Ce que nous apprend le Rapport Planète vivante Canada 2020

Pas besoin d’être un.e scientifique pour constater que les espèces en péril connaissent un important déclin. Après tout, en péril signifie en péril de disparition. Mais puisque nous savons déjà tout cela, pourquoi est-ce que le déclin des espèces occupe une fois encore une partie si importante du Rapport Planète vivante Canada 2020 (RPVC 2020)?

Parce que c’est ce qui est le plus important! Et parce que pour développer des solutions efficaces pour lutter contre la perte d’espèces, il est important de comprendre l’étendue de leur déclin et d’identifier s’il touche plusieurs groupes taxonomiques (oiseaux, poissons, mammifères, amphibiens et reptiles) ou si certains groupes subissent des déclins plus prononcés que d’autres.

Dans le RPVC de cette année, nous voulions examiner de près les espèces canadiennes les plus en péril pour comprendre à quel point elles déclinent, quels types de menaces pèsent sur elles et évaluer si nous avons réussi à préserver leurs populations. Pour y arriver, nous avons dirigé notre attention sur les espèces évaluées en péril par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSPAC, soit le comité scientifique qui détermine le risque de disparition des espèces sauvages). Nous avons aussi examiné les espèces dont la conservation est significative au niveau mondial, soit celles qu’on retrouve sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (en anglais).

Nos découvertes sont inquiétantes.

En dépit de la réputation du Canada d’être le pays des grands espaces dotés d’abondantes espèces, il s’avère que plusieurs de nos espèces sont en difficulté. Et que celles qui sont en péril sont extrêmement menacées.

Un macareux moine (Fratercula arctica) tenant une fleur, sur la péninsule de Bonavista, Terre-Neuve, Canada.

Que veulent dire les chiffres? Regardons les données de plus près :

Lorsque nous étudions les espèces évaluées en péril par le COSEPAC (donc celles qui sont en péril ici au pays), nous constatons que les populations ont décliné de 59 % entre 1970 et 2016.

Du côté des populations des espèces identifiées par l’UICN, soit des espèces d’importance mondiale qui ont des populations au Canada, le rapport démontre qu’elles ont décliné de 42 % durant la même période. Ces déclins nous disent que les espèces de chez nous contribuent à la crise mondiale de la biodiversité.

Prenons le caribou de la toundra, par exemple. Certaines hardes de caribous ont décliné de 99 %, ce qui est alarmant étant donné que cette espèce est identifiée comme menacée au Canada et vulnérable dans le monde. Si nous ne parvenons pas à freiner et renverser le déclin de l’espèce ici, chez nous, cet animal emblématique disparaîtra du Canada – et possiblement du monde entier.

Qu’est-ce qui cause ce déclin?

Un rapport que nous avons publié plus tôt cette année (en anglais) a révélé que les espèces canadiennes sont confrontées à cinq menaces en moyenne, et que cela peut même aller jusqu’à sept menaces pour certaines espèces!

Il est encore plus inquiétant de constater que plusieurs menaces ont des effets en cascade lorsqu’elles sont combinées. Par exemple, les espèces qui souffrent de la perte de leur habitat sont encore plus affectées quand les conséquences du dérèglement climatique ravagent leurs populations. Il en est de même pour les espèces surexploitées qui sont aussi touchées par la perte de leurs habitats.

Marmotte de l’île de Vancouver © Ryan Tidman

Pour renverser le déclin, nous devons répondre à de menaces multiples d’un seul coup

Par le passé, les efforts de conservation se concentraient sur une seule menace à la fois. Mais voici que le Rapport Planète vivante Canada 2020 met en lumière une série de solutions qui peuvent contrer la perte d’espèces et le dérèglement du climat en même temps.

Par exemple, protéger l’habitat d’une espèce peut aussi contribuer à protéger d’importants réservoirs de carbone et construire des refuges climatiques. Ces derniers sont ces endroits dont les conditions climatiques resteront relativement stables pour les espèces qui ont besoin d’un climat bien particulier pour survivre. Restaurer des habitats dans des régions dégradées permettra aussi aux espèces d’y revenir et d’équilibrer leurs populations, tout en créant de nouvelles régions qui peuvent séquestrer davantage de carbone. Notons aussi l’importance d’investir dans la conservation menée par les Autochtones afin d’atteindre des résultats de conservation équitables, efficaces et justes.

Au WWF-Canada, nous consacrons nos ressources, réorganisons nos activités et réalignons nos façons de travailler dans le cadre d’un effort concerté sur 10 ans, qui vise à accroître la protection durable des populations d’espèces et la santé des écosystèmes pour le bien de tou.te.s.

Mais nous ne pouvons pas y arriver seul.e.s : nous avons besoin de votre aide.

Ensemble, individus, organisations, communautés, gouvernements et entreprises, nous pouvons réaliser un changement en profondeur.