Ce qui doit arriver à la COP28 selon le WWF-Canada

Depuis trois décennies, les leaders du monde se réunissent chaque année à l’occasion d’une « Conférence des Parties » pour discuter des mesures à prendre au niveau mondial pour lutter contre les dérèglements climatiques. Mais la COP28, qui se déroule à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, est particulièrement importante, parce que les pays ont du retard sur les cibles de réduction des émissions et ils doivent négocier la façon de se reprendre en main. 

Les Nations unies viennent de compléter le premier « bilan mondial » afin de comprendre à quel point nous tirons de l’arrière. Et le sommet de cette année a pour but de négocier ce que nous devons faire pour nous remettre sur la bonne voie et passer du discours à l’action.

Le WWF sera sur le terrain à Dubaï pour suivre les progrès, ajouter de la pression et mettre de l’avant nos priorités. Nous avons discuté avec Mary MacDonald, vice-présidente principale de la conservation au WWF-Canada, afin d’en apprendre plus sur ses espoirs envers ce sommet historique.

Launch of Mapping Canada's Carbon Landscapes study at COP26
Mary MacDonald et James Snider du WWF-Canada parlent durant un panel à la COP26 à Glasgow, en Écosse © Dan Albas

Quels types d’engagements souhaiteriez-vous voir à cette COP? 

Nous voulons voir les pays se rassembler pour s’engager dans l’action, le financement et la responsabilisation qui arrêteront la perturbation du climat – les incendies, les inondations, les sécheresses et les ondes de tempêtes – et ses répercussions sur la nature et les humains. La COP sur le climat à Dubaï doit s’occuper du fait que pratiquement aucun pays n’atteint ses cibles globales de réduction de gaz à effets de serre.

Que voulons-nous que le gouvernement du Canada fasse?

Nous sommes d’abord une organisation pour la nature, donc, au WWF-Canada, nous voulons que le gouvernement fédéral soit un leader du rassemblement des pays afin de reconnaitre la valeur des écosystèmes sains dans le stockage et la séquestration du carbone. Pour ce faire, nous devons voir la nature imbriquée dans le corps de l’accord général lors de cette COP, avec notamment un mode d’emploi pour la mise en œuvre de ces engagements.

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Bien entendu, nous voulons également voir un engagement d’abandon progressif des combustibles fossiles avant 2050. D’autres sources possibles d’énergies renouvelables apparaissent chaque année et nous devons transitionner vers ces sources. Le Canada doit s’entendre sur un objectif d’adaptation global et, en tant que pays riche, continuer d’apporter du financement aux pays plus pauvres pour leur permettre de s’adapter à l’évolution du climat et d’accomplir leur propre transition vers des énergies renouvelables.

Comment mettrons-nous en œuvre les actions climatiques, puisque nous avons raté toutes les cibles à ce jour?

Ce n’est pas seulement notre pays qui rate ses cibles, tous les pays sont en retard. Mais nous savons ce que nous avons à faire, et nous devons maintenant l’accomplir. Les cibles ratées ne sont pas une raison pour baisser les bras. Chaque personne, organisation, agence gouvernementale et entreprise doit réduire ses contributions aux émissions de gaz à effet de serre et maximiser les écosystèmes en santé. Nous devons immédiatement saisir les occasions de changement.

Aerial view of a winding river and trees in Northern Ontario
La forêt boréale dans le Nord-Ouest de l’Ontario © Gordon Pusnik / Shutterstock

De quelle façon les écosystèmes en santé contribuent-ils à freiner les dérèglements climatiques?

Les milieux humides, les forêts, les zones côtières, les bassins versants et les autres écosystèmes retirent du carbone de l’atmosphère et l’emmagasinent dans le sol, les racines et les plantes. L’intendance des écosystèmes et un mode de vie suivant la capacité naturelle de ces écosystèmes – comme le font les communautés des Premières Nations, des Inuit et des Métis.ses quand elles n’en ont pas été empêchées – aident la biodiversité en plus de permettre à la nature d’effectuer son travail, qui est d’absorber le carbone atmosphérique qui, s’il n’est pas contrôlé, accentue les dérèglements climatiques.

Quels sont les éléments spécifiques que vous allez suivre à Dubaï?

Nous surveillerons attentivement la réaction et la réponse des pays au bilan mondial. À la COP28, chaque pays devrait détailler exactement ce qu’il fera pour conserver le réchauffement planétaire sous 1,5 °C. Nous guetterons un engagement d’abandon progressif des combustibles fossiles avant 2050. Par-dessus tout, nous aimerions voir un objectif mondial incluant des ressources financières pour l’adaptation climatique, et plus de 100 milliards de dollars issus de sources publiques et privées pour aider à atteindre les cibles climatiques. Nous voulons voir le rôle de la nature en matière de réduction des émissions explicitement reconnu et soutenu dans l’accord final.

En dernier lieu, il est vital que les rôles, le savoir et les droits des nations autochtones au Canada, et dans le monde, soient reconnus et soutenus dans le combat contre les dérèglements climatiques.

De quelle manière les résultats de la COP28 seront-ils reliés au Cadre mondial de la biodiversité qui a été signé à la COP15 à Montréal en décembre dernier?

Le lien entre des écosystèmes en santé et garder le réchauffement global sous 1,5 °C est fort. Le traité des Nations unies sur la biodiversité et le traité des Nations unies sur le climat reconnaissent maintenant tous les deux l’importance de cette connexion.

À la COP28, nous souhaitons que tous les pays s’engagent dans l’accord à poser des actions qui appuient des hausses mesurables de la quantité de carbone emmagasiné dans la nature.