Des déclins d’espèces considérables révélés dans le Rapport Planète vivante du WWF-Canada
Le Rapport Planète vivante du WWF-Canada révèle que nos populations de mammifères, d’oiseaux, de poissons, d’amphibiens et de reptiles sont en déclin
TORONTO, 14 septembre 2017 – Une nouvelle étude du WWF-Canada révèle que la biodiversité au pays éprouve de graves difficultés, et que les espèces en situation de déclin ont subi des pertes considérables.
Le Rapport Planète vivante publié aujourd’hui constitue la synthèse la plus complète sur les tendances concernant les populations d’espèces canadiennes. Il révèle qu’en moyenne, entre 1970 et 2014, la moitié des espèces de vertébrés contrôlées dans l’étude sont en situation de déclin. Parmi celles-ci, l’indice Planète vivante révèle une baisse moyenne de 83 %.
La situation de nos espèces en péril protégées au niveau fédéral est tout autant préoccupante : le rapport indique que depuis l’adoption de la Loi sur les espèces en péril en 2002, les populations des espèces inscrites sur la LEP ont diminué de 28 % en moyenne. Malgré les actions de protection, le taux de déclin de ces espèces en péril a augmenté à 2,7 %, comparativement à 1,7 % pour la période entre 1970 et 2002.
Qu’est-ce que l’indice Planète vivante?
De la même manière qu’un indice boursier mesure la performance économique, l’indice Planète vivante (IPV) mesure la performance écologique d’un pays en utilisant les tendances des populations d’espèces au fil du temps. Il est créé en effectuant la synthèse de la taille des populations pour un grand nombre de populations d’espèces de vertébrés afin de faire état des changements moyens au fil du temps.
Ce que comprend l’indice Planète vivante du Canada
- Plus de 400 sources de données.
- 3 689 populations contrôlées entre 1970 et 2014.
- 903 espèces de vertébrés contrôlées (106 mammifères, 386 oiseaux, 365 poissons et 46 amphibiens et reptiles).
- Les espèces invertébrées ne sont pas incluses, puisque seulement une petite fraction de ce grand groupe détient des données de surveillance à long terme.
Principaux constats
- Mammifères : les populations ont subi une baisse de 43 % en moyenne, entre 1970 et 2014.
- Amphibiens et reptiles : les populations ont décliné de 34 % en moyenne, depuis 1970 et 2014.
- Poissons : les populations ont souffert d’une baisse de 30 % en moyenne, depuis 1970 et 2014.
- Oiseaux : certains groupes démontrent des signes de rétablissement et d’autres se portent bien. Les populations contrôlées d’oiseaux de prairie ont diminué de 69 %, les insectivores aériens ont chuté de 51 %, et les oiseaux de rivage ont subi un déclin de 43 % entre 1970 et 2014, en moyenne.
Résultats selon les régions canadiennes
- Atlantique : les populations de poissons de l’Atlantique ont chuté de 38 %.
- Centre :
- Les populations de reptiles et d’amphibiens ont décliné de 16 %.
- Seulement dans le lac Ontario, entre 1992 et 2014, les populations de poissons ont décliné en moyenne de 32 %.
- Prairies : Les populations d’oiseaux de prairie ont chuté de 55 %.
- Pacifique : Les populations d’eau douce (oiseaux, mammifères, poissons, amphibiens et reptiles qui vivent dans ou dépendent des écosystèmes d’eau douce) ont subi un déclin de 14 %.
- Arctique : Le peu de disponibilité pour les données sur l’abondance de population entre 1970 et 1975 signifie que les résultats sont non concluants.
Qu’est-ce qui explique ce déclin?
La perte et fragmentation des habitats, les changements climatiques, la pollution, la surpêche et les espèces envahissantes constituent les principaux facteurs contribuant au déclin des espèces. Les impacts de ces pressions sont cumulatifs (concomitants et additifs) et ont un effet d’entraînement (des changements pour une espèce déclenchent des changements pour d’autres).
Recommandations
- Adopter une approche citoyenne en conservation : En participant à la surveillance des espèces et à la protection et restauration des habitats, les actions individuelles et collectives aideront à inverser la tendance à la baisse des espèces au Canada. Les individus peuvent aussi adopter un mode de vie à faible consommation de carbone et appuyer les changements nécessaires dans les communautés, l’industrie et les gouvernements.
- Cueillir et partager les données sur les écosystèmes : Sans une information juste, des décisions judicieuses pour protéger la nature ne peuvent être prises et nous ne pouvons apprendre des résultats de nos efforts.
- Mieux comprendre les changements climatiques : Les nouvelles connaissances nous permettront de bâtir de nouvelles stratégies fondées sur les preuves afin de minimiser les impacts des changements climatiques et pour améliorer la résilience des écosystèmes.
- Agir selon une approche écosystémique et réformer la Loi sur les espèces en péril : La conservation d’une seule espèce mobilise trop de ressources pour être adaptée à des centaines d’espèces en péril. Il est essentiel d’adopter une approche écosystémique qui prend en considération les multiples espèces (autant les prédateurs que les proies) et leurs habitats.
Le sommet
En début d’année 2018, le WWF-Canada organisera un Sommet national pour renverser le déclin des espèces afin de rassembler les groupes communautaires, les universités et chercheurs, les gouvernements, les peuples autochtones, les leaders des industries, les organisations financières, la communauté artistique, des représentants de la communauté internationale et bien d’autres afin de freiner la perte de biodiversité au pays.
David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada :
« En examinant de plus près la situation actuelle, nous constatons que la perte de biodiversité n’affecte pas seulement la savane africaine ou la grande barrière de corail en Australie, mais aussi, et fortement notre nature canadienne. C’est un problème que nous pouvons résoudre collectivement. Mettre fin au déclin de notre biodiversité demande un engagement de la part des individus, de l’industrie, des communautés et de tous les paliers gouvernementaux. En tant qu’individus, nous avons le pouvoir de changer les choses, en devenant des citoyens scientifiques, en restaurant les habitats, en adoptant un mode de vie à faibles émissions de carbone et en appuyant les décisions que les gouvernements, l’industrie et les communautés ont besoin de prendre. Par nos actions, nous pouvons tous ensemble mettre fin à la perte de biodiversité. »
James Snider, vice-président Science, recherche et innovation du WWF-Canada :
« Les activités humaines transforment le monde naturel, provoquant des déclins considérables pour la diversité biologique. La lutte pour la conservation de la biodiversité, face aux pressions du développement et des changements climatiques, exige des données complètes. Nous ne pouvons mesurer l’impact des pressions et le succès de nos efforts de protection si nous ne connaissons pas l’état actuel des populations d’espèces. Un système de surveillance conçu spécifiquement est nécessaire, ainsi que les moyens pour donner suite aux résultats de façon efficace. Sa structure peut être créée collectivement par les communautés les institutions de recherche, les groupes environnementaux et les gouvernements, pour se faire alimenter par la suite des données provenant de la science citoyenne, des groupes communautaires et des chercheurs de partout au pays. Nous devons aussi nous tourner vers les nouvelles technologies comme l’ADN environnemental, qui facilite grandement la participation des citoyens dans le processus de collecte de données.
Il est d’autant plus important d’agir considérant l’augmentation et l’accélération des changements climatiques. Sachant que les deux écosystèmes au pays qui sont les moins bien étudiés – eau douce et Arctique – sont également les deux régions où les changements climatiques devraient avoir un impact dramatique, les besoins sont encore plus urgents. »
Le Rapport Planète vivante Canada est généreusement soutenu par la Fondation Patrick et Barbara Keenan
À propos du WWF-Canada
Le WWF propose des solutions aux grands défis de conservation qui nous tiennent tous à cœur. Nous menons des projets dans des lieux uniques et de grande valeur environnementale afin que la nature, les espèces et les communautés puissent cohabiter en toute harmonie. wwf.ca/fr
Pour plus de renseignements
Sophie Paradis, Directrice pour le Québec, WWF-Canada, 514-434-3466
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