Le gouvernement refuse d’émettre un décret d’urgence, exposant les épaulards résidents du Sud à un risque accru d’extinction

OcéanÉpaulards résidents du Sud
Close up of three southern resident Killer whales (Orcinus orca) moving through the waters at Active Pass, British Columbia, Canada
Gros plan de trois épaulards résidents du Sud © Natalie Bowes / WWF-Canada

VANCOUVER, TERRITOIRES NON CÉDÉS DES NATIONS xʷməθkʷəy̓əm (MUSQUEAM), Sḵwx̱w̱ú7mesh (SQUAMISH), ET səlilwətaɬ (TSLEIL-WAUTUTH) — Des groupes de conservation préviennent que la décision du gouvernement fédéral de ne pas émettre un décret d’urgence pour protéger les épaulards résidents du Sud, annoncée le 6 mars en fin de journée, accroit le risque d’extinction de cette population emblématique et gravement menacée.

Cette décision décevante fait suite à la reconnaissance par le gouvernement (en anglais) le 29 novembre 2024, confirmée par les ministres des Pêches et Océans et de l’Environnement et du Changement climatique Canada, que les épaulards résidents du Sud font face à des menaces imminentes pour leur survie et leur rétablissement.

En janvier de cette année, la Fondation David Suzuki, la Georgia Strait Alliance, la Living Oceans Society, le NRDC (Natural Resources Defense Council), la Raincoast Conservation Foundation et le Fonds mondial pour la nature Canada (WWF-Canada), représentés par des avocat.e.s d’Ecojustice, ont déposé une contestation juridique en raison du manquement des ministres à recommander un décret d’urgence au Cabinet en temps opportun.

Les six groupes ont demandé un décret d’urgence (en anglais) pour la première fois le 6 juin 2024.

Aujourd’hui, neuf mois après la première demande et plus de trois mois après la reconnaissance de menace imminente, le Cabinet refuse toujours de prendre la mesure juridique la plus efficace en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) : des mesures immédiates dans le cadre d’un décret d’urgence. Au lieu de cela, le Cabinet propose une consultation continue sur l’amélioration progressive des mesures existantes qui se sont révélées jusqu’à maintenant inadéquates.

La décision du Cabinet reproduit la situation de 2018, où il a également refusé d’émettre un décret d’urgence malgré des menaces imminentes et une recommandation ministérielle, mettant plutôt l’accent sur d’autres mesures. Il est maintenant évident que l’approche adoptée par le gouvernement en 2018 n’a pas suffi à freiner le déclin des épaulards résidents du Sud.

Depuis, la population continue de faire face à des menaces persistantes et croissantes, notamment la disponibilité réduite du saumon quinnat – leur proie de prédilection –, le bruit sous-marin excessif, les collisions mortelles avec des navires et la pollution des eaux. De plus, l’agrandissement du pipeline de Trans Mountain (TMX) est maintenant finalisé, ce qui accroit davantage le trafic des pétroliers et la pollution sonore sous-marine. Et le gouvernement fédéral a approuvé l’agrandissement du Terminal 2 à Roberts Bank (RBT2). Si les permis finaux sont délivrés, il s’en suivra une augmentation accrue du trafic maritime dans l’habitat essentiel des baleines et la destruction de l’habitat du saumon, ce qui entrainera la diminution de la nourriture disponible pour ces mammifères.

Le temps presse : le gouvernement doit prendre des mesures décisives.

Les groupes de conservation continueront de tenir le nouveau premier ministre et le Cabinet responsables de leurs obligations en vertu de la LEP. L’urgence de la situation exige que les les décideur.se.s agissent avec l’audace nécessaire pour sauver les épaulards résidents du Sud de l’extinction.

 

CITATIONS

« Le gouvernement avait en main le bon outil pour faire le travail et a choisi de ne pas l’utiliser », a déclaré Margot Venton, directrice du programme nature pour Ecojustice. « L’outil de décret d’urgence a été conçu précisément pour ce genre de situations où les mesures existantes ne suffisent pas pour freiner le déclin d’une espèce en voie de disparition. Cette décision est une occasion ratée de prendre des mesures audacieuses et nécessaires pour protéger les épaulards résidents du Sud avant qu’il ne soit trop tard. »

« Le refus répété du gouvernement fédéral à émettre un décret d’urgence pour les épaulards résidents du Sud, la population de baleines la plus menacée au Canada, constitue une abdication de sa responsabilité à protéger les espèces en péril. Les nouvelles mesures que propose le gouvernement sont vagues, et ne comportent aucun échéancier. Il s’agit en grande partie de “demi-mesures” qui, d’après les expériences passées, sont insuffisantes. Nous présidons à l’extinction des épaulards résidents du Sud et les prochaines générations nous jugeront en conséquence », a dit Hussein Alidina, spécialiste principal de la conservation marine au WWF-Canada.

« La Loi sur les espèces en péril du Canada a été adoptée pour protéger des espèces comme l’épaulard résident du Sud », a déclaré Jeffery Young, analyste principal, science et politiques, à la Fondation David Suzuki. « Le refus d’utiliser les dispositions sur les décrets d’urgence – alors que le gouvernement reconnait la menace imminente d’extinction – mine cette responsabilité cruciale. »

« Les menaces s’aggravent depuis 2018, et pourtant la réponse du gouvernement demeure la même : insuffisante », a déclaré Karen Wristen, directrice générale de la Living Oceans Society. « Les épaulards résidents du Sud perdent du terrain pendant que nous débattons de demi-mesures. Plus nous attendons, plus il sera difficile pour la population de se rétablir. »

« Alors que les évènements politiques et d’autres situations urgentes occupent l’espace médiatique, les épaulards résidents du Sud luttent avec détresse pour leur survie », a déclaré Michael Jasny, directeur de la protection des mammifères marins au Natural Resources Defense Council. « Le report des solutions pour aider les espèces en voie de disparition a des conséquences permanentes. Tout retard augmente le risque de voir cette population décliner au-delà du point de rétablissement. »

« Le gouvernement fédéral continue d’éviter la prise de mesures robustes, en proposant plutôt d’autres consultations, laissant les épaulards souffrir inutilement », a affirmé Beatrice Frank, directrice générale de la Georgia Strait Alliance. « C’est un coup porté aux épaulards, ainsi qu’à l’écosystème et aux communautés de la mer des Salish, mais ce n’est pas la fin, c’est un détour. »

Paul Paquet, scientifique principal à la Raincoast Conservation Foundation, pose la question : « Pourquoi le gouvernement fédéral annonce-t-il un plan visant à établir des objectifs “provisoires” de réduction du bruit sous-marin qui peuvent être utilisés pour mesurer les progrès, alors qu’il est censé travailler sur ce dossier depuis des années? Lorsque le gouvernement rejette des mesures importantes à des moments critiques du calendrier de rétablissement, comme il le fait actuellement, il réduit les possibilités de rétablissement de cette population d’épaulards en voie de disparition. Les scientifiques reconnaissent que la “menace imminente d’extinction” nécessite une action urgente et substantielle. Or, les décideur.se.s continuent de favoriser des mesures progressives qui ne répondent pas adéquatement à la gravité de la crise. »

 

POUR LES DEMANDES MÉDIAS :

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604-685-5618, 1-800-926-7744 poste 249, [email protected]

Brandon Wei, spécialiste des communications | Fondation David Suzuki
778 772-6138, [email protected]

Allison Murray, associée aux communications | Georgia Strait Alliance
604-442-1846, [email protected]

Emily Vandermeer, spécialiste séniore des communications | WWF-Canada
[email protected]

Michael Jasny, directeur de la protection des mammifères marins | NRDC (Natural Resources Defense Council) 310-560-5536, [email protected]

Misty MacDuffee, directrice du Programme du saumon sauvage | Raincoast Conservation Foundation
1-250-818-2136  [email protected]

Karen Wristen, directrice générale, Living Oceans Society 604-696-5044 [email protected]

 

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