Notre planète en voie de perdre les deux tiers des populations d’espèces d’ici 2020
Le rapport Planète vivante 2016 du WWF documente les pertes de biodiversité dans les environnements terrestres, marins et d’eau douce
S’il vous plait, attribuer ce qui suit au rapport Planète vivante 2016.
TORONTO, 26 octobre 2016 – Si la tendance se maintient, les populations d’espèces pourraient avoir décliné de 67 % en 2020, soit en un demi-siècle seulement, en raison de l’activité humaine, selon le rapport Planète vivante 2016 du Fonds mondial pour la nature (WWF). Ce rapport, produit en collaboration avec la Société zoologique de Londres, révèle que les humains sont, pour la première fois dans l’Histoire, à l’origine des transformations terrestres. Il souligne également les changements nécessaires au sein des systèmes alimentaires, énergétiques et financiers de nos sociétés.
Selon le rapport, les populations mondiales de mammifères, d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens et de reptiles ont déjà diminué de 58 % entre 1970 et 2012, dernière année pour laquelle des données sont disponibles. À ce rythme, le déclin atteindra 67 % en 2020.
Pour en savoir plus sur le contexte canadien, voir l’addendum.
Principaux constats
Les espèces disparaissent à un rythme inégalé, avec :
- 38 % de déclin pour les populations terrestres.
- 36 % de déclin pour les populations marines.
- 81 % de déclin pour les populations d’eau douce.
Les plus grandes menaces pour les espèces sont :
- La perte et la dégradation des habitats (causées par l’agriculture et l’exploitation forestière, ainsi que par les modifications anthropiques des systèmes d’eau douce).
- La surexploitation (à travers la surpêche, la chasse et le braconnage).
- Les espèces envahissantes et les maladies.
- La pollution.
- Les impacts grandissants des changements climatiques.
Les humains ont dépassé les limites planétaires :
- Les ressources de 1,6 planète sont utilisées chaque année pour fournir les biens et services générés par la nature afin de subvenir aux besoins de l’humanité. Plus grande est l’empreinte écologique, plus grande est la pression sur les écosystèmes et la biodiversité, et plus grand est le risque de perte de biodiversité.
- La Terre entre dans un territoire inexploré, l’humanité ayant dépassé les limites planétaires qui agissent comme seuils de sécurité pour neuf grands systèmes indispensables au maintien de la vie sur Terre. Les limites déjà dépassées sont celles touchant au changement climatique, à l’intégrité de la biosphère, aux modifications des écosystèmes terrestres (par exemple, la conversion de forêts en terres agricoles) et aux flux biogéochimiques (phosphore et azote). Certaines évaluations semblent indiquer que l’utilisation de l’eau douce aurait également dépassé le seuil critique.
Pour protéger la biodiversité, le rapport Planète vivante 2016 identifie les changements nécessaires suivants :
- Une transition vers des sources d’énergie durables et renouvelables à 100 %; la rapidité étant un facteur clé pour la détermination de notre avenir.
- Des modèles d’affaires qui comprennent les coûts réels des dommages environnementaux dans les processus de prise de décision.
- Un système alimentaire qui réduit significativement le gaspillage tout au long de la chaine alimentaire, les intrants chimiques et provenant des énergies fossiles, les émissions de gaz à effet de serre, et qui effectue un passage vers une alimentation contenant moins de protéines animales.
Les écosystèmes naturels nous permettent d’avoir un air respirable, une eau potable et des aliments nutritifs. Mais leurs complexité, diversité et résilience diminuent rapidement en raison de l’activité humaine. Cette situation menace toutes les espèces, incluant les humains, à moins que nous n’agissions maintenant.
Citations
Marco Lambertini, directeur du WWF International :
« Les espèces disparaissent au cours de notre existence à un rythme sans précédent. Ce déclin ne concerne pas seulement les espèces que nous aimons tous; la biodiversité constitue la base des forêts, des océans et des rivières en bonne santé. Enlevez les espèces, et ces écosystèmes vont s’effondrer, emportant avec eux l’air, l’eau, la nourriture et les services climatiques qu’ils nous fournissent. Nous disposons des outils pour régler ce problème et nous devons commencer à les utiliser dès maintenant si nous tenons vraiment à préserver une planète vivante pour notre propre survie et notre prospérité. »
David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada :
« Le rapport Planète vivante 2016 révèle que nous entrons dans un territoire aussi dangereux qu’inconnu. Nous savons qu’ici, au Canada, nos espèces et leurs habitats subissent une pression croissante en raison des changements climatiques et des activités humaines. Nous avons une responsabilité unique en ce qui concerne la protection de la biodiversité mondiale. Ce rapport souligne à quel point il est essentiel que nous prenions la nature en considération dans toutes nos prises de décisions relatives au développement, particulièrement en ce qui a trait à la production d’énergie et de nourriture. Nous ne pouvons plus continuer à séparer l’économie et l’environnement, le coût en serait tout simplement trop important. »
Ken Norris, directeur scientifique de la Société zoologique de Londres :
« Le comportement humain continue d’accélérer le déclin des populations mondiales d’espèces, avec un impact particulier sur les habitats d’eau douce. En revanche, ce sont pour l’instant des déclins, non pas des extinctions. Mais cela devrait toutefois constituer un signal d’alarme afin de canaliser les efforts pour promouvoir la réhabilitation de ces populations. »
À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. Parce que lorsque la nature va, tout va. wwf.ca/fr
Pour plus de renseignements
Laurence Cayer-Desrosiers | Spécialiste communications, évènements et relations avec la communauté, WWF-Canada | 514-703-2409 | [email protected]
Addendum : Biodiversité dans le contexte canadien
Les informations suivantes ont été compilées par le WWF-Canada afin de fournir un contexte canadien au rapport Planète vivante 2016.
TORONTO, 26 octobre 2016 – Contrairement à certains pays qui dépassent déjà leurs limites écologiques, le Canada dispose d’une biocapacité considérable, selon le rapport Planète vivante 2016 du WWF. Avec son vaste littoral, ses réserves d’eau douce abondantes et une quantité significative des forêts qui subsistent dans le monde, le Canada a l’importante responsabilité mondiale de freiner le déclin rapide de la biodiversité.
Mais ici aussi, les espèces et les habitats dont ils dépendent subissent une pression grandissante en raison des changements climatiques et des activités humaines. De plus, les Canadiens vivent – au ratio par habitant – au-delà de ce que les systèmes naturels peuvent supporter et fournir. La population mondiale a déjà besoin de 1,6 planète pour fournir les biens et services consommés en une année. Si tout le monde vivait comme les Canadiens, l’humanité aurait besoin de 4,7 planètes.
Déménager n’est pas une option, et pour plusieurs espèces et habitats, le temps presse. Considérant que les écosystèmes naturels interconnectés de la Terre sont essentiels pour assouvir les besoins humains fondamentaux, dont la régulation climatique, l’air pur, l’eau douce et les sols fertiles, le Canada peut – et devrait – jouer un rôle déterminant pour la préservation de la biodiversité.
Le Canada est le refuge de :
- 20 % des ressources mondiales d’eau douce, des zones glaciaires importantes et environ 25 % des milieux humides restants dans le monde.
- 24 % des forêts boréales mondiales restantes et 15 % des forêts tempérées mondiales restantes; collectivement, les Canadiens sont les gardiens des 10 % de forêts qui subsistent sur la planète.
- Le plus grand littoral au monde (Pacifique, Atlantique et Arctique), représentant 29 % du littoral mondial.
- Environ 70 000 espèces, avec la plus grande diversité au sud, là où la majorité des Canadiens vivent également. En mai 2016, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada répertoriait 739 espèces en danger.
Malgré de vastes territoires et habitats intacts, la diversité biologique est menacée ici aussi. Et ce n’est pas limité à une population particulière, ni à un endroit spécifique. L’impact du comportement humain menace la diversité biologique dans nos lacs et rivières, le long des côtes, à travers l’Arctique, dans les forêts, les zones humides et les centres urbains.
Faits importants :
- La perte d’habitat est la menace la plus importante pour la biodiversité terrestre au Canada, avec les changements climatiques et les décisions liées à l’aménagement du territoire urbain comme principales causes (les zones urbanisées ont doublé au cours du dernier siècle).
- Exemple d’espèce : Le caribou était jadis une des espèces les plus répandues, se retrouvant dans plus de 80 % du pays; aujourd’hui, certains troupeaux ont subi un déclin de plus de 95 %.
- La perte et fragmentation des habitats est l’une des plus grandes menaces pour les espèces d’eau douce au Canada, selon les Rapports sur les bassins versants du WWF-Canada (première évaluation nationale de la santé de nos écosystèmes d’eau douce et des menaces auxquelles ils sont confrontés).
- Exemple d’espèce : Les populations de tortues d’eau douce sont menacées par la perte et fragmentation des habitats, ainsi que par la surexploitation; sept de nos huit espèces sont menacées.
- Les changements climatiques, la surexploitation et la pollution sont les plus grandes menaces pour nos espèces marines.
- Exemple d’espèce : Un nouveau rapport du WWF-Canada démontre que les stocks de poissons-proies (capelan, hareng, maquereau, des espèces dont la morue, les oiseaux de mer et les baleines dépendent) sont en difficulté et ne sont pas gérés adéquatement.
Le Canada, gardien de la biodiversité :
Le Canada se trouve dans une position unique pour protéger l’habitat des espèces déjà présentes sur son territoire, ainsi que celles qui migrent vers le Nord en raison des changements climatiques. Sommes-nous prêts?
- Même si en termes de kilomètres carrés, le Canada a une grande partie de son territoire protégée, c’est nettement moins que les 17 % et 10 % des cibles de protection terrestre et marine formulées à la Convention sur la diversité biologique.
- Seulement 10,6 % des aires terrestres (terre et eau douce) étaient protégées en 2015.
- Seulement 0,9 % de nos océans étaient protégés en 2015.
- La Colombie-Britannique est la province ayant la plus grande proportion de terres protégées, avec près de 17 %.
- Les autres provinces accusent un retard considérable, avec le Nouveau-Brunswick à 4,6 % et l’Île-du-Prince-Édouard à 3,1 %. En Arctique, une région qui se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide qu’ailleurs sur la planète, le pétrole et le gaz sont toujours légalement prioritaires devant les besoins environnementaux et ceux des communautés, résultat de la Loi fédérale sur les hydrocarbures.
- L’évaluation des ressources minérales et énergétiques force le gouvernement à considérer le potentiel minier et énergétique avant qu’une aire marine soit considérée pour la protection.
- Le Canada ne détient pas de normes minimales consistantes pour la protection des océans, signifiant qu’une aire marine protégée peut permettre l’exploration pétrolière et gazière, et une pêche commerciale importante.
David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada :
« Le rapport Planète vivante est plus qu’un signal d’alarme. Nous ne pouvons continuer à penser que nous pouvons séparer l’environnement et l’économie sans conséquences désastreuses pour les espèces, les habitats et l’humanité. Nous dépendons des écosystèmes interconnectés pour réguler notre climat et créer l’air pur et l’eau douce dont nous avons besoin pour survivre et nous épanouir. Nous devons tenir compte de l’impact des disparitions et destructions d’habitats et d’espèces variés à toutes les étapes de nos processus décisionnels. À ce moment, nous pourrons avancer d’une façon qui profite autant à la nature qu’aux communautés. »
Pour plus de renseignements
Laurence Cayer-Desrosiers | Spécialiste communications, évènements et relations avec la communauté, WWF-Canada | 514-703-2409 | [email protected]