Le WWF-Canada demande une action concertée immédiate pour protéger le caribou des bois

TORONTO, le 17 avril 2018 – Avec un rapport fédéral sur la protection du caribou des bois attendu plus tard ce mois-ci, et des plaintes provinciales croissantes quant aux coûts de mise en œuvre des mesures de conservation requises, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) demande à toutes les parties de cesser leurs tergiversations, de prendre leurs responsabilités et de collaborer pour protéger l’habitat essentiel de cette espèce en péril.
 
La population canadienne du caribou des bois se meurt. Les solutions pour la protéger glissent entre les mailles du système et donc, de l’approche actuellement en vigueur pour le rétablissement des espèces en péril. Les populations de la forêt boréale ont chuté de plus de 30 % au cours des 20 dernières années. Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que 73 % des troupeaux ne sont pas autosuffisants, ce qui signifie qu’ils ont besoin d’interventions de conservation immédiates pour soutenir les individus.
 
Échec des plans de rétablissement
Ce déclin continu du caribou des bois illustre parfaitement l’échec systématique des plans de rétablissement des espèces en péril au Canada et des mesures de protection. Notre rapport Planète vivante Canada le confirme : les populations des espèces désignées par le gouvernement fédéral pour la période 2002-2014 ont connu une diminution moyenne de 28 %. Ce résultat confirme que malgré les protections légales, le déclin se poursuit pour nos espèces les plus fragiles.
 
Les populations boréales du caribou des bois ont été classées comme menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2003. Un processus de consultation approfondi a suivi pour la création d’un programme de rétablissement impliquant les représentants de l’industrie, les gouvernements autochtones, provinciaux et territoriaux. Cette démarche, sans précédent pour une espèce en péril au Canada, a pris près d’une décennie à compléter. Le programme de rétablissement a été publié en 2012, quatre ans après la date limite prévue par la loi.
 
Par la suite, les provinces et les territoires ont été chargés d’élaborer leurs propres plans d’action qui devaient être présentés l’automne dernier, soit cinq ans plus tard. Ces plans doivent être évalués par Environnement et Changement climatique Canada pour déterminer si les mesures prescrites sont suffisantes pour protéger l’habitat essentiel du caribou des bois.
 
Au cours des 15 années qui ont suivi leur inscription sur la liste, le nombre de caribous de la forêt boréale a continué de diminuer. L’exploitation forestière, minière et gazière a forcé la coupe de grandes superficies de forêt intacte et obligé la fragmentation du territoire par la construction de routes, de lignes sismiques et de corridors hydroélectriques. Ces développements ont eu pour effet de limiter les déplacements des populations et d’exposer l’espèce ainsi fragilisée à ses prédateurs tels que le loup.
 
Les défis auxquels le caribou des bois est confronté sont nombreux. Au WWF-Canada, nous connaissons les obstacles, mais aussi les solutions et les opportunités. Les gouvernements et l’industrie ont disposé de plus d’une décennie pour développer leurs plans d’actions. Aujourd’hui, ce que nous entendons de la ministre albertaine de l’Environnement et des Parcs, Shannon Phillips, et du ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, c’est que la protection du caribou des bois n’en vaut ni la peine, ni les coûts. De plus, la ministre ontarienne des Ressources naturelles et de la Foresterie, Nathalie Des Rosiers, a donné des exemptions à l’industrie forestière et ce, malgré la Loi sur les espèces en disparition en vigueur dans la province.
 
Si nous n’arrivons pas collectivement à franchir ces obstacles pour l’une des espèces les plus emblématiques du pays, malgré des années de consultation et de procédures, comment pensons-nous protéger les 620 autres espèces qui sont inscrites sur la liste des espèces en péril?
 
Nous n’avons pas à regarder bien loin pour voir l’impact de l’inaction et des mauvaises décisions des gouvernements et de l’industrie. Pas plus tard que la semaine dernière, on annonçait que le troupeau du caribou des montagnes dans la région de South Selkirk, en Colombie-Britannique, était presque éteint, notamment en raison du manque à adresser le problème et les mesures pour contrer le déclin.
 
Des solutions connues
Les solutions pour sauver le caribou des bois sont connues. Ne reste qu’aux gouvernements provinciaux et fédéral, à l’industrie et aux communautés à travailler ensemble pour les implanter afin de :

  1. Protéger son habitat critique.
  2. Développer des projets réellement durables dans la forêt boréale, afin d’assurer un environnement stable et sain pour les populations et ainsi leur permettre de croitre.
  3. Collaborer efficacement ensemble, communautés et industries, et créer des plans et des solutions locales.
  4. Créer des incitatifs financiers à partir du budget fédéral et encourager les bonnes pratiques durables des industries au profit de la protection de l’habitat du caribou.

Il est maintenant temps d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. Les exemples de succès dans la forêt boréale sont nombreux, nous n’avons qu’à penser au travail et au leadership des communautés autochtones, de la certification Forest Stewardship Council (FSC) et de la mobilisation de nos collègues d’autres organisations comme Nature Ontario et la Société pour la nature et les parcs du Canada. Nous avons tous un rôle à jouer et ce n’est qu’ensemble que nous pourrons sauver cette espèce de la disparition.

À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. wwf.ca/fr
 
Pour plus de renseignements :
Laurence Cayer-Desrosiers, Spécialiste communications et événements | WWF-Canada
[email protected] | 514-394-1106