Ce qu’on connait – et ce qu’on ignore – de l’état de santé de notre eau douce
Le Canada est célèbre pour la quantité d’eau douce qu’il détient, soit 20 % des réserves mondiales. Mais prenons-nous suffisamment soin de cette ressource?
Le WWF-Canada a récemment réévalué l’état de santé des 25 bassins versants du pays afin de mieux comprendre comment ils réagissent aux menaces issues de la pollution, de la perte d’habitat et de la crise climatique. Notre Rapport sur les bassins versants 2020 a permis de constater que 26 % des 167 sous-bassins versants du pays ont reçu la note bon ou très bon pour leur état de santé, ce qui est une bonne ou très bonne nouvelle!
Par contre, ce qui est mauvais, voire très mauvais, c’est que près de 60 % de ces sous-bassins n’ont reçu aucune note parce que les données sont insuffisantes. En d’autres mots, nous ne savons pas dans quel état ils sont. Ce manque de données est préoccupant, car nous avons besoin d’un portrait complet pour déterminer quelles régions ont besoin d’efforts particuliers pour protéger nos écosystèmes aquatiques.
Voici quelques exemples de ce que nous avons appris en regardant de plus près trois bassins versants à travers le pays.
Des bassins versants en mauvais état même dans les régions éloignées
Le bassin versant du fleuve Yukon s’étend du nord-ouest de la Colombie-Britannique au nord du Yukon avant de traverser en Alaska. Il soutient une des plus grandes aires de frai du saumon au monde, mais son état de santé a reçu une note faible à cause du débit et de la qualité de son eau.
Le changement significatif dans le débit mensuel de l’eau est probablement causé par les dérèglements climatiques et/ou l’extraction des ressources, alors que les données sur la qualité de l’eau montrent de grands taux de métaux (aluminium, cuivre, fer, arsenic, plomb et zinc) et de nutriments (nitrite, nitrate et phosphore). Ces notes basses sont surprenantes, étant donné que le bassin versant du Yukon est si éloigné des grands centres.
La surveillance ciblée de l’eau permet de combler les lacunes
Le bassin versant de la rivière des Outaouais, qui descend des Laurentides, au Québec, jusqu’en Ontario, pour ensuite s’écouler vers le sud-est et déboucher dans le fleuve Saint-Laurent, fournit de l’eau potable à plus d’un million de personnes et soutient un grand nombre de poissons, d’oiseaux et d’amphibiens.
Le sous-bassin du cours moyen de la rivière des Outaouais manquait auparavant de données, mais grâce à la surveillance ciblée du WWF-Canada et de ses partenaires, il a reçu les notes bon et très bon pour la qualité de l’eau, les invertébrés benthiques et les poissons. Ces données supplémentaires nous ont permis de calculer l’état de santé total du bassin versant, coté moyen, avec un des sous-bassins obtenant la note bon.
Bien que la note générale soit plus basse qu’espérée, nous savons maintenant que pour améliorer le débit et la qualité de l’eau dans la région, nous devons réduire la fragmentation de l’habitat et la pollution.
Données insuffisantes dans les régions nordiques qui connaissent un développement industriel significatif
Les bassins versants Nord du Québec et Nord de l’Ontario restent de nature sauvage, leurs rivières se jetant au nord, dans la baie James ou la baie d’Hudson. Ce sont deux bassins très vastes, le bassin Nord de l’Ontario couvrant à lui seul près de la moitié de la province. Toutefois, les 12 sous-bassins du nord du Québec et 11 des 13 sous-bassins du nord de l’Ontario souffrent de données insuffisantes.
Ces régions abritent des mines importantes et des barrages considérables, mais sans données suffisantes, nous ne pouvons comprendre comment ces développements industriels affectent la santé de ces bassins versants et, par conséquent, les communautés et les espèces qui en dépendent. Nous ne pouvons pas non plus savoir comment évaluer les propositions de nouveaux développements.
Bien que la collecte de ces données doive principalement être conduite et financée par le gouvernement et l’industrie, nous pouvons tout de même nous impliquer pour les cours d’eau qui se trouvent près de nous. Joignez-vous à votre groupe local de protection des bassins versants pour échantillonner les rivières ou les ruisseaux de votre voisinage afin d’en apprendre plus sur la qualité de l’eau ou les insectes, puis communiquez vos constats dans des systèmes de données en libre partage, comme le programme STREAM. Apprenez-en davantage sur votre bassin versant en consultant la carte interactive.