaces d’été en train de fondre, près de Pond Inlet, au Nunavut. © Andrew S. Wright / WWF-Canada

Ce bilan se place juste après la parution du dernier rapport des Nations unies sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions : Un message repassé en boucle – Les températures atteignent de nouveaux sommets, mais le monde ne parvient pas à réduire les émissions (une fois de plus), qui constate que les engagements en vigueur placent la planète sur la voie d’un réchauffement de 2,5 à 2,9 °C, avec 42 % de réduction des émissions nécessaire afin de conserver le réchauffement à 1,5 °C.

Le bilan offre l’occasion aux gouvernements de s’engager à mettre en œuvre des actions qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre, dont la réduction de l’utilisation de combustibles fossiles et le renforcement des écosystèmes qui séquestrent le carbone. Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, aura un rôle de leadership en tant que cofacilitateur , avec le ministre égyptien de l’Environnement, afin de soutenir le président désigné de la COP28 pour impliquer les ministres de tous les pays dans la proposition de solutions de mise en œuvre allant du financement à la technologie et au renforcement des capacités.

Le WWF sera présent à Dubaï pour continuer de mettre la pression sur les chef.fe.s d’État du monde entier et leur rappeler de ne pas simplement relever leur ambition de réduction des émissions, mais aussi de travailler à atteindre les cibles. Nous y serons, car il est impératif d’abandonner les combustibles fossiles avant 2050. Et parce que nous devons renforcer le fonds « pertes et dommages » pour les pays en développement, qui ont le moins contribué aux dérèglements climatiques mais les subissent pourtant le plus.

Mais encore, pour se servir de la nature comme un outil d’adaptation et d’atténuation climatique qui résout également la question de la perte de biodiversité tout en faisant progresser la réconciliation par la conservation menée par les Autochtones. (Continuez votre lecture pour en apprendre davantage à propos de notre panel à la COP28 sur la protection, la gestion et la restauration menées par les Autochtones.)

Il y a plusieurs crises concurrentes dans le monde en ce moment – comme c’était aussi le cas en 1995 – mais l’avance que nous avions alors a fondu. Il est maintenant l’heure de la crédibilité climatique. Que les mots mènent à l’action. Et que le monde se rassemble enfin pour sauver la planète.

WWF-Canada à la COP28

Alors que les leaders du monde se rencontrent au sommet de la COP28 sur le climat à Dubaï, le WWF-Canada sera sur place pour tenir deux panels sur la façon dont la conservation menée par les Autochtones, qui inclut les aires protégées et de conservation autochtones, peut réduire les émissions de carbone et les futurs impacts climatiques négatifs tout en protégeant aussi la biodiversité, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance locaux.

Par exemple, la saison de feux de forêt de cette année, la pire de l’histoire du pays, n’a pas seulement affecté la nature en plus de menacer les pompier.ère.s et les communautés. Elle a également libéré du carbone emmagasiné dans les arbres et les sols.

Climate COP attendees at WWF’s PandaHub pavilion, the walls feature the WWF panda logo and the words Climate Action
Le « PandaHub », pavillon du WWF à la COP23 à Bonn, en Allemagne © IISD Reporting Services

Pendant que nous considérons la restauration de ces forêts, dont une bonne partie se trouve en territoires autochtones, il est crucial de suivre leur direction et de se concentrer sur la résilience climatique et la biodiversité. Cela signifie de planter une variété d’espèces d’arbres, d’arbustes et de plantes, selon le savoir et les priorités autochtones, ce qui peut aussi aider à réduire les risques d’incendies.

Les bassins versants représentent un autre endroit où le climat et la biodiversité se rejoignent et où la protection et la restauration menées par les Autochtones peut aider à réduire les impacts climatiques tout en aidant des espèces comme le saumon qui sont importantes pour tout l’écosystème et les humains.

Ces panels seront tenus au pavillon du WWF et au pavillon du gouvernement du Canada. Le modérateur sera James Snider, vice-président Science, savoir et innovation du WWF-Canada et parmi les panélistes se trouveront Steven Nitah de Nature for Justice, Angela Kane de la Secwepemcúl’ecw Restoration and Stewardship Society (SRSS), et Elizabeth Hendriks, vice-présidente Restauration et régénération du WWF-Canada.

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