Le grizzly, le caribou de la toundra et le bison des bois vivent dans la taïga ainsi que dans la toundra arctique. Ces habitats, en grande partie non protégés, comportent des milieux montagneux et des vallées. Ils comprennent le Grand lac des Esclaves, lac le plus profond en Amérique du Nord, de même que d’importants cours d’eau comme le fleuve Mackenzie et la rivière Liard. Les territoires comptent la plus grande proportion d’habitats physiques non protégés au pays, et ils font face à des perturbations croissantes en raison des changements climatiques et de l’exploitation des ressources naturelles. Le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest présentent des taux élevés de carbone dans le sol, une biomasse forestière substantielle ainsi que d’importants refuges climatiques. Ils abritent également un grand nombre d’espèces en péril.
La région intérieure méridionale de la Colombie-Britannique abrite des espèces uniques, comme la chauve-souris blonde et la couleuvre nocturne du désert qui ont besoin du climat particulier de la région pour survivre : un climat chaud et sec en été, et doux en hiver. La combinaison de prairies, de forêts, de milieux quasi désertiques et d’écosystèmes riverains riches fournit des habitats très diversifiés à bon nombre d’espèces en péril de la province. Malheureusement, ces habitats n’obtiennent pas une très bonne note dans notre évaluation de la représentation écologique. La croissance de la population humaine ainsi que des infrastructures routières et résidentielles s’ajoutant au développement agricole ont accentué les pressions exercées sur la région, entraînant le déplacement de nombreuses espèces fragilisées. De plus, la région de l’Okanagan est une région critique pour plusieurs espèces. Elle compte des milieux qui offrent une biomasse importante et qui constituent des refuges climatiques.
Les prairies herbeuses sont considérées comme l’un des écosystèmes les plus menacés au monde. La plupart d’entre elles sont protégées de façon inadéquate ou ne le sont pas du tout. Elles abritent le plus grand nombre d’espèces en péril au Canada, dont le renard véloce et le pipit de Sprague du Canada. Au cours du siècle dernier, environ 80 % des prairies herbeuses de la région ont été converties en vue d’un usage agricole intensif. Bien que la protection des prairies herbeuses soit essentielle pour ralentir le déclin de nos espèces les plus menacées, d’autres écosystèmes des provinces des Prairies contiennent de fortes densités de biomasse forestière et de carbone dans le sol. Ils doivent aussi être pris en considération dans l’adoption de solutions axées sur la nature pour faire face aux changements climatiques tout en favorisant la biodiversité.
Les territoires du sud du Québec et de l’Ontario sont très développés, en raison de l’agriculture et de l’urbanisation. La quasi-totalité de leur superficie est très peu protégée ou ne l’est pas du tout. De plus, la région abrite une forte concentration d’espèces en péril, comme la tortue serpentine et la salamandre de Jefferson. L’accroissement de la privatisation des terres fait en sorte qu’il est de plus en plus difficile de créer des aires protégées qui soient à la fois vastes, intactes et reliées. C’est pourquoi d’autres options de conservation, comme la restauration des habitats, peuvent être envisagées pour fournir aux espèces la protection dont elles ont besoin. En plus d’être critique pour les espèces en péril, cette région compte certains refuges climatiques, élément essentiel aux espèces qui se trouvent déjà à la limite nord de leur aire de répartition. Le sud du Québec compte, en particulier, des densités élevées de carbone dans le sol, ainsi que des niveaux importants de biomasse forestière.
Le Nouveau-Brunswick se classe à l’avant-dernier rang en matière de représentation écologique au Canada, alors que seulement 1 % des habitats physiques y sont adéquatement protégés. Le fleuve Saint-Jean (ou Wolastoq) parcourt la province, coulant au cœur d’un réseau complexe de baies, d’affluents, de lacs et de milieux humides qui offrent un habitat essentiel à de nombreuses espèces en péril, dont la tortue des bois et l’esturgeon à museau court. En plus d’abriter des espèces en péril, certaines aires de la région contiennent d’importants réservoirs de carbone dans le sol et dans la biomasse forestière, et peuvent constituer des refuges climatiques. Cette situation, combinée aux pressions accrues de l’activité humaine sur l’environnement, fait de cette région une priorité en matière de protection.