L’inaction en matière d’émissions de GES menace de causer la famine et la mort des oursons dans les populations d’ours polaires

Montréal, 26 novembre 2014 – Selon un nouveau rapport publié récemment, le réchauffement climatique menace la banquise et ses écosystèmes en Arctique, ce qui risque d’entraîner un recul marqué des populations d’ours polaires d’ici la fin du siècle.
 
En effet, le plus récent Rapport Planète Vivante du Fonds mondial pour la nature désigne le réchauffement planétaire et la disparition d’habitats comme les deux principaux facteurs de recul des espèces à l’échelle de la planète. Soulignons que ce rapport révèle une chute de 52 pour cent des populations fauniques mondiales entre 1970 et 2012. Le réchauffement climatique constitue la principale menace pour l’ours blanc dont la banquise est l’habitat essentiel et qui voit fondre cette dernière ainsi que sa capacité de se nourrir.
 
Le quart des ours blancs de la planète occupent l’Archipel arctique, en territoire canadien, où les glaces sont actuellement présentes toute l’année. Cependant, selon le rapport intitulé Projected Polar Bear Sea Ice Habitat in the Canadian Arctic Archipelago, fruit d’une collaboration entre le WWF-Canada et l’université de l’Alberta, et publié aujourd’hui dans la revue scientifique PLOS ONE, ces populations d’ours risquent elles aussi de voir disparaître les glaces pendant plusieurs mois – jusqu’à 5 mois par année – au cours des prochaines décennies.
 
Cette étude révèle que d’ici 2070, plus de 80 pour cent de la superficie des glaces dans l’archipel arctique pourrait fondre au mois de juillet, ce qui forcerait les ourses gestantes à regagner la terre ferme plus tôt que d’habitude et surtout, avant d’avoir accumulé les réserves de graisse nécessaires pour rendre leurs oursons à terme et les allaiter. Voilà une perspective qui tranche très nettement par rapport à la situation actuelle, car il reste toujours dans ces régions un minimum de glaces de mer à l’année. Or, si un couvert de glace plus mince est favorable aux populations de phoques, la principale source de nourriture de l’ours blanc, encore faut-il qu’il résiste assez longtemps pour permettre aux ours affamés de chasser le printemps venu.
 
« Voilà un scénario tragique qu’il ne faut pas laisser se réaliser », déclare David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada. « Nous espérons, au vu de l’appui qu’a exprimé le WWF-Canada à l’endroit de la récente déclaration du G20 en faveur d’une action vigoureuse et concrète pour contrer le réchauffement climatique, assister à une volonté bien réelle d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dès maintenant. Nous avons encore la possibilité d’éviter les pires bouleversements découlant du réchauffement climatique, mais pour ce faire nous devons entreprendre dès maintenant le virage vers une économie responsable et durable. À cet égard, le Canada – où vivent les deux tiers des ours blancs de la planète – a une responsabilité bien particulière et doit agir très concrètement et sans tarder. »
 
La rapidité sans précédent du réchauffement climatique impose un stress immense sur les populations d’ours, qui doivent également faire face à la menace du développement industriel en Arctique – trafic maritime, exploration pétrolière et gazière en mer. Ces diverses sources de stress mettront à rude épreuve la capacité d’adaptation des ours. Or les scientifiques estiment qu’il y a une limite à la capacité des ours de s’adapter, et au rythme auquel ils devront le faire, après avoir vécu sur la banquise pendant des centaines de milliers d’années.
 
« Le réchauffement climatique rend les conditions de vie de plus en plus difficiles pour l’ours polaire, mais également pour l’ensemble du réseau trophique marin en Arctique, et il faut donc d’abord et avant tout agir pour juguler les émissions de GES. Nous devons également limiter les autres sources de stress afin de donner aux ours toutes les chances de survie possible », affirme pour sa part Paul Crowley, directeur du programme Arctique au WWF-Canada. « Il faut utiliser les conclusions de ces recherches – de pair avec d’autres études scientifiques et avec le savoir local et traditionnel – pour prendre des décisions éclairées en ce qui touche au développement futur de cette région. »
 
Suivant le scénario de l’étude présentée aujourd’hui, la glace d’été devrait persister plus longtemps dans certaines parties de l’Archipel, où les périodes sans glaces seraient donc plus courtes. Une frange de glace en périphérie du Nord canadien et du Groenland, l’archipel du Haut-Arctique, pourrait être un refuge pour les espèces vivant dans les glaces. Cette région doit faire l’objet de mesures spéciales et d’une gestion adaptée afin d’en maintenir la vitalité comme habitat, à l’instar du passage du nord-ouest – un habitat important pour l’ours blanc et certaines baleines – et qui est également dans la mire de l’industrie. Des projets tels que la Proposition d’aire marine nationale de conservation protégeant le détroit de Lancaster, sont essentiels à une saine gestion d’un développement industriel croissant dans des écosystèmes fragiles, et servent également à assurer un avenir viable aux ours blancs du Canada et aux communautés nordiques.
 
Complément d’information

À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux plus grands défis de conservation pesant sur notre planète et vise à bâtir un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature. wwf.ca/fr

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