Le plan de transport de la mine Baffinland nuisible pour la faune et la banquise, selon le WWF-Canada

IQALUIT, 12 décembre 2016 – Le nouveau plan de la société Baffinland Iron Mines Corporation prévoyant l’extension du transport en Arctique jusqu’au 31 décembre, et la perspective de naviguer durant les mois hivernaux « au besoin », ne devrait pas être permis sans un examen complet et des audiences publiques, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada). Présentement, Baffinland n’est autorisée à naviguer que de juin à octobre; l’extension a donc le potentiel de nuire à la faune et aux habitats durant ce qui est considéré comme une période cruciale de formation des glaces.

Si le WWF-Canada ne s’oppose pas au développement minier ou autre développement industriel qui procure une opportunité économique nécessaire aux communautés nordiques, ce développement  doit se faire en prenant en considération la faune, les habitats et les communautés qui en dépendent.  

Le 30 novembre, la société Baffinland Iron Mines Corporation a soumis une lettre à la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions stipulant qu’elle ne poursuivrait plus son plan de navigation pour son projet de mine de la rivière Mary sur l’île de Baffin de juin à mars. La lettre reconnaît l’opposition des communautés aux opérations de déglaçage hivernales et printanières à Milne Inlet et au détroit Éclipse au Nunavut, qui perturberaient les habitats des mammifères marins et couperaient l’accès aux territoires de chasse aux populations locales, lieux essentiels pour assurer leur sécurité alimentaire.   

Dans la même lettre, bien qu’elle reconnaisse les dégâts potentiels à la banquise, Baffinland déclare qu’elle demande tout de même l’approbation d’une extension pour la période autorisée de navigation d’octobre au 31 décembre, « au besoin. » Plus tôt cette année, Baffinland a également proposé la construction d’une ligne de chemin de fer entre le site minier de la rivière Mary et le port à Milne Inlet, risquant ainsi des perturbations terrestres.
 
Les changements proposés par Baffinland posent des menaces, telles que :

  • Une augmentation potentielle, tant dans la taille que dans le nombre, des navires passant à travers Milne Inlet et le détroit Éclipse, créant des perturbations à l’habitat marin pour le narval, le béluga, la baleine boréale et le phoque.
  • La navigation durant la formation des glaces interfère avec les gels naturels, créant des fissures dans la nouvelle couche de glace, ce qui la rend instable.
  • La glace fragmentée au début de la saison peut repousser la migration des baleines vers leurs territoires hivernaux, augmentant le risque qu’elles soient prises sous la glace suite au gel.
  • Une ligne de chemin de fer pourrait avoir des effets négatifs sur la faune terrestre, dont des perturbations liées aux corridors migratoires du troupeau de caribous toundriques de l’île de Baffin, dont la population a chuté de 95 % par rapport aux niveaux historiques. (Le caribou toundrique a récemment été classé « en danger » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.)

Paul Crowley, vice-président, Arctique au WWF-Canada :
« Baffinland a bien fait de consulter la population et d’écouter les préoccupations des communautés, mais il y a plus de travail à faire. L’extension de la navigation et l’augmentation du volume durant la saison des eaux libres, combinées à la proposition d’une ligne de chemin de fer, mettent en évidence la nécessité d’un examen complet par la Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (CNER). Les impacts potentiels méritent des audiences publiques complètes.

D’autres compagnies minières, comme la mine de nickel de Voisey Bay, interrompent la navigation à l’automne durant la formation de la glace jusqu’à ce qu’elle atteigne une épaisseur de 20 centimètres, quelle que soit la date, pour éviter d’affaiblir la couverture de glace.
Avant de considérer la nouvelle proposition de Baffinland, un cadre de contrôle complet doit être mis en place afin que les impacts inévitables puissent être efficacement surveillés et gérés. Sans ce cadre complet, ni la CNER ni le public n’ont le moyen de connaitre les impacts réels d’une nouvelle ligne de chemin de fer et de l’augmentation du trafic maritime. »      

À propos du WWF-Canada
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