Des solutions existent pour la vie marine de Chesterfield Inlet
Par Andrew Dumbrille et Rachel Theoret-Gosselin
L’actuel processus de planification de l’aménagement des terres du Nunavut donne lieu à de nombreuses inquiétudes sur les effets actuels et éventuels du développement dans la région. Sous la direction de son maire Barnie Aggark, la communauté de Chesterfield Inlet, située à la frontière ouest de la baie d’Hudson, exprime ses préoccupations concernant le transport maritime et ses effets sur la vie marine.
M. Aggark a tenu à inviter le WWF-Canada lors de la série de rencontres dans la communauté où les aînés, le Hamlet Council, l’organisation de chasseurs et de trappeurs d’Aqigiq et le public étaient rassemblés, afin de prodiguer ses conseils d’experts à propos du transport maritime et de la planification territoriale. Ces rencontres avaient pour but de discuter des possibles solutions de réduction des impacts du trafic maritime dans la région.

Le déclin significatif des populations de phoques, de bélugas et d’ombles chevaliers dans les dernières années est l’un des enjeux principaux soulevés lors de ces rencontres. La crique et la voie navigable de Baker Lake ainsi que la mine Meadowbank étaient auparavant le refuge d’une vie marine diversifiée faisant partie du quotidien de ses habitants. La chasse, la pêche et les pratiques traditionnelles sont ancrées dans la vie des habitants et constituent pour eux une façon de se connecter à la terre et à la mer.
Plusieurs membres de la communauté associent les changements marins qui se produisent à l’augmentation du trafic maritime lié aux activités minières et au flux de transport de matériel circulant sur la voie navigable. Il est assez évident de constater cette réalité : la voie navigable est étroite, ce qui signifie que le trafic des navires, le transfert de carburant et l’ancrage se font tous à une distance relativement rapprochée de la côte, rendant les perturbations inévitables.

Les opportunités économiques et les emplois sont prioritaires pour les résidents, mais ne doivent pas se faire au détriment de la santé du milieu marin, affirment-ils. Les risques encourus par la communauté en lien avec le transport maritime doivent être compensés avec des bénéfices.
Voici quelques mesures qui pourraient aider l’atteinte de cet équilibre et qui ne restreignent pas complètement le transport maritime en brouillant les perspectives économiques :
- Assurer la présence de deux observateurs de la communauté sur chaque navire qui transite dans la région, fournissant ainsi un savoir local et laissant la responsabilité aux opérateurs de navires.
- Fournir une formation appropriée à la communauté en cas de déversement d’hydrocarbures. Il n’y a présentement aucune planification, pas de liste de personnes ressources ni d’inventaire des ressources disponibles.
- Établir des limites de vitesse pour les navires qui transitent via la crique et la voie navigable de Baker Lake, permettant une maniabilité, la réduction des émissions, des conflits avec les mammifères et du bruit.
- Mettre en place des restrictions claires à propos des rejets d’eaux usées et d’échange des eaux de ballast.
- Développer un plan de transit saisonnier interdisant le transport durant le mois d’août, moment où la pêche à l’omble chevalier est très importante.
- Assurer le transport du matériel minier par voies terrestres pour éviter que le transport ne se fasse seulement que par la crique.
- Établir des restrictions sur l’ancrage afin de contourner les corridors migratoires des mammifères marins et les aires de reproduction de l’omble chevalier situées aux embouchures des rivières se déversant dans la crique et la voie fluviale.
Les prochains mois sont cruciaux pour la ville de Chesterfield Inlet et ses habitants. La Commission d’aménagement du Nunavut tiendra des consultations publiques au mois de novembre à propos de ces ébauches de plans d’aménagement des terres du Nunavut qui comprennent l’utilisation des zones pour des activités telles que le transport maritime. Ce plan devra établir une norme très élevée en termes de développement. L’opinion des membres de la communauté doit se faire entendre. Nous nous devons maintenant d’écouter, car le transport maritime peut se faire dans de bonnes conditions.
Cette semaine au Nunavut, l’avenir du transport en Arctique sera discuté dans le processus de planification de l’aménagement des terres du Nunavut. En préparation à cette rencontre, Ocean’s North a publié un rapport sur le transport responsible en Arctique. Pour en savoir plus : https://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/reports/2016/04/the-integrated-arctic-corridors-framework.