Le nouveau Recueil sur la navigation polaire est un bon point de départ, mais demeure insuffisant pour la protection de l’Arctique

OTTAWA – Le Recueil international de règles applicables aux navires exploités dans les eaux polaires, en vigueur depuis le 1er janvier 2017, constitue un premier pas dans la bonne direction, mais présente tout de même d’importantes lacunes réglementaires selon le WWF-Canada.

À propos du Recueil
Mieux connu sous le nom du Recueil sur la navigation polaire, le Recueil international de règles applicables aux navires exploités dans les eaux polaires a été accepté en 2014 par l’Organisation maritime internationale (OMI), une agence des Nations Unies. Il fournira les lignes directrices en matière de navigation dans les eaux arctiques et antarctiques pour les opérateurs de navires. L’objectif du Recueil est de protéger les navires et les passagers naviguant dans les eaux hostiles polaires et de protéger « l’environnement dans les eaux inhospitalières qui entourent les deux pôles », selon l’OMI.

Pourquoi le Recueil est important?
Les changements climatiques affectent l’Arctique à un rythme deux fois plus rapide qu’ailleurs sur la planète, et puisque la glace fond, le trafic maritime ne fera qu’augmenter dans ces eaux écologiquement riches et sensibles.  

Quelles sont les lacunes du Recueil?
Ces protections fondamentales sont absentes des sections du Recueil sur la navigation polaire qui s’appliquent aux eaux arctiques :

  • Une élimination progressive du fioul lourd
    • Interdit en Antarctique, le fioul lourd (FOL) est le combustible le plus polluant parmi les options envisageables en milieu marin et celui qui causera le plus de dommages en cas de déversement.
    • Le FOL contribue aux changements climatiques par le biais des particules de suie et particules noires qui se déposent sur la glace et la neige, qui s’imprègnent et accentuent la chaleur, accélérant la fonte de la banquise.
    • Les températures hostiles, les ressources limitées et l’éloignement des communautés arctiques rendent la réaction et le nettoyage lors d’un déversement extrêmement difficiles. Le risque de détérioration durable à l’écosystème fragile de l’Arctique est très élevé lors d’un éventuel déversement de FOL.
  • Des règlementations strictes sur le rejet des eaux grises  
    • Les eaux grises sont les rejets des éviers, des douches et des galères sur les navires, mais n’incluent pas les évacuations des toilettes.
    • Dans les eaux canadiennes au Sud, les eaux grises sont clairement définies et ont des règlementations spécifiques quant à leur rejet. Cela ne s’applique pas au Nord, ce qui signifie que ces eaux peuvent être librement rejetées dans l’environnement marin arctique.    
    • Le WWF-Canada a vivement encouragé Transport Canada à harmoniser la règlementation sur le rejet des eaux grises au-delà du 60e parallèle avec celle de l’Alaska, qui comporte des exigences rigoureuses sur la surveillance et la protection de l’écosystème arctique.
  • Une augmentation des consultations avec les communautés arctiques
    • L’OMI travaille depuis 2009 sur le Recueil sur la navigation polaire, mais n’a entrepris aucune consultation avec les communautés côtières de l’Arctique, qui seraient les plus affectées lors d’un déversement.
    • Les connaissances traditionnelles des habitats essentiels des mammifères marins arctiques ont été très peu considérées dans l’élaboration du Recueil.
    • Ce n’est qu’en octobre 2016 que des membres des communautés autochtones de l’Arctique ont été invités à s’exprimer au siège social de l’OMI à Londres, Angleterre.

David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada :
« Le Recueil sur la navigation polaire offre une opportunité de protéger l’écosystème arctique des déversements et de l’augmentation de la navigation. Il est décevant que de telles protections n’aient pas été réalisées. Nous exhortons Transport Canada à prêcher par l’exemple et combler les lacunes existantes en matière de règlementation concernant le fioul lourd, le rejets des eaux grises et les consultations avec les communautés côtières, qui seraient les premières à souffrir d’un déversement si le pire se produisait. »     

À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. Parce que lorsque la nature va, tout va. wwf.ca/fr

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Laurence Cayer-Desrosiers | Spécialiste communications, événements et relations avec la communauté, WWF-Canada | 514-394-1106 | [email protected]