Le WWF partage la conclusion de l’AIE : les deux tiers des réserves de combustibles fossiles sous terre ne doivent pas être exploités
Gland, Suisse, 12 novembre 2012 – Les deux tiers des réserves attestées de combustibles fossiles sous terre ne doivent pas être exploités si nous voulons prévenir des changements climatiques dangereux à l’échelle planétaire. C’est la conclusion à laquelle arrive l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport World Energy Outlook 2012 rendu public aujourd’hui.
« La conclusion à laquelle arrive l’AIE est fondée sur des données scientifiques probantes. Les émissions de CO2 attribuables à l’utilisation des combustibles fossiles déstabilisent notre climat. Nous ne pourrons pas utiliser des combustibles comme le charbon et le pétrole indéfiniment sans en payer un prix prenant la forme d’un climat instable, de sécheresses, de vagues de chaleur et de supertempêtes. L’AIE a donc choisi de poser le seul geste responsable qu’elle pouvait poser en formulant cette mise en garde dans son rapport » indique Samantha Smith, responsable du programme international Climat et énergie du WWF.
« Cette évaluation scientifique est franche et l’ensemble des pays, des investisseurs et des acteurs de l’industrie des combustibles fossiles doivent en prendre acte. La conclusion ne se limite pas à stopper les nouveaux projets d’exploration de combustibles fossiles de grande envergure, comme ceux prévus dans l’Arctique. Il est aussi question de retirer de service l’infrastructure énergétique polluante déjà en place. C’est le prix que nous devons accepter de payer pour éviter une catastrophe climatique mondiale. Nous devons rapidement réorienter nos économies d’énergie si nous voulons éviter une telle catastrophe climatique », ajoute-t-elle.
Il y a trois ans, les gouvernements de la planète se sont engagés à limiter le réchauffement de la planète à moins de 2 degrés Celsius (par rapport aux températures préindustrielles) afin de prévenir des répercussions catastrophiques des changements climatiques sur la biodiversité, la sécurité alimentaire et les collectivités pauvres et vulnérables.
Aujourd’hui, bien que le réchauffement de la planète demeure inférieur à 1 degré Celsius, des phénomènes météorologiques inusités comme la supertempête Sandy perturbent déjà les collectivités côtières. Cette année, des sécheresses record ont décimé des récoltes de denrées essentielles et provoqué une crise alimentaire. De plus, encore une fois cette année, on a enregistré un nouveau record quant à la plus faible couverture de glace de mer dans l’océan Arctique et il est très peu probable que cette couverture revienne à son niveau normal.
Mme Smith est catégorique. Les gouvernements, les investisseurs et l’industrie doivent porter attention à la mise en garde lancée par l’AIE. « L’AIE affirme sans équivoque qu’il n’est pas trop tard pour agir contre les changements climatiques, mais elle nous lance clairement le message que nous devons agir sans plus tarder. »
Le WWF réclame de nouveaux investissements mondiaux considérables dans les énergies renouvelables propres et une élimination progressive correspondante des investissements dans des projets d’exploitation de combustibles fossiles. « Nous partageons sans la moindre hésitation la conclusion à laquelle arrive l’AIE. Les nations ayant déjà pris des engagements envers les énergies renouvelables doivent investir considérablement plus dans les énergies renouvelables propres et l’efficacité énergétique, tandis que les pays qui tardent à s’engager doivent le faire immédiatement », déclare Mme Smith. Le WWF souligne que quelques pays industrialisés comme l’Allemagne et le Danemark contribuent déjà à cet objectif. Maintenant, d’autres doivent emboîter le pas et augmenter massivement leurs investissements intérieurs tout en veillant à investir dans les pays à faible revenu pour leur permettre de faire une transition équitable vers les énergies renouvelables.
Dr Stephan Singer, directeur international de la politique énergétique du WWF, affirme que l’AIE a absolument raison de sonner l’alarme en réclamant l’élimination du subventionnement des combustibles fossiles et la réaffectation de ces fonds pour favoriser le développement et l’accessibilité d’énergies renouvelables propres ainsi que la conservation d’énergie.
Le WWF partage la préoccupation fondamentale de l’AIE, à savoir que les récents engagements pris par le G20 – formé des nations les plus puissantes de la planète – de réduire les subventions octroyées à l’industrie des combustibles fossiles ne sont que des vœux pieux. En 2011, le subventionnement des combustibles fossiles a augmenté de 30 % par rapport à 2010 et totalise aujourd’hui plus d’un demi-billion de dollars américains, soit l’équivalent de double du produit intérieur brut de l’Indonésie, prétend Dr Singer.
« Il suffirait de rediriger ces subventions vers des programmes antipauvreté ou des programmes d’accès aux énergies renouvelables pour permettre aux gouvernements de la planète de respecter leur engagement de limiter le réchauffement à moins de 2 degrés tout en alimentant en énergie propre et durable plus de trois milliards de personnes dans le monde qui n’ont aucun accès à une source d’énergie ou qui doivent s’approvisionner en énergie polluante », explique Dr Singer.
Des mesures immédiates et des politiques sont requises avant 2017 pour prévenir un enracinement dangereux de l’infrastructure mondiale des combustibles fossiles, sans quoi la totalité des émissions de CO2 admissibles aura été engagée par l’infrastructure énergétique existante, rendant du coup l’objectif des 2 degrés inatteignable. « Sur ce point, nous partageons l’avis de l’AIE », ajoute-t-il. L’infrastructure des combustibles fossiles comprend les nouvelles centrales alimentées aux combustibles fossiles ainsi que l’exploration continue de ressources fossiles non conventionnelles comme le gaz de schiste, l’huile de schiste, les sables bitumineux et le pétrole en haute mer.
Le WWF partage également la mise en garde lancée par l’AIE sur les dangers d’utiliser l’eau douce dans la production de combustibles fossiles alors que de nombreux pays sur la planète sont déjà confrontés à des sécheresses et une rareté de l’eau. L’AIE fait valoir que la consommation d’eau douce à des fins de production d’énergie risque de doubler au cours des deux prochaines décennies à moins de freiner considérablement l’utilisation des combustibles fossiles – particulièrement l’exploitation du gaz de schiste – et les utilisations non durables de biocarburants.
À propos du WWF
Le WWF propose des solutions aux principaux défis de conservation de notre planète afin que les humains et la nature puissent prospérer en harmonie. wwf.ca/fr
Pour prendre connaissance du rapport Énergie du WWF (en anglais seulement): http://wwf.panda.org/what_we_do/footprint/climate_carbon_energy/energy_solutions/renewable_energy/sustainable_energy_report/