COP15 sur la biodiversité : Montréal doit à nouveau marquer l’histoire environnementale

Deux des plus importants sommets à propos des crises touchant la nature auront lieu cet automne, à quelques semaines d’intervalle. Le premier, sur le climat, attirera vraisemblablement la plus grande partie de l’attention, mais l’autre, sur la biodiversité, est tout aussi important. Bien qu’elles soient traitées séparément, les solutions pour surmonter ces deux crises sont intimement liées.

Le sommet annuel des Nations unies sur le climat est couramment appelé COP. C’est l’abréviation courante pour Conférence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dont la 27e conférence – la COP27 – aura lieu en Égypte à la mi-novembre.

Les Nations unies tiennent aussi une convention sur la biodiversité et la COP15, ou la 15e Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB), devait avoir lieu à Kunming, en Chine, en octobre 2020. Vous aurez deviné qu’elle n’a pas eu lieu. Maintenant, après une série de reports causés par la pandémie, elle a été relocalisée à Montréal du 5 au 17 décembre.

Downtown Montreal, Quebec, as seen from the top of Mount RoyalLe centre-ville de Montréal, Qc, vu du mont Royal © Arild, licensed under CC BY 2.0

Revenons un peu en arrière. La biodiversité est la variété des formes de vies sur Terre ou au sein d’un habitat spécifique. La Convention sur la diversité biologique est un traité multilatéral négocié au Sommet de la Terre de Rio en 1992 et ratifié par chaque État membre à l’exception des États-Unis, avec un objectif unique de freiner la perte de biodiversité avant 2010.

Cet objectif n’a pas été atteint. Donc, à la COP de 2010 au Japon, la communauté mondiale a établi un plan stratégique sur 10 ans qui inclut les 20 objectifs d’Aichi pour la biodiversité. Mais aucun de ces objectifs n’a été complètement atteint non plus.

La chance de la décennie

Suite à ce report de deux ans à cause de la COVID, les dirigeant.e.s en seront aux dernières négociations sur le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020. Avec ce dernier, on vise à mener des actions ambitieuses pour renverser le déclin de la nature avant 2030, tout en améliorant l’intégration des droits autochtones, de la santé publique et de l’équité.

Cette ambition est cruciale : le Rapport Planète vivante 2022 du WWF constatait que les espèces de vertébrés ont décliné de 69 % en moyenne dans le monde depuis 1970, alors que notre Rapport Planète vivante Canada 2020 constatait que les espèces en péril au pays ont décliné de 59 %.

Bien que cette crise continue de s’accélérer, nous savons également qu’il est possible de ralentir sa course, et même d’en renverser la vapeur.

Depuis l’entrée en vigueur de la CDB en 1993, les expert.e.s estiment que la disparition de près de 70 oiseaux et mammifères a été évitée. Et c’est précisément pour renverser le déclin des espèces que la COP15 à Montréal doit vraiment attirer l’attention du monde entier. Les efforts de conservation n’ont pas échoué, mais nous devons faire preuve de plus d’ambition, et nous devons améliorer la transformation de cette ambition en actions.

Le Canada – qui a surpassé son engagement de 2020 en matière d’aires marines protégées (mais a raté sa cible d’aires terrestres) par la protection de Tuvaijuittuq, une section de la taille de l’Allemagne située dans l’océan Arctique au sein du Dernier refuge de glace – s’est engagé à protéger 25 % des terres et des eaux du pays d’ici 2025 et 30 % avant 2030.

Maintenant, nous devons non seulement nous assurer que le gouvernement atteigne ces nouvelles cibles, mais aussi faire en sorte que les bons endroits soient protégés. Il ne s’agit pas simplement d’une case à cocher. Les aires protégées doivent avoir un impact significatif sur les espèces en péril tout en faisant progresser les droits autochtones et en protégeant les réserves de carbone.

La rencontre a été déplacée à Montréal parce que c’est la ville où est situé le secrétariat de la CBD – la Chine demeurant officiellement le pays hôte. Nous serons aux premières loges des négociations parmi les plus importantes de la planète.

En décembre à Montréal, le monde doit se mettre d’accord et arrêter une fois pour toute la destruction de la nature, puis renverser la perte de biodiversité et construire un avenir durable pour la vie sur Terre.