Des lacunes existent en conservation de l’ours polaire au Canada

L’identification des habitats et la réponse en cas de déversements sont les priorités
 
IQALUIT, 29 janvier 2018 – Le tout premier Rapport d’évaluation sur l’ours polaire du WWF (en anglais) révèle que si le Canada a démontré un leadership en investissant dans la surveillance des sous-populations, il n’a toutefois pas atteint ses objectifs d’identification des habitats essentiels ni de mise en œuvre des meilleures pratiques pour les opérateurs touristiques et de réponse en cas de déversements, au cours des deux dernières années –  qui amorçaient les dix que compte le Plan d’action circumpolaire pour la conservation des ours polaires (PAC), qui inclut les cinq nations de l’aire de répartition.
 
Les ours polaires, qui dépendent de la banquise pour survivre, ont été réévalués comme espèce vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en 2015. À ce moment, les scientifiques ont prédit que le tiers des ours polaires de la planète disparaitraient d’ici 2050 si aucune mesure n’était prise pour contrer les changements climatiques. Cette même année, les cinq nations de l’aire de répartition de l’ours polaire – le Canada, la Norvège, le Danemark/Groenland, la Russie et les États-Unis – ont renouvelé leur engagement à collaborer sur un plan de 10 ans visant à gérer tous les aspects de la conservation de l’ours polaire, incluant la protection de son habitat essentiel et la sensibilisation à l’urgence des changements climatiques. Le Rapport d’évaluation sur l’ours polaire du WWF évalue les succès des pays en prenant en considération le respect de leurs engagements respectifs pendant les deux premières années du PAC.   
 
Le Canada assume une responsabilité considérable concernant la survie à long terme de l’ours polaire, puisqu’il abrite les deux tiers des ours polaires de la planète (environ 22 000 à 30 000 individus).    
   
OÙ LE CANADA DÉMONTRE DU LEADERSHIP

  • Sur les évaluations de populations : le Canada a entrepris ou complété six relevés de sous-populations d’ours polaires.
  • Sur le commerce : le Canada montre la voie aux autres pays de l’aire de répartition en développant des outils afin de s’assurer que le commerce légal des parties d’ours polaires soit réglementé et ne constitue pas une menace pour l’espèce.
  • Sur l’intégration des connaissances écologiques traditionnelles (CET) : le Canada détient un système de cogestion solide qui reconnait l’importance du savoir autochtone en conservation et gestion des espèces. 

 
OÙ LE CANADA PEUT EN FAIRE PLUS

  • Sur l’habitat : le Canada doit identifier et protéger les habitats essentiels.
  • Sur le tourisme : le Canada a besoin de mobiliser les communautés et les agences de voyage pour qu’elles développent de meilleures pratiques pour les opérateurs touristiques.  
  • Sur la réponse en cas de déversements : le Canada doit s’assurer de disposer d’une capacité adéquate d’intervention en cas de déversements d’hydrocarbures et de développer une stratégie proactive pour la prévention dans les habitats essentiels.   
  • Sur le financement de la recherche : bien que le gouvernement fédéral octroie 1,5 million de dollars annuellement pour les recensements d’ours polaires, considérant l’immense besoin dans ce domaine et les déclins annoncés, ce financement est insuffisant. 

 
Megan Leslie, présidente et chef de la direction, WWF-Canada :
« En tant que pays, nous avons passé les dernières années à faire le travail préparatoire nécessaire, mais il est maintenant temps d’aller plus loin et de s’attaquer aux problèmes plus complexes et coûteux.
« Le Canada devrait mener des actions à la fois sur le terrain et à l’international. Nous avons depuis trop longtemps un manque de ressources pour la protection des habitats et des espèces, et l’ours polaire en paie aussi le prix. Malgré sa désignation, depuis 2011, comme espèce préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada, l’ours polaire n’est toujours pas doté d’un plan de gestion. Pour assurer la longévité de l’espèce, les délais ne sont plus acceptables. Plus nous attendons, plus il sera difficile de prévenir de futurs déclins.
« Enfin, ne pas agir pour contrer les changements climatiques reviendrait à tourner le dos aux ours polaires. Toutes les communautés et tous les pays ont un rôle à jouer pour la protection de cette espèce. » 
      
Paul Crowley, vice-président, Arctique, WWF-Canada :
« Il est vrai que le gouvernement canadien a fait de remarquables progrès concernant la science et la politique de l’ours polaire. Par contre, il y a une limite à ce que l’on peut faire avec un budget à ce point limité. Une surveillance fréquente et précise des sous-populations d’ours polaires sera de plus en plus nécessaire à travers le Canada, alors que la banquise continuera de fondre, afin de s’assurer que les conseils de cogestion soient habilités à prendre des décisions éclairées. Présentement, les chercheur.se.s en Arctique ne peuvent suivre la cadence.
« Un autre effet secondaire à la fonte de la banquise est la croissance du tourisme et du trafic maritime en Arctique, ce qui entraine une augmentation des risques de déversements d’hydrocarbures provenant des navires. Les communautés arctiques ne sont pas préparées à affronter de tels déversements et lorsque ça arrive, les contaminants ont des effets à long terme sur les habitats des espèces comme les ours polaires, les baleines et les poissons. » 
 
À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. wwf.ca/fr
 
Pour plus de renseignements :

Laurence Cayer-Desrosiers, Spécialiste communications et événements | WWF-Canada
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