Students on Ice : Jour 2 – Eaux troubles

L’Islande est à cheval sur les plaques tectoniques de l’Amérique du Nord et de l’Eurasie, et donc sur une zone de mouvement et d’écartement perpétuels. Cela donne lieu à des séismes quotidiens, dont la magnitude est si faible pour qu’on ne les ressent habituellement pas, mais c’est à ces tensions souterraines que le pays doit sa configuration… j’oserais même y voir une métaphore très pertinente sur notre réflexion entourant les grands enjeux internationaux.
Dans le Cercle d’or, nous faisons un premier arrêt dans la plaine du parlement, où fut fondé en 930 le parlement islandais, le plus vieux du monde, et lieu du plus ancien parc national du pays. Tout en parcourant les plaques tectoniques – avec l’impression de marcher sur deux continents alternativement – j’ai discuté avec Eric Mattson, l’un de nos géologues, qui m’a expliqué qu’il y a sous l’eau des montagnes bien plus grandes que le mont Everest, et m’a parlé davantage des mouvements de la Terre sous nos pieds.

La plaine du parlement (c) WWF/Sara Falconer
Nous avons également observé une minute de silence à la mémoire des étudiants norvégiens assassinés – des jeunes qui, comme nous, voulaient agir pour changer les choses. Dans ce lieu symbolique de la démocratie, l’émotion était encore plus palpable.
Au fil de notre promenade, nous avons constaté le formidable effet des conditions géologiques sur l’eau. L’on voyait bouillonner, siffler et jaillir du sol des jets de vapeur dont certains atteignent des températures de 200 degrés, chauffés qu’ils sont par le magma souterrain. À Gullfoss (qui signifie chutes dorées), l’eau tombait en puissantes cascades. Au lieu du Geysir – le premier geyser du nom – nous avons vu l’eau jaillir dans les airs avec une force spectaculaire à toutes les cinq minutes. Cette puissance fournit  de la chaleur et de l’électricité à travers le pays, et on lui doit également l’immense nuage de cendres qui avait forcé l’interruption du trafic aérien en Europe l’an dernier.

Nous sommes rentrés à Reykjavik et, toujours vêtus de nos habits de randonneurs, nous avons été accueillis par le président de la République d’Islande, Ólafur Ragnar Grímsson, qui nous a reçus chez lui. Cette figure de proue du monde nordique a offert aux étudiants des boissons dans des verres à vin, et après une discussion sur les menaces auxquelles fait face l’Arctique et l’importance que la voix des gens du Nord soit entendue, il les a invités à explorer la maison.

Nous rencontrons ici des gens vraiment formidables et ce pays me touche. Notre guide, Ari Trausti Gudmundsson est à la fois savant géologue, astronome, alpiniste, volcanologue… et poète. Ce soir, notre collègue l’écrivain James Raffin nous a présenté un poème d’Ari, et nous a mis au défi de réfléchir à notre expérience ici sous un angle nouveau et personnel. Voici le poème d’Ari qui me revient en cette fin de journée chargée d’expériences et d’émotions.

Ari Trausti Gudmundsson (c) WWF/Sara Falconer
Court poème du voyageur sur l’amour
Ari Trausti Gudmundsson
Comme il est doux
de sentir
deux cœurs
battre à chaque pas
l’un qui accompagne nos pas
et l’autre qui de notre foyer nous appelle