Bilans de santé des cours d’eau – la Thames

Écrit par Don Pearson et Bonnie Carey de la Lower Thames Valley Conservation Authority
La rivière Thames a été l’une des premières évaluées dans le cadre des Bilans de santé des cours d’eau du WWF-Canada. Les scores obtenus pour les sous-bassins supérieur et inférieur de la Thames ont été regroupés pour attribuer un score global de l’état de la rivière. Le score global de la Thames est faible, mais les paramètres de la qualité de l’eau et des poissons ont obtenu de bonnes évaluations. Nous avons demandé à l’équipe de la Lower Thames Valley Conservation Authority de nous parler de leur rivière et de ce que signifie le score qui lui a été attribué. Voici ce qu’on nous a raconté…

riviere Thames_carteBilan de santé de la rivière Thames (wwf.ca/fr)

La rivière Thames est un cours d’eau majestueux de 273 km, qui sillonne certaines des régions agricoles les plus productives au Canada, et traverse les villes de Woodstock, London et Chatham dans le sud-ouest de l’Ontario, jusqu’à Lighthouse Cove et au lac St.Clair. Le  bassin versant de la rivière Thames abrite 15 % des espèces en péril au Canada – dont la tortue à carapace molle et le stylophore à deux feuilles – ainsi qu’une grande variété de poissons et d’espèces animales attirant pêcheurs, chasseurs et trappeurs.
Le débit de l’eau, un paramètre important de la santé d’un cours d’eau, a obtenu un score très faible. Il faut cependant évaluer ce score dans le contexte propre à cette rivière et tenir compte des facteurs qui ont dénaturé les débits naturels de la Thames. Son bassin versant est l’un des plus entièrement développés en Ontario, entouré d’immenses zones agricoles et de cinq agglomérations urbaines et des douzaines de collectivités réunissant plus de 600 000 habitants. Inutile de dire qu’une telle occupation du territoire a grandement transformé le lieu, qui n’a plus rien à voir avec celui qu’ont découvert les colons européens au XVIIe siècle.
Ce changement radical de l’utilisation du territoire ne s’est pas fait sans impact sur l’hydrologie du bassin versant – l’interaction des précipitations et des eaux de ruissellement et du sol, son effet sur l’eau de surface et souterraine. À la fonte des neiges au printemps ou lors de forte pluies, l’eau de surface s’accumule rapidement et ruisselle dans les affluents et l’artère maîtresse. Il en résulte des débits très forts, qui menacent les populations installées de longue date dans les vallées fluviales pour profiter d’un accès facile à l’eau – soit pour les moulins, soit pour le transport, et où l’on voit encore aujourd’hui plusieurs de ces anciens barrages de moulin. Au cours des périodes plus sèches, les débits diminuent au point que l’émergence d’eau souterraine ne suffit pas à les maintenir.

riviere Thames_scoresScore de la rivière Thames (wwf.ca/fr)

Ces conditions d’inondations et de sécheresses cycliques ont souvent eu des conséquences dramatiques non seulement pour les populations humaines, mais également pour les espèces aquatiques. Pour y pallier, un réseau de barrages et réservoirs a été construit entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1960. Ces structures et leurs réservoirs, s’ils se sont avérés extrêmement utiles pour modérer les débits trop élevés ou trop faibles, ont cependant des impacts négatifs sur la qualité de l’eau et sur les populations aquatiques indigènes. Les coûts et bénéfices de ces mesures illustrent bien les compromis inhérents à la gestion de l’eau pour les populations humaines et la nature.
Nous avons cependant appris beaucoup sur les impacts de l’activité humaine sur la nature et, heureusement, des mesures positives sont mises en place progressivement, car nous apprenons à fonctionner de manière plus responsable et respectueuse de l’environnement et de notre héritage naturel, et à traiter nos ressources en eau douce comme il se doit – comme si notre vie en dépendait, en somme. Il reste beaucoup à faire, et le meilleur moyen de susciter l’action est de sensibiliser les gens à la nature et à ses besoins. Nous espérons que les bilans de santé des cours d’eau du Canada nous aideront à mieux apprécier l’importance de ces ressources et de développer chez chacun d’entre nous un sens accru de notre responsabilité à leur égard.