Le portrait le plus précis et le plus sombre de la perte d’espèces à ce jour : l’essentiel à propos du Rapport Planète vivante Canada 2025

Comment se portent les espèces au Canada? Afin de répondre à cette question cruciale, le WWF-Canada publie périodiquement le Rapport Planète vivante Canada (RPVC), une série d’études scientifiques offrant différents aperçus de la façon dont les populations d’espèces changent au fil du temps.

L’édition de cette année présente le portrait le plus précis – et le plus sombre – de la perte d’espèces au Canada jusqu’à présent.

Harfang des neiges, Churchill © WWF-US / Elisabeth-Kruger
Harfang des neiges, Churchill © WWF-US / Elisabeth-Kruger

S’appuyant sur l’ensemble de données le plus complet à ce jour, 5 099 relevés de populations de 910 espèces, ce qui représente plus de la moitié du nombre total de vertébrés au pays, le RPVC 2025 révèle que la taille des populations d’espèces suivies au Canada a chuté de 10 % en moyenne de 1970 à 2022.

C’est le déclin le plus sévère depuis le premier rapport du WWF-Canada il y a près de deux décennies.

Et cela ne s’améliore pas au cours de la lecture : 475 de ces 910 espèces, soit 52 %, chutent en abondance et chaque groupe d’espèces (oiseaux, poissons, mammifères, et reptiles et amphibiens) a connu des tendances populationnelles à la baisse, en moyenne.

Pour en savoir plus, lisez : «Portrait de l’évolution des populations d’espèces dans les habitats du Canada»

Chien-de-prairie à queue noire
Chien-de-prairie à queue noire © Conservation Media WWF-US

Les populations d’espèces dans les prairies, un des habitats les plus menacés au pays, ont décliné de 62 % en moyenne depuis 1970 alors que les populations de mammifères dans les forêts ont baissé de 42 %.

Les espèces dont la conservation suscite des préoccupations à l’échelle mondiale, et qui figurent sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN, ont vu leurs populations décliner de 43 % en moyenne, ce qui indique que la perte d’espèces au niveau national pourrait contribuer au risque de disparition mondiale.

Pendant que certaines espèces (loutres de mer, oiseaux rapaces) augmentent, d’autres (chauvesouris, saumon) s’en tirent beaucoup moins bien, donc les pertes généralisées à travers les groupes d’espèces et les habitats l’emportent sur tous les gains.

Nous sommes les témoins en temps réel du déclin des espèces au Canada

Au Canada, l’histoire des espèces en est une de déclin. Depuis 1970, les populations d’espèces suivent une trajectoire descendante persistante, une statistique rendue encore plus sombre par le fait que cette date de début n’était pas vraiment un point culminant pour la biodiversité au Canada, certaines espèces ayant atteint des niveaux historiquement bas avant la date de référence de l’étude.

Cette tendance inclut des espèces en déclin depuis des décennies, comme la chevêche des terriers, mais elle continue également d’ajouter de nouvelles espèces connaissant des déclins plus récents, comme le harfang des neiges qui vient d’être évalué comme menacé en mai dernier.

Petite chauvesouris brune à Salmonier, Terre-Neuve, volant dans la noirceur
Petite chauvesouris brune à Salmonier, Terre-Neuve. © Sherri and Brock Fenton WWF-Canada

Ces déclins mineurs et progressifs des espèces ne se limitent pas à s’accentuer au fil du temps, car à mesure que les populations diminuent, elles deviennent également plus vulnérables aux menaces. Ainsi, plus nous tardons à réagir, plus ces déclins seront difficiles à freiner et à renverser.

Le signal d’alarme de la nature

Les tendances du Rapport Planète vivante Canada 2025 sont le signal d’alarme de la nature, une façon de nous faire savoir que les espèces diversifiées du Canada – et le large éventail d’habitats dont elles dépendent – sont en difficulté. Toutefois, le but d’un signal d’alarme est de donner un avertissement avant qu’il ne soit trop tard, pendant que nous avons encore une chance de renverser la situation.

Et nous savons que c’est possible. Le RPVC inclut également des espèces, telles que la sauvagine et les faucons pèlerins, dont le nombre augmente grâce à des mesures de conservation ciblées, ce qui laisse espérer qu’avec un effort concerté, nous pouvons encore freiner et renverser la perte d’espèces à travers le pays.

Je vous invite à explorer les constats du RPVC 2025 et les solutions pour le rétablissement. Oui, la nature au Canada est en déclin, mais elle peut encore être sauvée.