Réponse du WWF à un article publié par The Guardian le 15 février 2025

Publié le 18 février 2025

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) ne fait ni activité de lobbyisme ni travail visant à soutenir ou promouvoir le commerce de fourrure d’ours polaire, et nous demandons la correction des inexactitudes d’un article récemment publié dans The Guardian.

La chasse est un enjeu complexe, souvent relié aux droits des peuples autochtones et des communautés locales. Pour ces raisons, nous n’y sommes pas opposé.e.s dans tous les cas. Cela n’équivaut pas à soutenir, défendre, aider ou promouvoir le commerce de la fourrure d’ours polaire.

Nous nous opposons à toute chasse non durable et à toute chasse illégale en Arctique. Les plus grandes menaces pour les ours polaire sont, et de loin, la perte d’habitat et les dérèglements climatiques – et nous continuons de travailler à la conservation et à la représentation de ces enjeux vitaux.

Pour les demandes médias, veuillez écrire à [email protected]

Pour plus de renseignements 

1. Est-il exact que le WWF travaille à soutenir le commerce de fourrure d’ours polaire?

Absolument pas. La position du WWF – qui est fondée sur la science et le respect des droits des peuples autochtones – a malheureusement été dénaturée dans un article récent paru dans The Guardian. Nous avons demandé la correction de ces inexactitudes.

2. Comment les fonds des donateur.rice.s sont-ils utilisés pour la conservation des ours polaires?

Le financement du WWF est dirigé à la surveillance scientifique de sous-populations d’ours polaires, au développement de méthodes de suivi non intrusives comme l’ADN environnemental (ADNe), au soutien de la recherche sur les impacts des dérèglements climatiques sur les ours polaires, et au plaidoyer pour la protection des habitats essentiels des ours polaires. Ce travail est nécessaire pour assurer la survie à long terme de l’espèce.

3. Comment le WWF travaille-t-il avec les communautés autochtones pour la conservation des ours polaires?

Notre travail en partenariat avec les communautés en Arctique repose sur un profond respect et la confiance envers les pratiques culturelles traditionnelles qui ont été réalisées durablement durant des générations.

Le WWF respecte les droits des peuples autochtones et des communautés locales, y compris le droit de gérer et d’utiliser les animaux qui font traditionnellement partie de leur culture, en vertu des cadres juridiques pertinents et suivant les conseils des scientifiques.

Puisque la banquise arctique diminue, les ours polaires s’aventurent dans les communautés arctiques, provoquant plus fréquemment des rencontres dangereuses entre les humains et les ours. À ces occasions, les ours peuvent causer des dommages à la propriété, attaquer des personnes, causer des blessures ou des décès, et être abattus pour défendre des vies et de l’équipement.

Le WWF collabore avec des communautés de diverses façons, depuis les patrouilles de surveillance des ours polaires à l’éducation des résident.e.s aux stratégies de coexistence.

Le WWF soutient aussi des projets menés par des communautés autochtones sur le suivi des populations d’espèces arctiques, notamment le suivi des habitats de tanières d’ours polaire en Arctique canadien, qui dépend de la connaissance traditionnelle du territoire par les communautés.

4. Pouvez-vous présenter de manière approfondie la perspective du WWF? 

La position du WWF est basée sur la science et les données les plus récentes – qui nous disent que les plus grandes menaces pour les ours polaires sont, et de loin, la perte d’habitat et les dérèglements climatiques.

L’Arctique se réchauffe presque quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui entraine la fonte de la banquise dont dépendent les ours polaires. La perte de banquise menace aussi les principales proies de ces ours, les phoques, qui ont besoin de la glace pour élever leurs petits. Les facteurs les plus importants pour améliorer à long terme la survie des ours polaires sont la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la conservation des habitats des ours polaires. C’est aussi là où nous centrons nos efforts, sur les menaces dominantes pesant le plus sur les espèces.

Le WWF reconnait que, dans certaines régions limitées, la chasse à l’ours peut représenter une source vitale de revenus pour certaines communautés arctiques, lorsque réalisée durablement, en accord avec les règlements internationaux de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ou la règlementation des gouvernements nationaux.

Toutefois, les peuples autochtones ne chassent pas principalement pour des raisons économiques, mais bien pour des raisons culturelles et nutritionnelles, pour s’alimenter et se vêtir, et le développement d’autres possibilités de revenu ne remplace pas ces besoins communautaires. Si nous reconnaissons que c’est un enjeu délicat, en tant qu’organisation qui se fonde sur la science, nous nous fions aux preuves et respectons les droits des communautés autochtones en ce qui concerne la gestion et l’utilisation des animaux qui font traditionnellement partie de leur culture, en vue d’une conservation à long terme de cette espèce magnifique.

5. Comment le WWF aborde la CITES en matière de conservation des ours polaires? 

La CITES est l’entité qui gouverne le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Elle travaille en soumettant le commerce international de spécimens d’espèces précises à certains contrôles. Les espèces concernées par la CITES sont sur une liste séparée en trois annexes, selon le degré de protection dont elles ont besoin.

L’Annexe I est considérée comme le dernier ressort des espèces en grande demande, ou des espèces qui ont connu un déclin catastrophique. L’Annexe II (sur laquelle se trouvent les ours polaires) vise à garantir que les pays où s’effectue le commerce des espèces contrôlent le commerce et les populations d’espèces, pour assurer que le tout soit durable. Le WWF est d’accord avec la sélection sur l’Annexe II, en se basant sur la science et les données les plus récentes.

Placer les ours polaires dans l’Annexe I de la CITES n’empêcherait pas la chasse à l’ours polaire au Canada qui, comme expliqué plus haut, n’est pas actuellement une menace à la conservation des ours polaires, mais empièterait sur les droits des peuples autochtones. La position du WWF est donc alignée sur celle des expert.e.s du Secrétariat de la CITES et des organisations de conservation comme l’UICN et TRAFFIC. Elle est aussi disponible publiquement ici.

Le travail de conservation du WWF se base sur la science pour garantir notre capacité à militer pour les solutions les plus efficaces aux menaces les plus urgentes et complexes qui pèsent sur la planète.